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Inspiré par Forrest Gump, un Anglais a fait 5 fois le tour des États-Unis en courant

Pope qui court Pope qui court
Flickr - Marco Verch
Écrit par Judith Chouzenoux
Publié le 26 octobre 2021, mis à jour le 26 octobre 2021

Cours Forrest ! Cours ! Inspiré par le célèbre film de Robert Zemeckis, un Anglais s’est lancé dans un quintuple tour de l’Amérique en courant.

 

20 mois et 33 paires de chaussures de sport, c’est ce dont aura eu besoin Rob Pope, un Anglais de 43 ans originaire de Liverpool, pour réaliser la célèbre course de Forrest Gump, personnage principal du film éponyme. Dans l'œuvre originale, Tom Hanks qui interprète Forrest, se lance dans un marathon transcontinental, sans raison particulière, depuis sa maison de Greenbow en Alabama.

 

Un athlète en quête d’un but

Le coureur n’est pas n’importe quel sportif du dimanche. S’il est un athlète de haut niveau, Pope est également vétérinaire et animateur du podcast Red Bull « How to Be Superhuman. » Homme friand de challenge, il a décidé de se lancer dans ce bon marathon à la mort de sa mère qui, au moment de lui faire ses adieux, lui a conseillé de faire quelque chose dans sa vie « qui fasse la différence ». 

 

L’homme, dont l’histoire a fasciné les curieux, explique : « Je n'ai pas fait d'entraînement spécifique, j’ai essayé d'être le plus authentique possible par rapport à la course originale [de Gump]. Dans le film, on ne voit pas Forrest descendre dans une salle de gym pour faire des deadlifts. Il met simplement ses chaussures et part, et c'est ce que j'ai fait. »

 

L’histoire d’une course longue de 25 137 kilomètres

Rob Pope raconte que les trois premiers jours de sa course auraient pu être un signe lui conseillant de renoncer à son challenge. La chaleur s’est accompagnée d’un chien qui l’a poursuivi, de sa rencontre avec une araignée potentiellement mortelle, et la croisée de nombreux animaux dépecés sur la route. Mais le coureur de 38 ans (le même âge que Forrest Gump, ça ne s’invente pas) ne s’est pas laissé abattre.

 

Pope a commencé sa course dans la ville de Mobile, d’où est originaire Winston Groom, l’auteur du livre dont est tiré le film. Son aventure a débuté le 15 septembre 2016, au petit matin. Paré d’une petite veste rouge confectionnée par sa compagne Nadine et les cheveux longs à l’image de Gump, le marathonien s’est lancé dans la première des 422 journées de course à pied. Son voyage l’a amené à traverser les Etats-Unis de Mobile à Santa Monica, en passant par la Vallée de la Mort, le Tennessee, Baltimore, la Pennsylvanie, Washington DC, Boston, Chicago, Minneapolis, l'Oregon, San Francisco, le Colorado, le Kansas, la Caroline du Nord, l'Arizona et bien d'autres encore.

 

 

Un marathon fidèle à l’histoire du film

L’itinéraire de Pope n’a pas été aussi linéaire qu’on pourrait le penser. Le sportif explique que son marathon de vingt mois a pris des allures de zigzag influencés par plusieurs facteurs. Premièrement, et afin de rester fidèle à l’histoire, son trajet a suivi le chemin dicté par une carte montrée furtivement dans une scène ou Forrest court. De nationalité anglaise, il a également dû rentrer au Royaume-Uni afin de renouveler son visa américain, sans lequel il ne pouvait terminer sa course. Enfin, il a accueilli un heureux évènement, puisque Bee, sa petite fille, est née, ce qui l'a contraint à écourter sa dernière étape mais lui a permis de terminer son marathon avec son premier enfant l’attendant derrière la ligne d’arrivée.

 

Une course parsemée de moments forts et d’émotions

Pope retient énormément de moments extraordinaires de ce challenge. Parmi ses moments favoris, il cite la traversée du parc national de Joshua Tree, qu’il a contemplé avec le disque de U2 du même nom. Il évoque également le parc national des Glaciers dans le Montana et sa demande en mariage à Nadine. Certains moments se sont toutefois avérés difficiles voire douloureux.

 

Pope confie qu’après une course d’environ 645km dans le Texas, une blessure au tibia l’a presque contraint de mettre fin à sa route. Heureusement pour lui, après son passage chez un médecin de Houston, il a été capable de reprendre sa course dès le lendemain et a parcouru 15km. Il raconte, se remémorant cet épisode : « Les gens me demandent : est-ce que je voulais arrêter ? Oui, tous les matins, mais je ne me suis jamais éternisé quelque part trop longtemps. » Pope courait aussi tard le soir, dans l'obscurité, parfois dans des endroits risqués. « J'ai traversé le pont de l'autoroute 190 à Baton Rouge, qui était une autoroute à quatre voies avec une chute de 200 pieds et sans trottoir. J'étais en plein dans le trafic et j'ai cru que j'allais mourir à ce moment-là. »

 

Mais ce n’est ni la peur ni l’épuisement que retient le coureur anglais de son épopée. À de nombreuses reprises, il a souligné la « gentillesse débridée des étrangers. » Il rapporte avoir été étonné par la générosité de ces gens qu’il ne connaissait pas mais qui lui donnaient parfois jusqu’à 100$.

 

Une course caritative

La réelle raison de ce marathon, et de pourquoi Pope n’a jamais cédé à la fatigue mentale ou physique, est l’argent qu’il a récolté pour des œuvres de charité en traversant le pays. Sa mère l’a élevé avec pour mot d’ordre d’accomplir quelque chose, « qui fasse une différence », l’homme s’est donc engagé auprès de la WWF et de Peace Direct. Un challenge qui finit bien pour ce coureur qui s’était malgré tout fixé une limite : arrêter sa course s’il enchaînait plus de sept jours “horribles” d’affilée.

 

Le 29 avril 2018, Rob Pop a terminé ses courses après avoir usé 33 paires de basket et traversé 43 États à cinq reprises. Il s’amuse d’avoir avalé assez de hot-dogs, de salade au jambon et de Dr Pepper pour alimenter tout un régiment, et s’est même régalé de deux boîtes de chocolats, en mémoire à Forrest. Son livre Become Forrest : One Man's Epic Run Across America est disponible pour 16,99 £, aux éditions HarperNorth, depuis le 14 octobre.