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La vidéo d’une fillette maintenue au sol pour se faire percer les oreilles fait débat

Une fillette maintenue au sol à MeadowhallUne fillette maintenue au sol à Meadowhall
Capture d'écran Youtube
Écrit par Lili Auriat
Publié le 22 octobre 2021, mis à jour le 22 octobre 2021

Une vidéo d’une petite fille clouée au sol par son parent et un employé d’une bijouterie Lovisa, la forçant à se faire percer les oreilles, a horrifié internet. La police du South Yorkshire a pris en charge l’affaire et tente de retrouver l’enfant et sa famille.

 

Sur la vidéo, on entend la petite fille pleurer et hurler « Non ! Lâchez moi !» alors que sa mère la tient fermement pendant que l’employé, pistolet à la main, tente de lui percer les oreilles alors qu’elle se débat. La scène, terrible, qui s’est déroulée mardi à la bijouterie Lovisa du centre commercial Meadowhall à Sheffield, s’arrête quand l’employé déclare "Tout est fait" après être finalement parvenu à percer les deux oreilles de l’enfant, visiblement effrayée.

La police du South Yorkshire s’est saisie de l’affaire de la bijouterie à Meadowhall

Une personne présente sur place a jugé la scène si choquante qu’elle l’a filmée et l’a postée sur Twitter afin de dénoncer le traitement réservé à la jeune fille de la part de sa mère et de l’employé. La police a confirmé qu'elle « tentait de retrouver la famille, après que les images aient été portées à leur attention ». Un porte-parole a affirmé que la police « comprenait pourquoi de nombreuses personnes trouvaient (la scène) préoccupante », et que son équipe travaillait « en étroite collaboration avec Lovisa et Meadowhall » pour « en comprendre toutes les circonstances ».

Quelques heures plus tard, la police du South Yorkshire a indiqué sur Twitter qu’elle avait « retrouvé la personne à l’origine de la vidéo » et qu’elle « continuait son enquête ».

Les images choquantes de cette petite fille qu’on oblige à se faire percer les oreilles

Les commentaires ont rapidement commencé à pleuvoir sur Twitter, qualifiant cette scène de « maltraitance sur enfant » et estimant qu’elle pourrait provoquer un traumatisme chez la jeune fille. « C'est écœurant. Quel parent immobilise son enfant et encourage un parfait inconnu à s'imposer à un enfant qui crie pour le blesser davantage alors qu'il a déjà clairement indiqué qu'il NE VEUT PAS ? » s’est insurgé un internaute.

Certains usagers de Twitter réclament l’arrestation de la mère et de l’employé pour maltraitance et qualifient le piercing de « torture » : « Absolument dégoûté de ce que j'ai vu. La mère devrait être arrêtée pour maltraitance d'enfant. La pauvre fille est coincée. Toutes les personnes impliquées devraient être traitées durement. » 

 

Une vidéo qui alerte sur la question du consentement chez les enfants

Si certains débattent quant à l’âge en dessous duquel le perçage d’oreille devrait être interdit, d’autres estiment que c’est la question du consentement de la petite fille, clairement nié, qui se pose. « Des accusations de maltraitance d'enfants pour les 4 adultes impliqués, il n’y a pas moyen, non ? Ou est-ce que les enfants perdent le droit à une voix ? » commente un internaute.

Alors que depuis peu la notion de consentement se démocratise grâce à des mouvements comme #Metoo, celui des enfants reste encore souvent une sorte de zone grise.

Louise Groleau, sexologue, explique que « les parents et le système scolaire apprennent très rapidement aux enfants à suivre les règles et à obéir ». Dans la vie quotidienne, il peut être difficile de systématiquement penser à prendre le temps de demander à l’enfant son consentement à chaque étape, d’autant que la majorité des règles imposées par les adultes sont mises en place pour le bien de l’enfant. Pour le site aidersonenfant.com, Louise Groleau prend l’exemple « d’un parent qui décide rapidement de boucler la ceinture de sécurité de son enfant dans la voiture sans lui demander la permission de le faire. »

Mais la question se corse encore dans les situations où les « parents demandent aux enfants de donner un câlin à un membre de la famille élargie ou à un adulte de confiance même si l’enfant semble réticent » montre Louise Groleau. « Les enfants eux-mêmes affirment qu’ils le font pour ne pas déplaire à leurs parents ou bien pour ne pas être impoli. » De plus en plus de personnes estiment que forcer un enfant à un contact physique (bisou, câlin…) pour dire bonjour à des proches ou à des inconnus, par exemple, est une négation courante du consentement de l’enfant, qui n’a, à cet instant, pas son mot à dire quant à sa manière de disposer de son corps. Ces violences dites “ordinaires”, grimées en politesse, participeraient à nier et franchir régulièrement les limites des plus jeunes.

En réponse, la sexologue a la conviction « que nous devons apprendre aux enfants à respecter leur corps et à s’affirmer lorsqu’une personne dépasse des frontières. Il est tout à fait acceptable d’exprimer son affection à un adulte ou de manifester des salutations de départ sans utiliser des bisous. On peut utiliser un geste de la main ou bien des paroles. Les enfants doivent avoir le choix et nous devons leur enseigner les alternatives. Nous avons la responsabilité de leur enseigner la notion de consentement. »