Old Paradise Yard est une communauté d’artistes et de commerces indépendants installée à deux pas de Waterloo, en plein cœur de Londres. Ses occupants sont sous la menace d’une expulsion d’ici Noël. Ils se sont réunis le 15 novembre dernier pour manifester leur opposition au projet immobilier mené par la fondation Guy’s & St Thomas’ et leur désemparement face à cette obligation de quitter les lieux. La baronne Catharine Hoey, membre de la Chambre des Lords et ancienne députée de Vauxhall était présente pour apporter son soutien à Save Waterloo Paradise.
Installé à proximité de l’Archbishop’s Park à Waterloo, Old Paradise Yard est le terrain de jeu d’artistes et de nombreuses entreprises indépendantes. Il y a un peu plus d’un an, les occupants d’Old Paradise Yard prennent connaissance du projet immobilier de la Guy’s and St Thomas Fondation, propriétaire du terrain. Cette dernière souhaite faire construire un ensemble de cinq tours offrant près de 340 000 m2 de bureaux sur la zone.
Old Paradise Yard mis en péril par le projet de la Guy’s and St Thomas’ Foundation
Pour la réalisation de ce projet, la fondation souhaite démolir Old Paradise Yard. Mais c’était sans compter sur la détermination des locataires de cette communauté, dont fait partie Candice Desmet, directrice de la compagnie de théâtre bilingue “Act’In Theatre”. Candice et d’autres résidents d’Old Paradise Yard créent alors Save Waterloo Paradise, et dénoncent le bien-fondé du projet de la Guy’s and St Thomas’ Foundation : “Nous avons juste créé un site internet, un logo et une pétition, puis nous avons informé le public de ce qu'il se passait”, nous confie Candice Desmet.
Malgré leur mobilisation, le Lambeth Council puis Sadiq Khan, le maire de Londres, valident le projet de démolition. Pour faire entendre leurs voix, les membres de Save Waterloo Paradise s’adressent aux acteurs clés de l’évaluation du projet immobilier : “Nous avons démarché tout Lambeth, le Mayor, etc. Nous avons écrit des mails de relance auprès de toutes les personnes qui devaient prendre une décision”. Cet été, leur combat porte ses fruits : “Michael Gove, le Secrétaire d’Etat au Logement, a demandé une suspension temporaire du projet. Les dates de démolition étaient toutes annulées, puisqu'il n'y avait plus de démolition de prévue”.
Personne ne comprend cette décision. En plus d'être injuste, elle est antidémocratique.
Pourtant, en octobre dernier, la fondation communique à Eat Work Art - la société qui loue l’espace - son intention de mettre fin au bail et d’expulser par la même l’ensemble des résidents installées à Old Paradise Yard d’ici Noël. Leur justification ? “L'existence de Save Waterloo Paradise, la campagne que nous avons créée pour le Yard”, nous indique Candice Desmet. “Même s'il n'y a pas de date de démolition prévue pour le moment, nous devons laisser un terrain complètement vide, alors que cela fait dix ans que nous avons emménagé ici”.
“Personne ne comprend cette décision. En plus d'être injuste, elle est antidémocratique. Pour nous, il est inconcevable de punir quelqu'un pour avoir fait une campagne qui marche. Nous voulions juste ouvrir le débat pour créer quelque chose de mieux pour le quartier.”
Les soutiens de Save Waterloo Paradise réunis pour une mobilisation le 15 novembre dernier
Après une manifestation réussie le 2 novembre 2023, Save Waterloo Paradise a décidé de se réunir de nouveau et d’accueillir une série de concerts et de discours destinés à “informer plus largement la population londonienne sur la menace qui pèse sur ces quarante entreprises, et d’inviter la fondation à prolonger le bail”. L’équipe des éditions lepetitjournal.com a pu s’y rendre.
À cette occasion, le PDG de Eat Work Art et les créateurs de Save Waterloo Paradise - dont fait partie Candice Desmet - se sont exprimés sur la situation en cours.
“Je suis personnellement très attristé par la façon dont les choses se sont déroulées au cours des six derniers mois. Tout ce que nous pouvons espérer, c'est qu'en mettant un peu de pression et en trouvant des porte-paroles de notre cause aux bons endroits, nous pourrons encourager la fondation à changer d'avis et à prolonger le bail”, a déclaré Leo Lawson-O’Neil, PDG d’Eat Work Art.
Les résidents d’Old Paradise Yard ont également accueilli la Baronne Catharine Hoey, ancienne MP de Vauxhall, ministre des Sports de 1999 à 2001 et membre de la Chambre des Lords. Depuis plusieurs mois, elle soutient publiquement Save Waterloo Paradise. Le 16 novembre, Catharine Hoey a adressé une lettre ouverte à la Fondation et espère pouvoir aider Save Waterloo Paradise à obtenir gain de cause.
I have been shocked by the way Guys and St Thomas’ Foundation have reneged on their promises to these start up business’s. Absolutely no reason why they decided to evict them BEFORE land needed. Certainly not behaviour of an honourable charity. @michaelgove https://t.co/kmQfK1z7U0
— Kate Hoey (@CatharineHoey) November 20, 2023
“Old Paradise Yard est une transformation incroyable de ce quartier. Il a donné tant de créativité et d'opportunités, non seulement aux jeunes, mais aussi à un grand nombre de start-ups. Pourtant, tout va être détruit. Je veux faire tout ce qui est en ma possession pour faire changer les choses”, nous a-t-elle confié.
Crédit Sébastien Gatto pour Act'in Theatre
Questionnée sur son état d’esprit quant à l’avenir d’Old Paradise Yard, Kate Hoey a indiqué “être toujours optimiste”. Elle constate que le mouvement “bénéficie d'un énorme soutien” et pense que “si davantage de personnes étaient au courant de cela, l’écho serait encore plus important”. D’après la membre de la Chambre des Lords, le meilleur moyen d’atteindre la victoire est “d’utiliser autant que possible les pouvoirs légaux”.
La mobilisation du 15 novembre s’est conclue sur un geste fort. Dans la cour d’Old Paradise Yard, artistes, entrepreneurs et soutiens de Save Waterloo Paradise se sont rassemblés pour scander “No Eviction” et rappeler que leur combat est loin d’être fini.
“Nous sommes tous des business indépendants et créatifs, et ce lieu incarne notre personnalité. Old Paradise Yard est un poumon d'air frais unique dans Londres. Il faut absolument le préserver”, a déclaré Candice Desmet.
Pour soutenir les résidents d’Old Paradise Yard, vous pouvez signer la pétition ou faire une donation à Save Waterloo Paradise.