Il est de ces personnes qui dégagent une authentique empathie envers l’autre. Natacha Sullivan en est une ! Cette pétillante jeune femme au franc sourire, installée à Bristol depuis dix ans, s’est construit avec détermination un parcours original autour d’une mission : apporter soutien et réconfort aux plus vulnérables par le biais de la beauté, au-delà des clichés. Partons à la découverte du cheminement engagé et du métier peu courant de Natacha Sullivan, seule socio-esthéticienne du Royaume-Uni !


De la révélation beauté chez Sephora…
« Je suis d’origine parisienne, née il y a 43 ans de mère espagnole et de père russe, mariée à un Anglais, maitresse de deux chats singapouriens, et je suis socio-esthéticienne à Bristol. » Voilà pour la fiche d’identité internationale de Natacha Sullivan ! C’est grâce à un job d’été que Natacha découvre l’univers de la beauté chez Sephora, à la sortie de son BTS force de vente. Le stage se transforme en contrat de travail et pendant 4 ans, elle acquiert de solides bases dans ce secteur de la cosmétique qui la passionne, même si elle réalise la dureté du métier de la vente.
…au déclic humain de la socio-esthétique
Alors qu’elle vit à Bruxelles, Natacha travaille pour la Commission Européenne et découvre par hasard le métier de socio-esthéticienne, et là c’est le déclic ! A son retour en France, elle travaille comme maquilleuse professionnelle sur les plateaux TV de Canal+ et démarre en parallèle une formation d’esthéticienne en milieu socio-médical. Pendant un an, elle alterne entre son job, les cours à l’université et les stages en service de cancérologie et en Ehpad. « Côtoyer en simultané les plateaux TV et l’hôpital ou l’Ehpad ne fut pas simple, mais tellement riche professionnellement et humainement ! » confie-t-elle.
La socio-esthétique, bien plus que des soins de beauté
Cette discipline esthétique met en avant des soins d’hygiène et de bien-être afin de procurer une meilleure image corporelle et estime de soi. Elle touche des aspects sociaux, culturels et psychologiques, et cherche à valoriser les individus en leur donnant une conscience positive de leur apparence, point de départ de toute renaissance et réintégration dans la société. C’est une approche non-médicalisée « de support », pour laquelle il n’existe pas de formation au Royaume-Uni.

Naissance de The Beauty of Caring CIC à Bristol
En 2014, Natacha s’envole pour Singapour avec son mari envoyé en mission : « J’ai adoré cette parenthèse trop courte d’un an, qui m’a permis de m’investir notamment dans des associations aux côtés de malades du cancer et d’adolescents en difficulté. » A leur retour en 2015, ils s’installent à Bristol, et Natacha entame un nouveau chapitre de sa vie. La profession de socio-esthéticienne n’existant pas au Royaume-Uni, elle doit prendre des chemins détournés pour ouvrir la voie. Elle se certifie puis exerce le métier d’assistante de professeurs des écoles durant 5 ans à l’École Française de Bristol, et se forme en parallèle en psychothérapie. Forte de ce bagage académique très complet, Natacha créée en 2022 sa société : The Beauty of Caring CIC.
(CIC : Communauty Interest Company)

L’effet BBC
A la sortie du Covid, Natacha Sullivan s’associe avec Eddie, coiffeur de rue (Instagram @eddiestreetcuts), et l’accompagne à Bristol une fois par mois, proposant soins d’hygiène et massages des mains, aux sans-abris dont Eddie coupe les cheveux. C’est alors que la BBC remarque ces initiatives : un reportage radio et une vidéo feront découvrir à de nombreux Anglais ce métier de socio-esthéticienne. Peu après, Natacha décroche un financement de la Fondation L’Oréal !
Au-delà des soins beauté, il s’agit de reconnexion, de restauration de la dignité et de l’estime de soi !
Le plus important ? Être à l’écoute
Au quotidien, Natacha prodigue en rendez-vous individuels de la manucure d’hygiène, des soins visage, et des massages thérapeutiques du haut du corps. « Le besoin le plus criant est l’écoute, pour laquelle les soins ne sont parfois qu’un prétexte ! Je recueille beaucoup de confidences et souffrances… » Lors d’ateliers en groupe que Natacha organise, les femmes fabriquent un soin (gommage, baume à lèvres…) et apprennent à maintenir une bonne hygiène. Natacha veille à respecter les diversités culturelles et en retour, ces femmes partagent les traditions et ingrédients beauté de leurs pays. Elle en profite aussi pour glisser quelques conseils de base, comme boire de l’eau à la place des sodas… « Au-delà des soins beauté, il s’agit de reconnexion, de restauration de la dignité et de l’estime de soi ! »

