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Route nationale 2: une pépite méconnue pour (re)découvrir l'intérieur du Portugal (2)

Le précédent article sur la Route nationale 2 a décrit une première étape depuis son départ à Chaves dans la région de Trás-os-Montes jusqu´à la ville de Lamego avec un arrêt obligatoire après la traversée des vallées profondes de la région du Douro. Poursuivons la route vers le sud.

Nacional 2 - PortugalNacional 2 - Portugal
Carte du Portugal©Rui Henrique- Photo©Claire Baudoin
Écrit par Claire Baudoin
Publié le 26 juillet 2023, mis à jour le 3 août 2023

Route nationale 2: une pépite méconnue pour (re)découvrir l'intérieur du Portugal (1)

Plus au sud, l’estrada nacional se perd un peu avec d’autres nationales ; en effet certains tronçons des anciennes voies romaines se croisent et se raccordent avec l’Estrada Real ou encore avec l’Estrada nº 2 construite à partir de 1945, sous l’Etat Nouveau. Le tracé est sinueux.

Des incendies récents ont ravagé les forêts d’eucalyptus. Par-ci, par-là de petites chapelles s’égrènent le long de la route.


Détour par Lazarim

A une quinzaine de kms au sud de Lamego, faites un petit détour jusqu’à Lazarim. Ce village isolé est pourtant célèbre pour préparer les fêtes du Mardi Gras avec de curieux masques en bois faits sur place. Le carnaval pittoresque attire ce jour-là des milliers de visiteurs étonnés et amusés. Durant le reste de l’année, un centre d’interprétation des masques ibériques est ouvert aux curieux pour découvrir cette manifestation païenne extrêmement ancienne.  

 

Masques de Lazarim
©Claire Baudoin

 

Sur la Route nationale 2 : visite obligatoire de la ville de Viseu

Viseu est la capitale régionale du Dão, célèbre pour son vin. Là encore un arrêt s’impose pour monter dans les ruelles du centre historique. En haut, autour d’une large place, on découvre deux bâtiments emblématiques : la Sé cathédrale et le célèbre Museu nacional Grão Vasco, installé dans l’ancien épiscopat du XVIème siècle classé monument national.

Au Km 225 de la Route nationale 2 : Mortágua.

Puis vous arriverez au centre du pays, au nord-est de Coimbra, dans la Beira Alta, à Mortágua. Petite ville tranquille avec son église, sa place et sa rue piétonne où est installé un intéressant centre d’interprétation sur la bataille de Buçaco qui a eu lieu aux environs de Coimbra en 1810, lors de la 3ème invasion napoléonienne.

En route vers les plaines du Ribatejo

Penacova, Lousã… À Sertã (une sertã est une poêle à frire) un pont du XVIIème siècle de six arcs et 64m de long enjambe la rivière. Vila de Rei, situé à 592m, est considérée comme le centre géodésique du Portugal. Il faut se photographier au pied du repère pyramidal blanc et noir de 9m de haut. Belvédère somptueux !

Plus bas, Abrantes est la dernière ville située au nord du Tage. Le château bénéficie d’un immense panorama sur la Beira Baixa, l’Alentejo et le Ribatejo. Les collines aux ondulations douces sont plantées de chênes liège et d’oliviers à perte de vue.

Km 514 de la Route nationale 2 et la traversée de l´ Alentejo

Après Mora et Montemor-o-Novo, au Km 514, la route continue par Alcáçovas : visiter le vieux Paço dos Henriques divisé en deux bâtiments par une rue. C’est ici que fut signé le Traité de Alcaçovas-Tolède en 1479 par le roi du Portugal, Afonso V. Il fut ratifié six mois plus tard par les rois espagnols Isabel et Fernando. Le palais a été restauré récemment.

Plus au sud, la route traverse Ferreira do Alentejo en longeant une curieuse église ronde, a Igreja das pedras. Puis Ervidel, Aljustrel, Almodovar et Castro Verde (à l’est de Beja). Des mines souterraines étaient exploitées dans cinq gisements de cuivre, de plomb et de zinc qui faisaient vivre beaucoup de familles : début XXIème siècle, la Somincor employait 2.000 ouvriers. Un processus de décontamination a été entamé grâce à des robots. Il faut chercher un peu mais en demandant, on finit par trouver un musée de poche qui illustre le quotidien de ces familles.

Défilent des propriétés agricoles immenses appelées « montados » et des villages. Les maisons basses y sont encore chaulées, les entourages de porte et fenêtre sont peints en bleu, en jaune ou en marron. Le temps semble s´être arrêté.

Almodovar : un village inconnu, comme beaucoup d’autres sur cette route ! Et pourtant, ne vous y fiez pas... Des sculptures étonnantes en fer décorent plusieurs ronds-points. Elles rendent hommage aux mineurs de la région et aux pompiers, comme devant la caserne de pompiers ! Des œuvres imaginées par l’artiste fécond Aureliano de Aguiar.

La route écoule encore son ruban, tranquillement. Le maquis, les chênes verts et les chênes lièges, les arbousiers, les cystes odoriférants ont pris d’assaut ces collines difficiles d’accès.

 

Carro de bombeiros em Almodovar
©Claire Baudoin

 

La Route nationale 2 : Direction Algarve

Puis le Barrocal (au nord de l’Algarve) laisse place à des terrains plus ouverts avec des sols calcaires d’où surgissent des sources, des fontaines et des puits (= nora). Les terres sont plus fertiles et ont permis de petites exploitations agricoles avec des vergers où prédominent les amandiers, figuiers, oliviers, caroubiers. Ces productions se reflètent dans la pâtisserie locale à base d’amande et de farine de caroubier.

São Brás de Alportel, dernière ville du barrocal avant Faro. Á la fin du XIXème siècle, c’était le plus grand producteur de liège du monde ! Mais la roue du temps a tourné… aujourd’hui, l’activité se résume à quelques postes de travail et boutiques d’artisanat ouvertes en été. La ville est le parent pauvre de Faro, Loulé, Olhão et Tavira.

Un dernier détour à faire absolument pour visiter le palais des Vicomtes d’Estoi. Cette résidence luxueuse a été récupérée récemment et transformée en pousada en 2009. Á proximité on découvre les ruines romaines intéressantes de Milreu.

Au Km 738 : Faro

Faro est la capitale administrative de l’Algarve. L’arrivée de l’estrada nacional nº 2 est signalée par un dernier rond-point au milieu d’une dense circulation… il mériterait d’être mieux mis en valeur. Heureusement, chacun garde en mémoire la diversité de toutes ces régions traversées, les paysages, la gastronomie, la culture et le riche patrimoine… un moment un peu nostalgique.

C’est pourquoi, il vous reste à partir à la découverte de cette ville historique qui occupe une position stratégique primordiale ; son histoire est si ancienne qu’elle remonte aux Phéniciens, au VIIIème siècle av. JC. Les Romains, les Wisigoths et les Musulmans laissèrent des vestiges avant la conquête chrétienne. Le 1er novembre 1755, elle fut en grande partie détruite par le fameux tremblement de terre. Aujourd’hui on visite le centre, en particulier une immense place entourée par le Paço épiscopal et la cathédrale, le tout enserré dans une muraille épaisse.

Si vous disposez d’une journée supplémentaire, pourquoi ne pas vous rendre sur les plages de la ria Formosa, sur l’île de Faro ou l’île déserte…

Bonnes découvertes !

Claire Baudoin, Guide interprète www.lisbonaround.com, auteur du guide Lisbonne et sa région

Publié le 26 juillet 2023, mis à jour le 3 août 2023

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