Édition internationale

Le film coup coeur du public débarque "en Fanfare" au Royaume-Uni

Avec En fanfare, le réalisateur Emmanuel Courcol orchestre une rencontre entre deux mondes que tout oppose : la grande musique et la fanfare de quartier. Ce qui se présente comme un drame social devient une comédie humaine portée par Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin. À l’occasion de la sortie du film au Royaume-Uni, nous avons rencontré le réalisateur pour parler de musique, de liens familiaux, et un peu, aussi, de son parcours…

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L'affiche d'En fanfare, film coup coeur du public
Écrit par Ewan Petris
Publié le 12 mai 2025

En fanfare, c’est l’histoire d’une rencontre improbable entre un chef d’orchestre parisien et un tromboniste du Nord, mais il s’agit surtout de 19 Prix du public à travers le monde, et un film qui arrive très bientôt au Royaume-Uni (16 mai) ! Nous avons pu discuter avec Emmanuel Courcol, réalisateur du film à succès.

 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de raconter cette histoire à travers la musique, et plus précisément une fanfare ?

Dans ma jeunesse, la musique faisait partie du quotidien familial. J’ai un frère qui jouait de la trompette, donc les cuivres, ça me connait (rires). L’idée du film est née après mon premier projet : Un triomphe, où la musique avait déjà une place centrale. Je me suis dit : “Et si un chef d’orchestre découvrait l’existence d’un frère inconnu ?” Ce point de départ m’a semblé idéal pour créer une rencontre à la fois drôle, sensible et musicale.

 

Emmanuel Courcol ©Carole Bethuel
Emmanuel Courcol ©Carole Bethuel

Pourquoi avoir choisi un contraste aussi marqué entre un orchestre “classique” et la fanfare populaire ?

Justement pour ce contraste ! Il y a une forme de choc culturel et émotionnel dans cette opposition. Le classique représente une certaine rigueur, une forme de prestige ; la fanfare, elle, est dans la spontanéité, l’émotion brute, le collectif. Ce grand écart musical permet de créer du comique, mais aussi de l’émotion. 

 

Comment aborde-t-on la réalisation d’un film centré sur la musique ?

Je l’ai abordée comme une partition. À la réalisation, il y a beaucoup de mouvements, de crescendos et de silences… C’est très intuitif. Au tournage et au montage, tout est pensé avec cette musicalité. Certaines scènes sont presque symphoniques dans leur construction. Je voulais que le film garde cette tension rythmique permanente, comme une œuvre musicale en soi.

 

La révélation d’une adoption à l’âge adulte est un sujet délicat, comment faire pour que cette découverte reste juste, dans le jeu ? 

Finalement la thématique est importante, mais ce n’est pas le cœur du film. Il s’agit plutôt d’un déclencheur. Je voulais que ce soit traité de manière simple et sans lourdeur. C’est un sujet universel, qui peut toucher tout le monde, mais ce qui m'intéressait surtout, était ce que cette découverte provoque : la construction d’un lien, d’une fraternité nouvelle…

 

Benjamin Lavernhe et Pierre Lottin sont à la tête de l’affiche. Comment ce duo s’est-il imposé ?

Pierre Lottin, je l’avais en tête, dès l’écriture. Benjamin Lavernhe, lui, s’est imposé un peu plus tard. Il faut dire qu’être passé par la Comédie-Française est toujours un gage d’exigence et de précision. Sur le plateau, il y a eu un vrai coup de foudre artistique. Ils ont partagé une passion commune pour la musique, et le tournage s’est déroulé dans une ambiance extrêmement joyeuse. La fanfare a aussi beaucoup contribué à la dynamique collective.

 

Le film a déjà reçu plusieurs nominations et prix, qu’est-ce que cette reconnaissance signifie pour vous ?

Effectivement le film a été élu Prix du Public au Festival de San Sebastian, ce qui est, pour moi, un prix absolument majeur. Dans le milieu, le prix du public est parfois vu avec un peu de condescendance, mais en fait tous les cinéastes rêvent de le décrocher. Aujourd’hui, En fanfare a reçu 19 Prix du public à travers l’Europe. Pour moi, il s’agit de ce qui compte le plus : le retour direct des spectateurs. Ce sont eux qui font vivre un film, qui en parlent et qui le portent.

 

The Marching Band

 

Le film sort maintenant au Royaume-Uni, comment voyez-vous son accueil à l’international ?

Le film touche un public très large, en France comme ailleurs. Je pense que ça s’explique vis-à-vis de l’histoire qui est profondément humaine, universelle ; elle parle à tout le monde. Au Royaume-Uni, il y a une vraie tradition du cinéma social et musical, je pense à Ken Loach, bien sûr, et En fanfare s’inscrit un peu dans cette veine. D’ailleurs, le décor du Nord, ses briques rouges, ses anciennes mines, ça peut aussi rappeler certaines régions britanniques.

 

Si vous deviez résumer En fanfare en une seule émotion, laquelle serait-ce ?

Je dirais… un attachement. Un attachement mêlé, familial, pas toujours évident, mais sincère.

 

Si vous pouviez avoir une fanfare pour vous accompagner sur un tournage, elle jouerait quoi ?

Emmenez-moi, sans hésiter. Ce morceau nous a accompagnés pendant tout le tournage. Nous avons eu la chance de travailler avec une vraie fanfare, qui a donné une dimension encore plus vivante au film. D’ailleurs, les fanfares ont été mises à l’honneur dans plusieurs pays, comme à Rome, pour l’ouverture du film. Je trouve qu’elles ont quelque chose de profondément collectif et fédérateur.


 

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