Édition internationale

La Nuit des Idées, une soirée pour penser demain

Le 6 février 2025 marquait l’annuelle soirée de la Nuit des Idées, à l’Institut Français du Royaume-Uni. À travers plusieurs conférences, sur toute une soirée, l’idée était d’évoquer plusieurs sujets importants de société et de discuter, lors de débats ouverts. Pour l’édition 2025, la thématique était : “Prendre des Mesures”. Mais alors, que s’est-il passé ? Quels sont les moments forts de l’événement ? Retour sur la Night Of Ideas.

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Écrit par Ewan Petris
Publié le 10 février 2025

Parfois, nous avons tous besoin de se changer les idées, et l’Institut Français l’a bien compris. Avec Night Of Ideas, l’institution prône, pour une soirée de gala, la réflexion autour de sujets divers et variés. L’un d’entre eux, particulièrement attendu, était “Europe At War”, une conférence censée discuter le statut de l'Europe, et notamment le conflit en Ukraine.

 

"Les règles internationales sont ce qui autorise une coexistence en paix entre nations".

 

“Il est dans notre intérêt que tout s’arrête”

Lors de la conférence Europe at War, a été souligné l'importance du soutien à l'Ukraine face à l'agression russe et la nécessité d'une Europe plus forte. Catherine Colonna, ancienne ministre française des Affaires étrangères, rappelle avoir visité l'Ukraine à plusieurs reprises et avoir été marquée par : "leur dignité et leur détermination", affirmant que, "ce qui se passe n’est pas un accident, mais un homicide". Sir John Holmes, ancien ambassadeur du Royaume-Uni en France, évoque un "véritable réveil" pour l’Europe, qui, malgré son unité face à la crise, aurait pu agir plus tôt : "Il est dans notre intérêt que tout s’arrête. Pourtant, les signes étaient là, malgré la Crimée." 

 

europe at war Catherine colonna

 

Il reconnaît tout de même que l'Europe a fait preuve d'une solidarité impressionnante envers l’Ukraine : “même si l'aide militaire a été insuffisante pour donner un véritable avantage aux Ukrainiens.” Anand Menon, politologue britannique nuance cet optimisme : "Oui, nous leur avons donné des armes, mais simplement pour leur permettre de durer, pas de prendre l’avantage". Il met également en garde sur l'énorme coût à venir de la reconstruction “car qui va dépenser à ce moment-là ?". Finalement, Catherine Colonna insiste sur le fait que l’Europe devait se renforcer non seulement pour elle-même, mais aussi pour le reste du monde : "les règles internationales sont ce qui autorise une coexistence en paix entre nations".

 

night of ideas

 

Une soirée sous le signe de l’avenir

Après l’ouverture officielle par l’ambassadrice de France au Royaume-Uni, Hélène Duchêne, et la discussion sur Europe At War, la soirée s’est ouverte avec une conversation entre Thomas Jolly, metteur en scène et directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques 2024, et Alexander Zeldin, écrivain et réalisateur. L’enjeu ? Mettre en lumière le rôle de l’art dans la société et son pouvoir de transformation culturelle.

 

L'impact croissant de l'intelligence artificielle sur la création artistique a également été un sujet clé. Le panel Portrait of the Artist in the Age of AI, réunissant Gérard Assayag (directeur de recherche à l’IRCAM), Marion Carré (co-fondatrice de Ask Mona) et Elaine Chew (pianiste et professeure à King’s College London), a exploré les opportunités et les défis posés par l’IA dans l’art, notamment en termes de propriété intellectuelle et d’authenticité des œuvres.


 

portrait of the artist

 

Discrimination de la femme, soucis de l’art et de l’environnement 

Un autre débat marquant, Women Fighting Disinformation, a mis en lumière l’engagement des femmes journalistes et activistes dans la lutte contre la désinformation. Salomé Saqué, journaliste, Nabeelah Shabbir, directrice adjointe de la recherche à l’International Center for Journalists, et Marie-Doha Besancenot, secrétaire générale adjointe de l’OTAN pour la diplomatie publique, ont partagé leurs expériences face aux campagnes de harcèlement et à la désinformation.

 

Dans un tout autre registre, Facts in Fact: Science & Policy-Making, a interrogé la relation entre la recherche scientifique et les décisions politiques. Julia Black (présidente de la British Academy), Thibaud Boncourt (professeur de sciences politiques), Alyssa Gilbert (directrice de l’innovation climatique à Imperial College London) et Pierre-Paul Zalio (sociologue) ont discuté des moyens de renforcer la collaboration entre scientifiques et décideurs, et de rendre les politiques publiques plus fondées sur des preuves.

 

Enfin, le rôle des artistes en temps de guerre a également été abordé dans Ukraine Wartime Artists: Narratives and National Identity, où Maria Kulikovska (artiste et architecte), Sergiy Lebedynskyy (photographe et commissaire d’exposition) et Emeric Lhuisset (artiste et chercheur) ont expliqué comment l’art peut servir de témoignage et de résistance face à l’agression russe. La question de la démocratie participative a également été débattue dans Direct Democracy or Disorderly Conduct ?, une joute oratoire opposant deux équipes de l’UCL Debating Society sur le rôle des assemblées citoyennes dans l’élaboration des politiques publiques.


La soirée s'est conclue sur une note musicale avec un DJ set du duo SUNANA, car après avoir échauffé les esprits, quoi de mieux que de se laisser porter par une note house ?