Georges Sérignac, Grand Maître du Grand Orient de France, s’est rendu jeudi près de Queen’s Gate afin de tenir un discours sur la franc-maçonnerie au 21e siècle. L’occasion de clarifier certains aspects en échangeant avec les membres de l'organisation, ainsi que des curieux résidant au Royaume-Uni.
“Le Grand Orient de France n’est pas un parti politique et encore moins une secte”. Georges Serignac, Grand Maître du Grand Orient de France, organisation franc-maçonne française, met l’accent sur ce qu’est véritablement la franc-maçonnerie.
Plutôt que de se laisser enfermer dans des stéréotypes, il souhaite revenir à une définition plus précise : “Nous sommes une institution essentiellement philanthropique et philosophique. La franc-maçonnerie est à la recherche de vérité(s), elle travaille à l’amélioration morale.” Finie l’idée d’un groupuscule sectaire, la GOFD est une organisation dont on peut se retirer à tout moment :”Il est possible de quitter le Grand Orient par un courrier, ce qui est impossible dans un groupe sectaire, ou se retirer est plus que difficile”. L’organisation n’est d’ailleurs pas non plus un parti politique.
La question religieuse, souvent source d'interrogations lorsqu'on parle de franc-maçonnerie, a également été abordée : “La franc-maçonnerie imprègne de la religiosité, nous récupérons les signes et gestes chrétiens, mais nous les mettons dans un exercice non-religieux, de la même façon que nous récupérons le langage des bâtisseurs. Nous ne sommes pas des maçons tout comme nous ne taillons pas la pierre au sens premier du terme”. L'organisation revendique une pluralité de croyances et accepte toutes les religions au sein de ses membres: ”Il est réuni, chez nous, autour de la même table, des catholiques et des protestants. Ils se retrouvent entre Hommes de bonnes volontés”
Une histoire et des fondements peu connus
En plus de sa création à Londres en 1717 et de sa structuration démocratique en 1773, la franc-maçonnerie a connu une division en 1877 avec l'abrogation de l'obligation de croire en une religion au sein du mouvement : “Jusque-là, la franc-maçonnerie affichait une obligation de croyance. À partir de cette date, en France, il y a eu un virage absolu vers la liberté de conscience”, atteste le Grand Maître du Grand Orient de France.
Suite à cela, la loge d’Angleterre a rompu les liens avec la GODF, estimant qu’il fallait garder la croyance religieuse au cœur du mouvement.
Cette division de la franc-maçonnerie a créé deux pôles distincts : l'un en France et l'autre en pays anglo-saxon. Plus tard, en 2010 le GODF vote à l’Assemblée l’acceptation des “sœurs” dans l’obédience, un événement tardif mais justifiable selon Georges Serignac : “Dans les valeurs qui ont créé notre action : les bâtisseurs n’étaient que des hommes”. Une évolution positive pour les quelque 54000 membres : “Nous n’avons pas de chute d’adhérents car nous sommes un lieu qui n’est comparable à aucun autre et qui a fait ses preuves. Aujourd’hui, nous ne devons pas nous cloîtrer et continuer de diffuser notre message, dans le monde profane.”
Les enjeux futurs du Grand Orient de France
Mais alors quels sont les axes de travail du groupe ? La GODF s’empare des sujets d’actualité, différents selon les obédiences : “Nous évoquons la perte de la biodiversité avec l’aspect irréversible des dégâts humains ; par rapport à la survie du vivant. Nous savons que nos dirigeants n’ont pas pris la mesure de la gravité du sujet.”
Le groupement discute aussi d'autres sujets comme le progrès technologique qui “surpasse l’humanité et qui se manifeste par une dictature douce du numérique et du transhumanisme” comme le souligne le Grand-Maître. La GODF est consciente des risques de "totalitarisme immédiat" engendrés par la numérisation de nos sociétés, qui pourrait conduire à une dégradation des démocraties. Enfin, le rôle de la franc-maçonnerie sera essentiel selon Georges Serignac : “Si on ne veut pas s’engouffrer dans la fin du monde, la franc-maçonnerie doit jouer pleinement son rôle“.
La franc-maçonnerie en France et au Royaume-Uni
Cinq obédiences maçonniques coexistent en France. La GODF en fait partie et a le plus grand nombre de ‘frères’. Il y en a d’autres comme la Grande Loge de France qui en compte environ 30.000.
La franc-maçonnerie est aussi installée au Royaume-Uni et à Londres particulièrement, en atteste la Grande Loge Unie d’Angleterre, principale obédience maçonnique sur le sol anglais. Le Musée de la franc-maçonnerie et sa librairie sont d’ailleurs accessibles, ils sont installés au sein du Freemason’s Hall. Au total, plus de 200000 franc-maçons y sont recensés. La Grande Loge de France compte également des milliers d’adeptes sur le sol anglais. Le Grand Orient de France en compte aussi de plus en plus, car bien différent de l’organisation des loges anglaises.