L’exposition du Victoria & Albert Museum, “Marie-Antoinette Style”, ne se contente pas d’honorer la reine la plus célèbre, et sans doute la plus controversée, de France. Il s’agit d’une véritable lettre d’amour à la culture, la sophistication, le raffinement et l’art de vivre français. Reine adulée ou détestée, femme libre ou victime de son image, Marie-Antoinette continue de fasciner. En découvrant comment le V&A, institution britannique par excellence, rend hommage à celle que l’on surnommait “l’Autrichienne”, il est facile de comprendre à quel point son héritage dépasse les frontières et les siècles.
La communication de l’exposition “Marie-Antoinette Style” du Victoria & Albert Museum tourne autour du sens de la mode impeccable de la régente et de son influence à travers les siècles autant dans les cours royales européennes que, plus tard, dans le cinéma et la mode. Or, en se rendant à l’exposition, nos équipes se sont rendu compte que le V&A ne se contente pas de dresser le portrait d’une icône de la mode, mais bien celui d’une femme complexe dont l’histoire personnelle s’entrecroise avec l’Histoire de France.
En arrivant à l’exposition, les commentaires murmurés en français comme en anglais fusent, les yeux s’écarquillent devant les robes somptueuses pendant que d’autres tâtonnent et admettent ne connaître que très peu cette reine qui fascine tant.
Véritable personnification du soft power français, voyons comment cette exposition britannique dépeint l’une des reines les plus controversées de France.
Marie-Antoinette, une “It-Girl” avant l’heure
Nous le savons tous, Marie-Antoinette est bien plus connue pour son attitude dépensière que pour son rôle de patronne des arts. Et pourtant, le V&A redore son blason en insistant sur au combien son impact sur la mode est immense. La mission de cette exposition ? Définir un style “à la Marie-Antoinette” et étudier son héritage.
Pour se faire, l’exposition britannique ne nous épargne aucun détail de la délicieuse extravagance de la reine: des coiffures toujours plus monumentales, du mobilier à la pointe de la sophistication et des robes inspirées de la mode des quatre coins de l’Europe.
Au-delà du faste, le musée rappelle également son rôle de mécène, passionnée de musique et d’arts. Femme instruite, elle soutenait les compositeurs, organisait des concerts intimes et encourageait la création artistique à Versailles et à Trianon.
Entre reine de France et reine mère
Alors que l’on pourrait retenir de Marie-Antoinette son caractère très déconnectée, le V&A rend son humanité à la régente en explorant notamment sa conception de la maternité. Fidèle à son rôle d’icône, Marie-Antoinette a contribué à styliser la maternité, notamment en allaitant elle-même publiquement ses enfants, pratique impensable pour l’époque !
Le musée consacre une section émouvante à sa relation avec ses enfants. On y découvre des portraits, des lettres et des effets personnels bouleversants. Dans les dernières semaines de sa vie, devenue “prisonnière n°280”, Marie-Antoinette est séparée de ses enfants. Des tableaux,qu'il vous reste à découvrir, la montrent endeuillée et portante d’une attention toute particulière à sa descendance.
Derrière le luxe de Versailles, les scandales et la révolution
Rumeurs, stigmas, caricatures insultantes … Rien n’est passé sous silence. Dépeinte avec beaucoup de misogynie et de mépris par les républicains, de nombreuses illustrations insultantes circulaient dans les pamphlets, véritable arme pour endommager l’image de la reine. Dessinée sous les traits d’une harpie déchirant la Déclaration des droits de l’Homme, ceux d'une hyène assoiffée, de Médusa … tous les moyens étaient employés pour diaboliser la royauté dans cette propagande révolutionnaire. D’autres avaient même l’impudeur de dépeindre la reine dans des scène à caractère sexuelle insistant sur sa supposé frivolité, débauche et infidélité envers Louis XVI.
L’avant dernière partie du parcours plonge le visiteur dans la Révolution française, événement sanglant et grandiose qui vient mettre fin au règne et à la vie de la reine. L’exposition ne nous épargne rien de la fin tragique de la régente, des objets signifiants de sa fin de vie sont d’ailleurs exposés.
Une empreinte ineffaçable
Loin de terminer sur une note morbide, l’exposition revient de manière émouvante sur l’héritage laissé par Marie-Antoinette. Alors que le musée montre comment l'emperesse Eugénie a contribué à faire perdurer son style en s’en inspirant, il expose aussi comment la régente a eu et continue d’avoir une influence considérable sur le monde de la mode et du cinéma. De Sofia Coppola qui lui dédie l’un de ses films, aux podiums de Chanel, Moschino et autres grands créateurs, Marie-Antoinette ne cesse de fasciner.
Comme une personnification du soft power, Marie-Antoinette demeure l’incarnation du rayonnement culturel français, entre luxe, audace et liberté.
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
