Alors qu’au Royaume-Uni l’école à la maison a repris ce matin pour les élèves du réseau scolaire français, la question est sur les lèvres de tous les parents : quand les salles de classes réouvriront-elles à nouveau leurs portes ? Claudine Ripert-Landler, conseillère de coopération et d’action culturelle, Directrice de l’Institut Français au Royaume-Uni répond à nos questions.
Avez-vous une date provisionnelle de réouverture des écoles ?
Nous n’avons pas encore de date de réouverture des écoles. Comme vous l’avez constaté, le gouvernement britannique a prolongé le confinement pour les trois prochaines semaines –au moins-. Nous travaillons ensemble, de manière concertée avec tous les chefs d’établissement français à Londres et à Bristol pour réfléchir aux différents scénarios de reprise. Nous prendrons naturellement en compte les impératifs de continuité pédagogique mais aussi la vie pratique des familles et la santé des élèves et des personnels. Mais cette étape du dé-confinement et d’un retour à l’école ne semble pas encore pour tout de suite.
Certains publics rentreront-ils plus tôt ?
A l’heure actuelle, certains enfants, de personnels du NHS notamment, sont accueillis, au cas par cas, dans les écoles ayant la capacité de le faire, dans le respect des règles sanitaires. Il était important pour notre réseau scolaire de démontrer concrètement sa solidarité avec les personnels de santé et je suis très fière que cela ait pu se faire malgré toutes les difficultés logistiques et techniques que vous pouvez imaginer, et que nous avons a eu à cœur de surmonter.
Toutes les écoles du réseau français reprendront-elles à la même date ?
Nous nous réunissons très régulièrement, en visioconférence, avec nos chefs d’établissement et tous m’ont fait part de leur volonté de se concerter sur les conditions d’une réouverture, comme ils l’ont fait tous ensemble avec nous pour la fermeture des écoles. Nous travaillons, de manière coordonnée et avec un réel esprit d’équipe sur de nombreux sujets dont celui de la continuité pédagogique qui est assurée de façon remarquable dans nos écoles. Cette unité, cette solidarité et cet esprit constructif, qui font la force de notre réseau, sont d’autant plus importants dans ce contexte de crise. Nous sommes bien sûr attentifs avec eux sur les communications régulières avec les parents et le corps enseignant dont je salue là aussi l’engagement et la solidarité.
La décision de réouvrir les écoles se fait-elle en concertation avec les autorités britanniques ?
Les autorités britanniques donnent des instructions générales. Ensuite, en concertation étroite avec l’Ambassade et sous couvert des recommandations de l’AEFE, la décision finale de réouverture reposera sur la responsabilité des établissements. Nous respecterons bien évidemment les consignes des autorités britanniques mais nous serons également très vigilants à réunir les meilleures conditions pour la santé de nos élèves et de nos enseignants.
Quid des différentes épreuves et examens qui étaient préparés par les élèves ?
GCSE, iGCSE : les établissements suivront les prescriptions d’Ofqual et Cambridge et proposeront le même protocole à leurs élèves de sections britanniques et françaises.
DNB, DNBi, Baccalauréat : nous sommes lien avec l’Académie de Lille (académie de rattachement) et allons obtenir des directives dans les prochaines semaines.
Pour les procédures d’entrée dans l’enseignement supérieur britannique, le Lycée français Charles de Gaulle et le Lycée international de Londres Winston Churchill s’alignent sur les principes définis par les autorités britanniques (Ofqual).
Le retour à l'école comprendra-t-il une phase de remise à niveau ?
Je tiens tout d’abord à remercier les équipes de direction et les enseignants qui ont permis que cette continuité pédagogique se mette en place ; je remercie également les familles pour leur soutien. Les enseignants sont très attentifs et suivent leurs élèves au plus près, y compris ceux dont ils savent qu’ils ne peuvent pas nécessairement bénéficier d’une aide à la maison. Nos établissements se distinguent par l’excellence de leur enseignement mais aussi par la proximité avec les élèves. Des différenciations sont d’ores et déjà mises en place et permettent un suivi individualisé qui se poursuivra si besoin au retour du confinement.
A titre personnel et professionnel, quel est votre ressenti sur cette période ?
Je mentirais si je disais que tout a été facile. Nous avons dû évidemment réagir très rapidement et il a fallu, en quelques jours seulement, proposer des solutions opérationnelles et innovantes pour assurer la continuité pédagogique et adapter notre enseignement. Je reste émerveillée face à la créativité des chefs d’établissement et des enseignants, ainsi que leur sens du devoir à tous. Ils ont tous été au rendez-vous. C’est bluffant. Je sais aussi que la situation n’est pas facile pour les parents : il faut soudainement tout à la fois travailler à distance et assurer la classe pour chacun de ses enfants sur des supports parfois différents. Sans oublier les questions logistiques (ravitaillement, cuisine, etc. !). Les délégués de parents ont aussi fait un travail exceptionnel pour relayer les informations, rappeler aux uns et aux autres de ne pas manquer telle classe en visioconférence ou telle évaluation. C’est une vraie chaine de solidarité qui s’est formée et cela est, d’une certaine façon, très émouvant à un moment difficile où nous craignons aussi pour notre santé et celle de nos proches, où certains sont coupés de leur famille en France ou dans leur pays d’origine.