La vidéo surveillance est un débat aussi vieux que l'invention elle-même. C'est l'éternelle question de la légitimité d'un BigBrother qui nous regarde pour nous protéger ou pour nous surveiller. Si en France les dispositifs de surveillance vidéo se multiplient, surtout dans les grandes villes, il est déjà bien imposé et imposant du coté anglais de la Manche.
- Londres: la vidéosurveillance, presque une tradition
En effet, la Grande-Bretagne et Londres en particulier sont les têtes de file d'un système de caméras dans la ville qu'on appelle en anglais CCTV (Closed-circuit television). Si en premier lieu ces caméras ont été installées à des endroits stratégiques pour prévenir les actions terroristes de l'IRA, elles sont désormais parsemées un peu partout -c'est un euphémisme- dans la ville et font “partie des meubles”. Elles n'interpellent plus, ou presque plus. Les chiffres sont très différents selon les sources, mais on comptabiliserait entre 70 000 et 500 000 caméras dans Londres seul. C'est dans les années 90 qu'une politique d'installation et de multiplication de ces appareils électroniques a été entreprise, puis suivies dans d'autres grandes villes européennes.
- Les caméras de l'Hexagone
En France, le dispositif de surveillance des lieux publics s'est également développé à la fin du millénaire d'aprés les statistiques de l'insee. L'action publique nationale autour de cette thématique reste irrégulière. Le gouvernement Sarkozy avait renforcé l'équipement à auteur de 60 000 caméras en plus sur tout le territoire. Malgré cette initiative, l'envergure de la vidéosurveillance en France est loin d'atteindre celle du système britannique. En outre, ce sont surtout des élus locaux qui décident d'équiper leurs villes, comme Bertrand Delanoë pour Paris ou Christian Estrosi pour Nice et ce sont eux qui doivent affronter le mécontentement des défenseurs des libertés individuelles. Du coté des particuliers son développement a été plus rapide avec notamment l'apparition de plusieurs fournisseurs sur internet comme kamatec.fr
- Une question qui fait débat
En Grande-Bretagne comme en France, les opposants à la vidéosurveillance des lieux publics s'inscrivent en faux contre ce qui reviendrait à l'attaque d'un droit fondamental qu'est la vie privée. Ils pointent du doigt l'impact néfaste des caméras de surveillance sur les libertés individuelles en brandissant 1984 de George Orwell, comme une démonstration noire sur blanc de la terreur qu'impliquent de tels appareils. Un groupe anti-vidéosurveillance, le Big Brother Watch publie d'ailleurs chaque année des études sur le thème et un classement des lieux à éviter pour conserver ce droit à la vie privée.
À tout cela, les partisans de la vidéosurveillance répondent qu'il n'y a aucunement intrusion de la vie privée des individus puisqu'il s'agit de monitorer l'espace public et non l'intimité des citoyens. Ils avancent alors les avantages qu'apportent ces caméras avec des exemples empiriques comme celui de la jeune fille de 14 ans, portée disparue puis retrouvée grâce à une de ces caméras publiques, en septembre 2013, dans le centre de Londres. En outre ces caméras seraient un outils de prévention et de dissuasion contre toutes sortes de délits et de crimes.
- Un oeil sur les faits
Pour ce qui est de la réalité, il est difficile de cerner l'influence dissuasive de ces dispositifs. Il y a autant de conclusions (pseudo)scientifiques à cette question qu'il y a d'études sur le sujet. Ce qui est certain, c'est que le débat n'est pas fermé et n'est pas près de l'être. Chaque prise de position sur la question de la vidéosurveillance apporte son lot de mécontents, dans un camp comme dans l'autre. Il semblerait par ailleurs, que l'équipement des villes gagne encore de la vitesse, d'un coté de la Manche, comme de l'autre, mais de manière plutôt discrète et pas toujours médiatisée. L'ironie de l'argument pro-vidéosurveillance de la « transparence à tout prix » peut alors faire légèrement sourire.