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BORIS JOHNSON - Son autre histoire de Londres

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 25 mars 2013

Quel est le point commun entre Guillaume le Conquérant, Winston Churchill et Keith Richards ? Ces trois personnages ont contribué à la renommée de la capitale britannique? Tout comme le fait aujourd'hui Boris Johnson. Dans Une autre histoire de Londres, le fantasque mais très populaire maire de la capitale se livre à une véritable apologie du génie londonien.

(Crédit: AFP)

Boris Johnson publie ce mois-ci en France Une autre histoire de Londres (Robert Laffont), un livre en forme de déclaration d'amour à la capitale anglaise. Cette publication est en fait tirée de son ouvrage Johnson's Life of London, sorti en 2011 en Grande-Bretagne et réédité l'année suivante pour inclure de nouveaux détails sur les grands événements de 2012.

L'excentrique maire de Londres débute d'ailleurs son récit en dévoilant quelques anecdotes sur les Jeux Olympiques. On apprend ainsi que, un peu éméché (le buffet VIP était bien garni), il a cassé son siège dans la tribune officielle du stade lors de la cérémonie d'ouverture. Boris Johnson rapporte également une boutade du président français. Alors que la Grande-Bretagne traînait à la dixième ou douzième place dans le classement olympique, François Hollande est venu lui dire : "c'est sympathique de la part des Anglais de dérouler le tapis rouge aux Français pour qu'ils gagnent des médailles !"

L'homme politique britannique adore titiller la France, mais apprécie moyennement les blagues sur son pays et sa ville, à laquelle il voue une admiration sans borne."Les JO ont été comme une métaphore du rôle de Londres ces derniers siècles : une arène, un stade, un lieu où les gens talentueux peuvent venir concourir et se faire un nom," écrit-il. Diplômé de lettres classiques et ancien journaliste, Boris Johnson est un féru d'histoire. Au fil des pages, il dépeint la grandeur de Londres à travers ses grands hommes et propose aux lecteurs un voyage dans l'intimité historique de la capitale et de ses habitants.

Londres a tout inventé ... ou presque
Le maire décrit le flot de Londoniens traversant le London Bridge pour aller travailler. Les femmes avec des baskets aux pieds, portant leurs talons dans un sac. Les hommes accrochés à leur téléphone portable, remarquant à peine la vue sur Tower Bridge, la City et le HMS Belfast."Il existe d'autres populations dans le monde qui ont le même appétit de réussite. Mais ces gens arborent une invention londonienne (le costume, veste, pantalon et cravate) et se déplacent avec des moyens de transport inventés ou développés à Londres (le métro, le bus, le vélo)," argumente-t-il.

A lire ce livre, on croirait en effet que Londres à tout inventé : la bicyclette, le ping-pong, le football, les toilettes ... Ce n'est pas forcément faux. Mais le ton exultant de l'ouvrage et la fierté insolente de l'écrivain peuvent parfois faire douter de l'objectivité des faits. C'est pourtant ce qui fait tout le charme de cette galerie de portraits et bien sûr de son auteur.

Boris Johnson nous raconte son histoire de Londres et empreigne les pages de sa personnalité haute en couleurs."Londres est la ville la plus influente de ces 500 dernières années, que cela soit dans les domaines de la culture, de la technologie, de la politique, des langues. Je ne pense pas que les maires de Paris, New York, Moscou, Berlin, Madrid, Tokyo, Pékin ou Amsterdam pourront dire le contraire : après Athènes et Rome, Londres est la troisième ville la plus programmatique de l'histoire," expose-t-il. A-t-on vraiment l'énergie de le contredire ?

Les Londoniens qui ont fait la ville


Une autre histoire de Londres rend hommage à une vingtaine de Londoniens, certains célèbres, d'autres moins connus. De l'empereur Hadrien à Mo Farah, l'auteur balaye les siècles en célébrant les individus qui ont contribué à la réussite de la cité. Boris Johnson nous apprend que c'est le fils d'un huguenot français qui a inventé les égouts et sauvé Londres du choléra et des odeurs nauséabondes de la Tamise, que Robert Hooke, un génie oublié du XVIIe siècle, était le Léonard de Vinci anglais, ou encore que les tabloïds, ces journaux typiquement British, sont la création de W.T. Stead au XIXe siècle.

Du côté des figures artistiques, Boris Johnson salue bien entendu l'oeuvre de Shakespeare,"le plus grand héros et ambassadeur que la langue anglaise ait jamais connu". Le dramaturge londonien est selon lui le fondateur du théâtre moderne."Le concept du théâtre commercial ? vous les faites rire, vous les faites pleurer mais surtout vous les faites payer ? est à l'origine du cinéma, la plus grande forme d'art populaire de notre temps, qui prend sa source à Londres," indique-t-il.  

Autre domaine et autre époque, le politicien rend également hommage aux Rolling Stones et plus précisément à Keith Richards."J'étais dans une résidence étudiante lorsque quelqu'un a mis Start Me Up des Rolling Stones. Le son sortait de ce vieux lecteur cassette et résonnait dans ma cage thoracique. Je me transformais, laissant de côté l'intello timide et boutonneux que j'étais, qui essayait depuis une heure de faire la conversation à la pauvre jeune femme assise près de moi. Encore aujourd'hui, dès que j'entends ce riff de Keith Richards, ce sentiment m'envahit," confie-t-il.

"What is a city but the people?"
Dans cette rétrospective, Boris Johnson n'a visiblement pas choisi ses personnages au hasard. Certains d'entre-eux semblent d'ailleurs posséder quelques qualités propres au pétillant maire de Londres. Comme Richard Whittington, réélu quatre fois à la tête de la capitale britannique, qui organisa pour le roi Henri V un grand banquet en l'honneur de la victoire d'Agincourt et la reconquête du trône de France. Ou encore John Wilkes, parlementaire du XVIIIe siècle, pamphlétaire, journaliste, radical et grand défenseur de la liberté.

Si l'actuel maire de Londres témoigne dans ce livre de son admiration pour les hommes qui l'ont inspiré, il célèbre surtout les Londoniens qui "ont forgé la réputation d'une ville qui donne aux gens envie de venir s'y installer, de traverser le London Bridge à la recherche d'argent, de nourriture, de célébrité et de compagnie." On ne doute pas du véritable amour de Boris Johnson pour la capitale anglaise, mais cet ouvrage reflète aussi ses fins talents de communicant. Londres, farfelue, ambitieuse, intraitable, si elle avait une tignasse blonde, se confondrait presque avec son patron.

Caroline Boeuf (www.lepetitjournal.com/londres) lundi 25 mars 2013


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Publié le 25 mars 2013, mis à jour le 25 mars 2013