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LONDRES ET SES SECRETS - Chapitre 4 : à la chasse aux pirates

Écrit par Lepetitjournal Londres
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 17 avril 2014

 

C'est jeudi, tout est permis ! Et pour fêter cette semaine ensoleillée, nous jetons cette fois notre dévolu sur ces pourfendeurs des mers et créateurs de légendes que sont les pirates. Car Londres, aussi surprenant que cela puisse paraitre, a connu son lot de mauvais marins. Au bord de la Tamise, les docks renferment de nombreux secrets. Hissez le pavillon noir, nous partons à la chasse aux pirates !

(source photo: pavillon de Jack Rackham)

"Hisséo, l'âme des pirates, jamais ne mourra". Cet air, découvert dans le 3ème opus de la saga Pirates des Caraibes, pourrait nous accompagner tout au long de ce chapitre. Cependant, loin de nous l'idée de raconter des films, qui pourtant envahissent la culture populaire depuis des décennies. S'il est difficile d'attester de la véridicité des histoires de pirates, il convient pourtant de s'intéresser aux légendes racontées par les livres. Londres a, elle aussi, été touchée par une vague de piraterie? ou a donné naissances à de nombreux noms, aujourd'hui légendaires.

Bienvenue sur Wapping High Street

Nous avions terminé le dernier chapitre sur la pendaison du pirate Captain Kidd sur les docks de Wapping. Parlons en de ce quartier ! Daniel Defoe, célèbre écrivain à l'origine de Robinson Crusoé, écrira même que "rares étaient les jeunes filles de Wapping qui atteignaient leurs dix-sept ans, compte tenu des maladies, de l'alcoolisme et des mauvais coups de couteau de marins en bordée?". Rassurant. Wapping était alors surnommée Sailortown, ou ville des marins. Quel meilleur endroit pour trouver des pirates ? Enfonçons nous sur Wapping High Street pour rejoindre le Town of Ramsgate (ancien Red Cow's Tavern), pub connu pour abriter des grands noms de marins. Le Capitaine William Bligh, non pas pirate mais bien officier de la Royal Navy, s'y arrêtera, avant d'être victime d'une mutinerie en avril 1789. Autre navigateur célèbre qui fréquenta le Town of Ramsgate, James Cook, premier européen à poser le pied sur la côte Est de l'Australie. Quant à la légende, et selon Eric Simon, elle raconte que c'est à ce même endroit que Daniel Defoe rencontra les célèbres pirates qui lui servirent à écrire son ouvrage Histoire de la Piraterie.

La bible des pirates

Ce n'est donc pas un quartier qui va guider notre périple aujourd'hui, mais bien un livre. Ecrit en 1724, A General History of the Robberies and Murders of the most notorious Pyrates (de son nom original), présente l'histoire de grands pirates, dont certains posèrent pied à Londres. Son auteur utilise le pseudonyme de Capitaine Charles Johnson, mais la majorité des historiens attribuent ce travail à Daniel Defoe lui même. Si le second volume se permet plus de fantaisies en introduisant des personnages de fiction, le premier serait connu pour s'appuyer sur de véritables sources historiques - en embellissant simplement certains détails pour la légende. Il serait difficile de résumer l'ensemble de cet ouvrage, et nous n'avons pas la prétention de recouvrir l'histoire de la piraterie anglaise dans un seul article. Voici donc un aperçu des plus grands pirates qui ont foulé le sol anglais.

(source photo: Anne Bonny, d'après une illustration de la version allemande d'Histoire de la Piraterie)

L'Angleterre, terre de piraterie

Commençons par celui dont l'allégeance à son Capitaine ne dura pas bien longtemps, Jack Rackham, aussi connu sous le nom de Calico Jack. Marin à bord du bâtiment de guerre anglais le Neptune, il sera à la tête d'une mutinerie contre le Capitaine Vane, qui refusait alors d'attaquer un navire français. A noter que le Capitaine Charles Vane sera, selon certains, laissé à l'abandon sur une ile déserte avec un pistolet chargée d'une seule balle. Scénario contesté qui inspirera sûrement les créateurs du personnage de Jack Sparrow - d'autres sources racontent qu'il fut laissé avec une partie de l'équipage. Quant à Rackham, son nom inspirera Hergé lorsqu'il créera le personnage de Rackham le Rouge, fidèle personnage des aventures de Tintin. D'un point de vue historique, il sera surtout connu pour avoir eu dans son équipage deux femmes pirates, Anne Bonny et Mary Read. Si la première était irlandaise, la seconde a bien grandi à Londres, vers 1690. Travestie et déguisée sous le nom de Willy Read, elle s'engage à bord d'un navire marchand hollandais, avant d'être intégrée dans un équipage pirate. Elle rencontre alors Rackham et Anne, et se lie fortement d'amitié avec cette dernière, les historiens leur prêtant même une relation amoureuse. Lorsque l'équipage est arrêté par la Navy anglaise, elles prétextèrent être toutes deux enceintes pour éviter une exécution. Aujourd'hui, elles restent les femmes pirates les plus célèbres de l'histoire.

Plusieurs grands noms de la piraterie naquirent en Angleterre, et foulèrent sûrement le sol de la capitale. Si Kidd, dont nous avons déjà parlait, était Ecossais, Edward Teach lui, vit le jour à Bristol. Celui qui hante régulièrement les grandes histoires de pirates sous le nom de Barbe Noire officiera principalement près des colonies britanniques, en Caroline du Sud. Edward Low, dont le pavillon représente un squelette rouge sur un fond noir, serait né à Westminster, à la même époque de Mary Read, avant de partir en quête d'aventure à Boston. Il fait partie, aux côtés de Teach, Bartholomew Roberts, Henry Morgan, Kidd et William Fly, entres autres, des pirates qui ont participé à l'âge d'or de la piraterie, connu comme s'étalant sur trois phases de 1650 à 1730. 

(source photo: version Poche de l'Ile au Trésor, de Robert Louis Stevenson)

La piraterie s'installe dans la culture populaire

Le National Maritime Museum, situé à Greenwich retrace aujourd'hui ces histoires de pirates, et possède notamment une ou plusieurs copies de la première édition d'Histoire de la Piraterie. Si vous souhaitez en savoir plus, un arrêt dans le coin serait des plus conseillé. Sinon, la culture populaire de ces dernières années offre une place plus qu'importante à la culture de la piraterie. La littérature britannique, dans un premier temps, avec L'île au trésor de Robert Louis Stevenson, ou Peter Pan, de J. M. Barrie. Plus récemment, on les retrouve au cinéma, avec diverses adaptations littéraires ou le succès Disney de Pirates des Caraïbes. La télévision n'est pas en reste, avec la nouvelle série Black Sails, qui met en scène les pirates dont nous parlions plus haut. Plus original, la littérature japonaise à travers le manga One Piece, dont les personnages s'inspirent des plus grands noms de la piraterie, tel Barbe Noire, Kidd, ou Low. Et sûrement tant d'autres. 

Laissons à présent nos pirates se reposer à Greenwich, où nous sommes arrêtés. Quant à nous, baissons le pavillon noir de manière temporaire : le chapitre est terminé, mais l'histoire reste encore à lire.

Cindy Jaury (www.lepetitjournal.com/londres) jeudi 17 avril 2014

lepetitjournal.com londres
Publié le 16 avril 2014, mis à jour le 17 avril 2014
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