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Brick Lane : Des slogans politiques chinois apparaissent sur un mur de Londres

Le quartier londonien de Brick Lane, célèbre pour son art de rue, a récemment fait l'objet d'une attention médiatique suite à la couverture d'un de ses murs avec des slogans promouvant l'idéologie du parti communiste chinois. Un message politique qui interroge les habitants du quartier.

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Le mur de Brick Lane, taggué par ces inscriptions !
Écrit par Ewan Petris
Publié le 9 août 2023

Ce week-end, des vidéos en ligne ont dévoilé un acte de plus en plus répandu. Un groupe de personnes ont utilisé des bombes de peinture pour inscrire des grands caractères chinois rouges sur un mur blanc. Ces caractères représentent les "valeurs fondamentales du socialisme", composées de 12 mots de deux caractères. Ce sont plus précisément les slogans politiques les plus répandus, sous le régime du président Xi Jinping en Chine. Cette forme de propagande politique est un spectacle familier dans le pays.

Les slogans sur le mur Brick Lane ont suscité des débats :  relèvent-ils de l'art de la rue ou de la propagande ? Depuis lundi, le mur est également devenu une arène où s'affrontent différents récits : des personnes ont ajouté de nouveaux graffitis critiquant le gouvernement chinois. Certains ont par exemple ajouté le mot "non" au-devant des inscriptions.


 

tagueurs brick lane
Les différents tagueurs sur  le mur de brick lane

 

Un message perçu différemment entre les acteurs sociaux 

Les slogans socialistes, révélés pour la première fois par le prédécesseur du président Xi, Hu Jintao, en 2012, incluent des valeurs telles que la prospérité, la démocratie, la civilité, l'harmonie, la liberté, l'égalité, la justice, l'État de droit, le patriotisme, le dévouement, l'intégrité et l'amitié. D’ailleurs, ces slogans recouvrent des œuvres plus anciennes sur le mur de Brick Lane, y compris un hommage à un célèbre artiste de rue décédé.

Bien que les slogans aient suscité des réactions négatives, on ne sait pas si les artistes avaient un sérieux engagement. Wang Hanzheng, également connu sous le nom d'artiste Yi Que, l'un des créateurs de l’œuvre, affirme cependant qu’elle n'avait pas une signification politique “très prononcée”.

Il souligne à la BBC que les 24 caractères en question ne sont pas seulement des objectifs pour la Chine, mais des aspirations pour le monde entier. Les photos du mur ont immédiatement provoqué de vives réactions parmi les locuteurs chinois sur les réseaux sociaux. De nombreux Chinois, en particulier ceux qui soutiennent le gouvernement, ont affirmé que l'œuvre relevait de la liberté d'expression et qu’elle devait être protégée.

 

La réaction “disproportionnée” de la part des internautes, selon M.Wang

Certains nationalistes se demandent si cette démarche n'est pas une forme de high-level black, un terme anglais (ironie de haut niveau, ndlr) utilisé pour décrire ceux qui critiquent le régime du parti communiste en utilisant un langage voilé. M.Wang est-il pro-socialiste, ou ironisait-il ? Nul ne le sait pour l’instant. 

En tout cas, l’artiste laisse des indices sur son compte Instagram : "Obstruer la liberté d'expression ne fait pas partie de la liberté d'expression. Les jargons que vous avez utilisés ne peuvent pas justifier votre destruction brutale de l'art d'autrui", lit-on dans un commentaire très apprécié sous un de ses posts.

 

 

"Défiez-vous d'aller à Pékin et d'écrire démocratie et liberté ? Si vous osez, le pays d'origine que vous aimez osera vous arrêter", écrit un autre commentaire en tête de liste.


M. Wang a admis que la réaction a été plus intense que prévu. Il a déclaré à la BBC qu'il avait été diffamé et que ses parents avaient été harcelés. Reste à savoir dans quel sens son message doit-être interprété…

Ewan Petris
Publié le 9 août 2023, mis à jour le 9 août 2023