Yaëlle Beatrix est une artiste française de 23 ans originaire du Mans et domiciliée à Londres depuis trois ans. Son expatriation dans la capitale britannique, qui était au départ motivée par une rencontre amoureuse, lui a permis de développer son sens artistique. « A Londres, les galeries se sont simplement intéressées à mon travail », nous explique-t-elle.
Comment avez-vous intégré le milieu de l’art ?
Ce milieu ne m’était pas inconnu puisque je l’ai toujours pratiqué grâce à ma professeure d’art plastique qui m’y encourageait et ma mère qui aimait les pinceaux. Je ne connaissais cependant pas les musées puisque je vivais en campagne. J’ai pu les découvrir pendant mes études. J’ai d’abord intégré au lycée un cursus technologique et artistique puis j’ai obtenu un baccalauréat d’arts appliqués.
Je n’avais pas du tout prévu de vivre à l’étranger
Qu’est-ce qui vous a amené au Royaume-Uni ?
Au départ, c’était l’amour. Je n’avais pas du tout prévu de vivre à l’étranger puisque je faisais à l’époque ma licence de design d’espace et de scénographie à Orléans. Un jour, j’ai croisé un garçon qui me plaisait et quand je l’ai rencontré, il m’a annoncé qu’il allait partir à Londres. Les plans ont ensuite changé à cause du Covid, nous avons passé les confinements ensemble puis on a décidé de ne plus se quitter et je suis partie à Londres avec lui.
Comment avez-vous lancé votre carrière ici ?
Je finissais tout juste ma licence en plein confinement mais j’ai commencé à vendre mes premières œuvres d’art qui se sont plutôt bien vendues. Mon copain, qui est dans le milieu du web, m’a aussi aidé à travailler en ligne et je suis devenue rédactrice web pour avoir en salaire en complément de mes œuvres d’art. J’ai ainsi lancé ma micro-entreprise à 19 ans. Je suis désormais communication manager à distance pour une entreprise de réalité virtuelle en France et à côté de ça, j’ai mon site internet qui me permet de vendre mes œuvres d’art, d’établir des contacts et d’organiser des expositions. J’ai converti une partie de mon studio en atelier pour produire mes œuvres.
Tout ça m’a peut-être permis d’avoir une posture plus légitime dans la vente de mes œuvres malgré mon jeune âge
Qu’est-ce que vos racines françaises vous ont apporté dans cette entreprise ?
La vision que les étrangers ont du ‘chic’ à la française me sert beaucoup pour mes expositions. Lors de ma dernière exposition à Fitzrovia (quartier central de Londres), j’ai eu des retours très divers mais certaines personnes me faisaient remarquer que j’étais selon elles élégante et que j’avais l’air très mature dans ma posture et ma façon de parler, peut-être grâce à mon accent. Tout ça m’a peut-être permis d’avoir une posture plus légitime dans la vente de mes œuvres malgré mon jeune âge.
A l’inverse, qu’est-ce que le Royaume-Uni vous a apporté ?
Juste après le confinement, j’ai essayé de contacter des galeries françaises mais elles m’ont toutes répondu que j’avais besoin de gagner en maturité et d’obtenir plus de reconnaissance avant d’exposer chez elles, dans peut-être 20 ans. Une galerie parisienne m’a même dit qu’elle n’exposait pas d’artistes âgés de moins de 40 ans ! Or à Londres, la problématique ne s’est pas du tout posée. Les galeries se sont simplement intéressées à mon travail. Le gérant d’une galerie où j’ai exposé à Fitzrovia était un homme âgé d’une soixantaine d’années et il ne s’est pas demandé quel âge j’avais. Il m’a laissé une chance et ça m’a fait beaucoup de bien.
Yaëlle Beatrix expose à la Burgh House du 6 au 17 mars 2024. Pour plus d’informations sur son exposition « Silent Narrative : Portrait Revealed », vous pouvez consulter le site de la galerie en cliquant sur ce lien.