Le rapport récemment publié sur l'incendie de la tour Grenfell expose des conclusions accablantes. Cette enquête révèle des décennies de négligence, de laxisme et de malhonnêteté qui ont conduit à l'une des catastrophes résidentielles les plus tragiques du Royaume-Uni.
Un incendie qui aurait pu être évité ?
Issu de plusieurs années d'investigation, avec plus de 300 auditions publiques et l'examen de 1 600 témoignages, le rapport montre que la tragédie de Grenfell n'est pas due à une "cause unique". Au contraire, une combinaison de facteurs est mise en avant : la négligence du gouvernement, des régulateurs trop faibles et des entreprises malhonnêtes. Selon Martin Moore-Bick, juge en charge de l'enquête, les résidents de Grenfell ont été "gravement négligés pendant plusieurs années". Ces défaillances sont le résultat d'incompétence, mais aussi, dans certains cas, de cupidité et de malhonnêteté.
Le rapport met particulièrement en cause le revêtement installé lors de la rénovation de la tour, qui a joué un rôle central dans la propagation rapide du feu. Ce matériau, un mélange d'aluminium et de polyéthylène hautement inflammable, a été choisi en raison de son faible coût. Toutefois, les architectes et entreprises impliqués dans cette décision n'ont pas vérifié si ce matériau respectait les normes de sécurité en vigueur. De plus, le rapport accuse les fabricants de ce revêtement d'avoir manipulé les tests de sécurité pour faussement prétendre que le produit était sûr.
Un autre volet du rapport se concentre sur la gestion de l'incendie par les services de secours. Critiquée dès 2019 dans un premier rapport, la London Fire Brigade fait de nouveau face à des reproches pour son manque de préparation à une telle catastrophe. Le conseil initial donné aux résidents de rester dans leurs appartements a été modifié trop tard, causant de nombreuses pertes humaines dans les étages supérieurs de la tour. Le rapport souligne également que les pompiers manquaient de formation adéquate et d'équipements de communication efficaces pour faire face à une telle situation.
Keir Starmer a présenté des excuses officielles au nom de l'État, reconnaissant que "le pays a manqué à son devoir le plus fondamental : protéger ses citoyens"
Face au scandale, le gouvernement s’excuse
L'incendie de Grenfell a mis en exergue les profondes inégalités sociales au Royaume-Uni. Située dans un quartier aisé de l'ouest de Londres, la tour abritait principalement des familles modestes, souvent issues de l'immigration. Bien que l'enquête n'ait trouvé aucune preuve de décisions influencées par des préjugés raciaux ou sociaux, la tragédie reste un symbole des disparités économiques et des conditions de vie précaires des classes populaires.
La publication du rapport a été retardée en raison de la complexité de l'enquête. Celle-ci a nécessité l'examen de milliers de documents, plus de 300 auditions publiques et l'analyse d'environ 1 600 témoignages. La multitude de parties prenantes, incluant des entreprises, des régulateurs, des témoins et des experts, a également allongé le processus, afin de garantir que toutes les responsabilités soient correctement établies.
Keir Starmer a présenté des excuses officielles au nom de l'État, reconnaissant que "le pays a manqué à son devoir le plus fondamental : protéger ses citoyens". Le Premier ministre britannique a promis que de telles négligences ne se reproduiraient plus jamais et que des mesures seraient prises pour garantir la sécurité des logements sociaux à l'avenir.
L'incendie de la tour Grenfell reste une cicatrice profonde dans la mémoire collective britannique, et ce rapport, en dévoilant des décennies de manquements, appelle à des réformes urgentes pour éviter de telles tragédies à l'avenir.