Le British Museum de Londres a subi de grandes pertes dernièrement, avec environ 2000 pièces disparues. Si les voleurs n’ont pas été clairement identifiés, les salariés du musée sont, eux, tous soupçonnés. Cependant, le dispositif mis en place par le musée a déjà permis la récupération de certains de ses trésors.
George Osborne, président du British Museum à Londres, a révélé ce samedi que près de "2000 œuvres d'art" ont été dérobées, au lendemain de la démission du directeur du musée, Hartwig Fischer. Cette série de vols a beaucoup fait parler sur place, puisque les objets volés sont des pièces entreposées dans les réserves du musée, sans qu'un véritable inventaire des collections puisse avoir été réalisé en amont...
Parmi les pièces manquantes figurent des "bijoux en or, des pierres semi-précieuses ou de la verrerie datant du XVe siècle avant J.-C. au XIXe siècle après J.-C", indique le président du musée, George Osborne. Certains médias britanniques rapportent que certaines de ces pièces se retrouvent sur des sites internet comme eBay.
Les employés du musée soupçonnés de vol
L'institution avait annoncé le renvoi d'un employé en août et la police a initié, parallèlement aux épisodes de vols, le lancement d'une enquête indépendante afin de "d’éclaircir ces vols et en tirer les leçons". Selon certains médias, ce sont des employés, comme Peter Higgs, un conservateur reconnu dans le milieu de l'art, qui auraient pu dérober les œuvres.
Ce dernier aurait non seulement été maintenu en poste malgré les soupçons, mais aurait également été récemment promu pour superviser les collections grecques, comprenant notamment les "marbres du Parthénon", des pièces au cœur d'un litige très délicat, car réclamées par la Grèce.
“Nous aurions pu en faire plus pour empêcher les vols”
M. Osborne a déclaré en réponse à tous ces vols : "Nous pensons que nous avons été victimes de vols sur une longue période et, franchement, nous aurions pu faire plus pour les empêcher."
Interrogé sur la localisation des objets manquants, il affirme : "Certains membres de la communauté des antiquaires coopèrent activement avec nous" ; il ajoute que les objets retrouvés jusqu'à présent constituent "une lueur d'espoir sur un nuage sombre".
Il s'est dit persuadé que les "honnêtes gens restitueront d’eux-mêmes les objets dont le vol a été constaté”.
Voler des œuvres au British Museum, une formalité ?
George Osborne admet que la situation a affecté "la réputation du British Museum" . Ainsi, malgré l'interrogatoire d'une personne par la police, aucune arrestation n'a été effectuée jusqu'à présent.
De hauts responsables du musée se sont empressés d'expliquer comment ils avaient géré la découverte des objets manquants, après que des inquiétudes avaient déjà été exprimées, il y a deux ans. Selon M. Osborne "davantage aurait pu être fait" pour empêcher les vols
Christos Tsirogiannis, archéologue judiciaire qui préside un groupe de l'UNESCO consacré au trafic illicite d'antiquités, décrit ces vols comme les pires de l'histoire moderne. Il déclare, à la BBC News : "C'est de loin le vol le plus important que je connaisse dans un musée, surtout pour un musée de ce calibre. C'est une somme énorme pour n'importe quel musée, mais ce qui s'est passé au British Museum est encore pire.”
Une enquête supervisée par l’archéologue judiciaire
Face à la gravité de la situation, le Dr Tsirogiannis, archéologue en charge du dossier judiciaire, a appelé le musée à publier immédiatement une liste des objets manquants pour faciliter la collaboration des experts dans les recherches. Il souligne : "Je n'ai aucune preuve de l'existence de ces objets : Je ne dispose d'aucune preuve pour commencer à vérifier. En ne publiant pas de liste de ce qui manque, ils lient les mains des experts qui devraient les aider. J'aimerais beaucoup les aider, mais je ne peux pas".
Hartwig Fischer, directeur du musée depuis 2016, quittera son poste dès qu'un remplaçant intérimaire sera désigné, bien avant la date prévue en 2024. Il a également présenté des excuses pour avoir fait des commentaires "malavisés" sur le marchand d'antiquités qui avait déjà signalé des inquiétudes, en 2021…