Le financement, nerf de la guerre
Le principe de fonctionnement est simple : un financement = un projet pour une association. Encore faut-il trouver le sponsor ! Ce financement, seule source de revenus de Natacha, comprend pour chaque séance conception, préparation, organisation logistique, achat de matériel, animation, debrief, et assure la gratuité pour l’association et les participants.
Natacha recherche d’ailleurs ardemment de nouveaux financements pour poursuivre ses missions à partir de septembre, notamment celle auprès de The Nelson Trust, pour laquelle il lui manque 10.000£ (sur 12.700£ !), pour y assurer un jour par semaine de présence. A bon entendeur…
« Je voudrais éveiller la conscience des professionnels de cette industrie sur le pouvoir psychologique de la beauté ! » clame-t-elle, militante.
Être présentable et à l’aise avec son apparence est un premier pas pour s’intégrer dans la société.
Des besoins immenses
Natacha nous cite fièrement quelques associations au sein desquelles elle s’investit en séances individuelles ou ateliers thématiques :
Spring of Hope : association proposant un refuge aux femmes de tous âges et confessions.
Refugee Women of Bristol : pour les femmes demandeuses d’asile en provenance de pays comme le Pakistan, l’Afghanistan, la Chine, la Tunisie. Natacha y explique qu’« être propre, présentable et à l’aise avec son apparence est un premier pas pour s’intégrer dans la société. »
The Redcliff Community Hub : pour les femmes défavorisées de la communauté locale.
The Big Issue (Cardiff) : célèbre association soutenant les sans-abris et personnes en difficulté, qui achètent les magazines éponymes pour les revendre, entamant ainsi un retour sur le marché de l’emploi.

Mon rêve est de créer un mouvement autour de la beauté inclusive !
Enseigner et transmettre, le rêve ultime !
Forte de toutes ses expériences et de sessions de sensibilisation à son métier pour la Fondation L’Oréal, Natacha souhaite proposer aux écoles d’esthétique des formations pour transmettre son savoir-faire : « Il y a mille et une façons de travailler dans la beauté. Mon rêve est de créer un mouvement autour de la beauté inclusive, qui apporte du bien-être aux plus démunis ! » Son projet ultime ? Mettre au point une certification pour les pays hors Europe, mais pour ce faire, elle doit être financièrement soutenue par une fondation !

Pour conclure, Natacha confie : « Ces moments, je les ai voulus depuis plus de dix ans. Si je m’accroche malgré les difficultés, c’est pour mon regretté père, qui m’a toujours encouragée à aller au bout de mes rêves ! »

Le Best Of de Natacha Sullivan
-Ce qu’elle adore de Bristol : la créativité et l’ouverture d’esprit
-Ce qui lui manque de France : la baguette fraiche et les madeleines
-Ses marques cosmétiques préférées : Amphora Aromatics, des produits aux huiles essentielles made in Bristol et The Manucurist, marque française de vernis naturels en plein essor
-Se sentir beau/belle, c’est… : être bien avec soi-même, car cela vient d’abord de l’intérieur
-Sa façon de se ressourcer : le yoga, la méditation, et marcher dans le parc Eastville de Bristol avec son mari Alan
En savoir plus :
Site The Beauty of Caring CIC
Instagram @thebeautyofcaring_cic
LinkedIn Natacha Sullivan
Article de BBC News sur Natacha Sullivan ICI
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