En cette période d'hiver le thermomètre dégringole et les relations anglo-écossaises se refroidissent. David Cameron et Alex Salmond, le premier ministre écossais, se livrent une bataille politique sur la question de l'indépendance de l'Ecosse. Retour sur les enjeux de cette discorde
(Crédits: AFP)
L'Ecosse est partie intégrante du Royaume-Uni depuis 1707. Avec l'Irlande du Nord et le Pays de Galles, cette nation dispose d'un statut particulier dit semi-autonome depuis 1999. En clair, cela signifie que l'Ecosse dispose de son propre parlement situé à Holyrood, composé de 129 députés et d'un premier ministre, Alex Salmond. Cependant, les pouvoirs de ce parlement sont aujourd'hui limités puisqu'Edimbourg ne peut statuer que sur certains domaines tels que la santé, la justice et l'éducation. La politique fiscale et économique, la défense et les affaires étrangères demeurent des secteurs gérés par le parlement de Westminster.
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Les raisons du bras de fer
Quelles sont les raisons des tensions entre Londres et Edimbourg ? Alex Salmond est récemment monté au créneau criant à l'ingérence de Londres. Pourquoi ? Car le Premier ministre britannique David Cameron a fait remarquer à son homologue qu'il ne pouvait organiser un référendum sur l'indépendance de l'Ecosse sans l'accord de Westminster. Une question de légalité selon M. Cameron, une réelle provocation selon M. Salmond.
Résultat, les deux hommes politiques ont entamé une guerre des mots avec pour objectif de ne pas perdre la face et montrer qui a le réel pouvoir en Ecosse. David Cameron a donc fait savoir qu'il souhaitait la tenue d'un référendum sur l'indépendance rapidement, avec deux réponses possibles : "oui" ou "non". Alex Salmond a quant à lui souligné que c'était aux Ecossais de décider de la date et que son parti, le Scottish National Party, envisageait une consultation en 2014. Le premier ministre écossais veut que trois choix de réponse soient possibles : "oui", "non", ou "plus de pouvoir pour le parlement écossais". En effet, faute de victoire du "oui", le SNP souhaiterait que le parlement d'Holyrood puisse avoir la mainmise sur la politique fiscale et économique.
(Robert Bruce, figure emblématique de l'indépendance de l'Écosse)
Deux stratégies, deux visions opposées
Une stratégie qui permet à Alex Salmond non seulement de préparer une campagne en faveur de l'indépendance d'ici à 2014 mais aussi d'éviter d'essuyer une défaite en proposant une troisième option aux électeurs. David Cameron, de son côté, est clairement contre l'indépendance de l'Ecosse et la tenue rapide d'un référendum favoriserait probablement le "non". Selon l'expert en sondage John Curtis, interviewé par la BBC, entre 32% et 38% des Ecossais soutiennent l'indépendance.
Cette joute politique n'est pas sans rappeler les luttes incessantes entre l'Angleterre et l'Ecosse au fil de l'histoire. Et si Alex Salmond pense à 2014 pour organiser le référendum c'est aussi pour réveiller la fibre indépendantiste de son peuple. Car 700 ans plus tôt un certain Robert Bruce remportait la bataille de Bannockburn contre le roi Edouard II et acquérait ainsi l'indépendance de l'Ecosse. Alex Salmond réussira-t-il à imposer ses conditions à Westminster ? Le bras de fer continue.
Laurène Casseville (www.lepetitjournal.com/londres) mercredi 25 janvier 2012
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