Le candidat du Labour Party a remporté le 6 mai les élections municipales londoniennes avec 57 % des suffrages. Sadiq Khan devient ainsi le premier maire musulman d'une capitale européenne. Portrait de celui qui aura la lourde tâche de succéder au conservateur Boris Johnson, toujours aussi populaire auprès des Londoniens depuis sa première élection en 2008.
Un self-made man à l'anglaise
Né en 1970 à Tooting, circonscription du sud de Londres dont il deviendra député en 2005, Sadiq Khan est le fils d'immigrés pakistanais. Il grandit dans un Council Housing Estate (l'équivalent des HLM), entouré de sept frères et s?urs. Comme il l'a souvent rappelé lors de sa campagne, son père était conducteur de bus à Londres. Ses origines populaires l'ont bien sûr distingué de son adversaire conservateur, Zac Goldsmith, issu d'une famille noble et marié à une descendante de la famille Rothschild.
Sadiq Khan effectue toute sa scolarité dans le système public anglais. En terminale, il découvre le droit qu'il étudiera dès l'année suivante à l'University of North London. Après avoir complété sa formation à l'université de Guildford, il devient solliciteur (avocat juriste spécialisé dans le conseil) et se démarque dans le domaine des droits de l'homme (discrimination, violences policières). Son implication dans certaines affaires comme la libération d'un détenu britannique de Guantanamo ont constitué une aubaine pour les conservateurs qui, pendant toute la campagne, ont essayé de lui trouver des liens avec des islamistes extrémistes.
Du conseil municipal de Wandsworth à la mairie de Londres : un parcours politique sans faute !
En 2008, il est nommé Secrétaire d'Etat aux communautés et aux gouvernements locaux avant d'être promu en 2009 Ministre des Transports ; deux postes on ne peut plus utile à la carrière d'un futur maire de Londres. Mais ce n'est pas tout ! En 2010, alors que les conservateurs reprennent le pouvoir, il prend en charge les questions de justice et les thématiques relatives à la ville de Londres dans l'opposition.
Des valeurs progressistes et un programme « pour tous les Londoniens »
Sadiq Khan a fait beaucoup parler de lui dans la presse en qualité de premier musulman à être élu député, et maintenant le voilà maire de Londres. Son attachement aux droits de l'homme ainsi que sa position sur le mariage homosexuel (il a voté pour) font de lui une personne très appréciée pour ses valeurs et sa vision progressiste de l'Islam. En Angleterre, la religion en politique est beaucoup moins taboue qu'en France, même si les polémiques à ce sujet ont été nombreuses pendant la campagne.
Son parcours politique prouve qu'il est plus que compétent pour occuper le poste de maire de Londres, mais ce sont d'abord ses idées pour la ville qui lui ont permis de se démarquer de son principal rival. La clef du programme de Goldsmith était de capitaliser sur les succès de son prédécesseur. Si ces derniers sont nombreux, ils ont toutefois desservi les Londoniens les plus en difficulté : augmentation des loyers, des tarifs des transports? vivre à Londres coûte de plus en plus cher. C'est sur ces inégalités que Khan a construit sa campagne, en faisant des promesses très populaires : construction de logements « abordables », gel des tarifs pour les transports, instauration d'un ticket « horaire » de bus.
Au-delà de ces deux enjeux majeurs, le reste de son programme est assez complet pour contenter « tous les Londoniens » : des mesures économiques qui privilégient les start-ups locales et les technologies nouvelles, un renforcement général de la sécurité par le développement d'une stratégie de cyber sécurité, une attention particulière aux inégalités entre les sexes dans le monde de l'entreprise, un accent mis sur l'écologie et particulièrement sur les cyclistes? le nouveau maire de Londres se veut polyvalent et très actif sur tous les fronts !
Mathilde Dumazet (www.lepetitjournal.com/londres), le 6 mai 2016
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