Retards, explosion des coûts, réduction du tracé : la deuxième ligne à grande vitesse du Royaume-Uni, High Speed 2 devait désenclaver le nord du pays. Elle incarne désormais l’un des plus grands fiascos d’infrastructure de l’histoire récente du pays.


Annoncée comme une révolution ferroviaire pour désenclaver le nord de l’Angleterre, la ligne à grande vitesse HS2 symbolisait l’ambition d’un Royaume-Uni moderne, connecté et équitable. Mais plus de dix ans après son lancement, le projet s’enlise : les retards s’accumulent, les coûts explosent, et une grande partie du tracé a été abandonnée. Ce qui devait être un levier de croissance régionale s’impose aujourd’hui comme l’un des plus gros échecs d’infrastructure de l’histoire contemporaine britannique.
Pourquoi HS2 a pris autant de retard ?
La HS2 devait faire circuler des trains à plus de 300 km/h entre Londres et les grandes villes du nord, comme Birmingham, Manchester ou Leeds. Objectif affiché : désengorger les lignes classiques, réduire les temps de trajet et stimuler l’économie régionale. Mais à l’image d’un pays divisé, le projet a subi d’incessants revirements politiques. Résultat : le tracé ne dépassera pas Birmingham, et la mise en service est repoussée à 2033 au plus tôt au lieu de 2026 comme prévu initialement.
Explosion du coût de la ligne HS2 : de 37 à 100 milliards
Initialement estimé à 37,5 milliards de livres, le coût du projet frôle aujourd’hui les 100 milliards ( soit environ 118 milliards d’euros). La ministre britannique des Transports, Heidi Alexander, a dénoncé une mauvaise gestion chronique et une planification instable. Le recours massif aux tunnels pour limiter l’impact écologique a également contribué à faire grimper la facture.
Pourquoi le projet HS2 est l’un des plus chers du monde ?
Pour préserver l’environnement et réduire les nuisances sonores, des tunnels ont été creusés sur de longues portions du tracé. Résultat : le coût moyen de la HS2 atteint 284 millions d’euros par kilomètre, contre environ 30 millions en France pour une ligne comme Tours-Bordeaux. Un coût huit fois plus élevé qui place le Royaume-Uni en tête des projets ferroviaires les plus onéreux au monde.
Quelles villes sont concernées par l’abandon du tracé HS2 ?
Le tronçon vers Leeds a été abandonné en 2021, suivi en 2023 par celui vers Manchester. Le projet initial de relier directement la gare de Londres Euston est également enterré : la HS2 s’arrêtera désormais à Old Oak Common, en périphérie ouest de la capitale. Ces changements remettent en cause l’ambition de départ : rééquilibrer le développement territorial du pays.
Vers une renationalisation du rail au Royaume-Uni ?
La débâcle de HS2 coïncide avec un autre virage : la fin progressive de la privatisation du rail britannique. Face aux faillites des opérateurs privés, l’État reprend la main sur de nombreuses lignes. Un retour au modèle public qui tranche avec la politique des années 1990, et qui illustre une volonté de restaurer la confiance dans les services ferroviaires, minée par le fiasco de la HS2.
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