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Réouverture des restos le 17 mai : Que diable va faire Boris ?

Une salle de restaurant pleine et lumineuseUne salle de restaurant pleine et lumineuse
Syed Ahmad - Unsplash
Écrit par Marie Benhalassa-Bury
Publié le 14 mai 2021

La session parlementaire d’aujourd’hui n’entend pas être de tout repos pour Boris Johnson. Le Premier ministre va devoir faire face à des parlementaires scindés en deux camps. Au centre du débat : maintenir ou non le cap de son plan de déconfinement, dans un contexte où la menace du variant indien se fait de plus en plus pressante.

 

Une décision de taille que le blond platine doit prendre très rapidement: maintenir la réouverture tant attendue, et surtout tant méritée par le pays ; ou bien la reporter avec pour objectif de limiter la multiplication des nouvelles contaminations.
Il faut dire que le pays connaît une inquiétante recrudescence de ces transmissions ces derniers jours, durant lesquels le taux d’incidence n’est pas repassé en-deçà de la barre des 2000 cas quotidiens. Une nouvelle épreuve pour le chef du gouvernement, qui s’était félicité de la stratégie vaccinale et de ses effets bénéfiques sur la santé du pays.

En cause : le variant indien. À titre de comparaison, il serait 30 à 40 fois plus contagieux que les souches en provenance du Kent. Ce qui explique sa rapide progression, en ce moment même, dans certaines « zones sensibles ». Or, s’il n’est pas contenu, sa virulence pourrait potentiellement compromettre tout le travail entrepris par le pays pour parvenir à une telle amélioration sanitaire.

Car ne nous y trompons pas, nous demeurons encore vulnérables : si 70% de la population présente des anticorps (dont il n’est toujours pas admis qu’ils repousseront nécessairement le variant), plus de 40% de la population n’a pas encore été vaccinée. N’omettons pas également que les deux doses n’ont été prodiguées qu’auprès du tiers de la population. Le pays peut certes se satisfaire des progrès significatifs et rassurants en termes d’immunité collective, mais le gouvernement doit réfléchir à une solution qui ne laisserait pas un goût amer de « tout ça pour ça ».

À l’Université de Warwick, certains chercheurs ont fait des prédictions publiées lundi dernier, et qui seront à l’étude lors des discussions à venir ce jour. D’après leurs documents, d’ici le milieu ou la fin de l’été, si tout se passe suivant le planning initial, nous pourrions observer une troisième vague moins conséquente. Autrement dit, nous connaîtrions alors un boom modéré des nouveaux cas et des admissions à l’hôpital, susceptibles de causer d’autres milliers de disparitions. Mais même selon eux, au fond, rien n’est moins sûr.

Ceci étant, certaines informations pourraient aussi tendre à nous rassurer quelque peu, car si le variant semble résilient face à certaines immunités, la vaccination permet tout de même de limiter les formes graves de la maladie. De plus, l’administration des doses progresse à vitesse grand V : ces avancées ne pourraient être occultées, que ce soit dans la perspective de la réouverture prochaine des lieux clos ou dans celle d’une attente prolongée.

Quoiqu’il en soit, les centaines de contaminations à ce variant, recensées chaque jour en Grande-Bretagne, vont forcer l’exécutif à trancher cet après-midi : une décision que Sage, le conseil scientifique privilégié de Johnson, nous communiquera par la suite. Problème étant que si elle permettait certainement de sauver des vies, un report de la réouverture en intérieur des restaurants, des pubs et des événements aura pour sûr un impact peu souhaitable sur le moral des professionnels du secteur. Après tant d’attente et de promesses, il semble plus que délicat de leur annoncer une telle nouvelle, à trois jours seulement de cette présupposée levée des restrictions. Mais faire le choix inverse pourrait exercer une pression supplémentaire lourde sur les personnels soignants. Une situation sans gagnants.

Face à ces considérations, et à des parlementaires plus que jamais divisés par la pandémie, le leader des Tories ne peut décidément pas s’attendre à passer une après-midi très réjouissante, et va plutôt affronter la colère de chacun, face à ce dilemme sans précédent dans l’histoire du Coronavirus au sein du Royaume de Sa Majesté.

Repousser les réouvertures, confiner localement, vacciner plus dans les régions à risque… Il est ardu de se mettre à la place du numéro 10. Quelle serait selon vous la meilleure décision ?

 

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