Plonger dans les rues sombres de Whitechapel à la tombée de la nuit, frissonner en écoutant les récits glaçants d’un tueur en série mythique… Voilà ce que j’ai testé pour vous lors d’une visite guidée spéciale Halloween. Accompagné d’un guide britannique qui faisait pour la première fois cette visite en français, je me suis retrouvé à déambuler là où Jack l’Éventreur, ce mystérieux monstre, a terrorisé Londres à la fin du 19ᵉ siècle. Deux heures entre fascination et horreur, le tout en compagnie d’une vingtaine de curieux prêts à jouer les criminologues d’un soir.
Whitechapel, automne de la terreur
Whitechapel, 1888. Les rues sont sales, la misère est omniprésente, et la plupart des enfants n’y survivent pas au-delà de 5 ans. L’automne de la terreur commence, alors que le quartier est plongé dans la peur : un tueur en série, bientôt connu sous le nom de Jack l’Éventreur, traque ses victimes, toutes des femmes issues de milieux précaires. Cinq d'entre elles sont retrouvées égorgées, certaines mutilées avec une violence inouïe, leurs organes disposés de manière macabre.
Notre guide, en nous entraînant dans les ruelles exactes où ces crimes ont eu lieu, nous décrit l’ambiance de l’époque : « Imaginez des rues bondées, sales, où le gin coule à flot pour échapper à la misère. » A Whitechapel, en 1880, une pinte de gin ne coûtait que trois pence. C’était la boisson de prédilection pour oublier la pauvreté, entraînant alcoolisme et violence. Polly Nichols, la première victime de Jack l’Éventreur, est un triste exemple de cette déchéance. Mère de cinq enfants, elle sombre dans l’alcoolisme après son divorce, et finit par vagabonder dans les rues de Londres, jusqu’à croiser la route du tueur.
Les crimes sordides d’un tueur insaisissable
C’est au cœur de Whitechapel que Jack l’Éventreur frappe. Cinq femmes sont assassinées dans une série de crimes tous plus horribles les uns que les autres. Notre guide s’arrête devant une maison décrépite, figée dans le temps. Elle n’a jamais été rénovée, car elle sert de décor pour des tournages, notamment Peaky Blinders. « On dit que le propriétaire savait qu’elle servirait un jour pour le cinéma ! », plaisante le guide, avant de revenir à un ton plus grave pour décrire le sort d’Annie Chapman, deuxième victime de Jack. Issue d’un couple respectable, elle sombre dans l’alcoolisme après la mort de ses trois enfants, victimes de la méningite. Lorsque son mari décède, elle est retrouvée la gorge tranchée, ses organes retirés et déposés sur son épaule droite.
Le mystère qui entoure l’identité de Jack l’Éventreur a fasciné des générations entières. Parmi les suspects ? Un certain John Pizer, puis un médecin, Francis Tumblety, qui prétendait posséder une macabre collection d’utérus de femmes… Pourtant, le tueur n’a jamais été attrapé. « Vous pensez que c’est important de savoir qui est Jack l’Éventreur ? » demande notre guide, avant de répondre lui-même : « Il est devenu une rockstar alors qu’il a fait des choses horribles. Mieux vaut ne jamais savoir, sinon je n’aurais plus de travail ! » déclare t-il d’un ton blagueur.
"Rappelez-vous de ces femmes plutôt que de Jack l’Éventreur !"
L’héritage des victimes de Jack
À la fin de la visite, notre guide fait un virage surprenant. Après deux heures de récits macabres, il décide de remettre les pendules à l’heure : « Rappelez-vous de ces femmes plutôt que de Jack l’Éventreur. Ce sont leurs morts qui ont déclenché des réformes sociales, pas ses crimes. » Après l’assassinat de Mary Jane Kelly, la dernière victime officielle, les habitants de Whitechapel ont exigé du changement. Ils ont porté son cercueil en signe de protestation, et même écrit à la reine Victoria, poussant le gouvernement à prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie dans le quartier.
Une expérience Halloween à ne pas manquer
Cette visite guidée est une expérience idéale pour plonger dans l’ambiance d’Halloween. Mon conseil ? Choisissez l’horaire le plus tardif possible pour que la nuit ajoute à l’immersion. En pleine obscurité, les ruelles de Whitechapel deviennent véritablement angoissantes, et les histoires semblent encore plus réelles.
Vous pouvez réserver cette visite sur GetYourGuide, mais attention, elle n’est pas ouverte aux mineurs non accompagnés. Préparez-vous à deux heures d’introspection sur le crime, la société victorienne et les répercussions de ces événements tragiques. Mais ne laissez pas Jack l’Éventreur voler la vedette — pensez plutôt à ces femmes dont les vies brisées ont finalement permis de faire bouger les choses.
Alors, prêt à marcher dans les pas du tueur le plus célèbre de Londres ?
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