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LIVRE : Un balcon à São Filipe - Siestes aux îles du Cap-Vert

Le petit éditeur de Montpellier Yovana a publié en mai dernier le très beau récit de voyages "Un balcon à São Filipe - siestes aux îles du Cap-Vert". un hommage au fascinant archipel africain. Le livre est écrit par Antoine Barral, un écrivain voyageur français, né à Béziers, qui s´est passionné pour les cultures mélangées des trois continents où il a grandi : L´Europe, l´Afrique de l´Ouest et l´Amérique du Sud.

Antoine BarralAntoine Barral
Écrit par Fernando Couto e Santos
Publié le 24 octobre 2023, mis à jour le 25 octobre 2023

Antoine Barral, un écrivain voyageur

Né à Béziers en 1962, Antoine Barral a grandi entre l´Europe, l´Afrique de l´Ouest et l´Amérique du Sud. Il tient deux blogs Dix ans de retard et Les Lettres de mon Trapiche où il nous transmet régulièrement sa passion pour la littérature. Il a écrit à ce jour trois livres en français et un autre en espagnol. Il est également traducteur et a organisé une anthologie bilingue collective d´écrivains issus d´un pays qu´il connaît bien, l´Uruguay.

Écrivain voyageur, Antoine Barral vient de publier aux éditions Yovana de Montpellier un remarquable récit -Un balcon à São Filipe- fruit de sa passion pour l´archipel africain du Cap-Vert, ancienne colonie portugaise qui fascine non seulement par ses écrivains, ses poètes et ses chanteurs et chanteuses -qui ont fait rayonner leur culture mêlant influences africaines, européennes et latino-américaines-, mais aussi par ses belles plages et la gentillesse de ses habitants, insulaires, cosmopolites et polyglottes.  

Le Cap-Vert ne compte sur son territoire qu´un demi-million d´habitants, mais le nombre de ressortissants capverdiens à l´étranger dépasse les sept cents mille, installés pour la plupart au Portugal, en France, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Suisse, au Sénégal et aux États-Unis. C´était un archipel désert au XVème siècle lors de l´arrivée des Portugais, mais le siècle suivant il est devenu une plaque tournante du trafic négrier transatlantique.


Un balcon à São Filipe

Un voyageur un peu naïf décide de passer un mois en solitaire et sac au dos sur les îles du Cap-Vert, vers 2005 ou 2006, sans projet, au hasard des bateaux qui n´arrivent pas et des avions qui tombent en panne. Le voyageur s´interroge le long du récit sur la réalité capverdienne où la pureté originelle –qui fait sa richesse- est menacée par le tourisme de masses. Dès les premières pages, pendant le vol, il se sert d´une métaphore en guise de question : «L´économie capverdienne est-elle un avion qui décolle avec les réservoirs vides ?». Une fois arrivé à Praia, la capitale, il demande au chauffeur de taxi de le déposer au centre-ville, sur la fameuse place Albuquerque, cœur historique de Praia. Il peine à trouver un hôtel : ils sont tous complets, fermés ou trop chers ! Enfin, au centre culturel français, une dame très aimable l´oriente vers un hôtel qui reste introuvable dans la rue voisine. Va-t-il dormir dehors ? Il le craint: «Rues pavées désertes, mal éclairées, trottoirs défoncés, immeubles lépreux. C´est l´Afrique déglinguée, sale, triste…Praia, au premier abord, me fait peur. Tout ce que j´ai lu et entendu sur l´insécurité dans la ville commence à me rendre paranoïaque. J´en regrette presque la chambre à cent euros au Tropico». Revenu sur la place, il trouve enfin la pension Sol Atlântico, la moins chère de la ville.  

Le voyageur se promène un peu partout sur l´île : à Praia, à São Filipe, où que ce soit, du côté de la plage ou près du volcan. Il découvre ainsi la diversité et la beauté du paysage : «Une fois le col franchi, la route traverse un paysage lunaire, d´une beauté fantastique. Nous découvrons le chaos des champs de lave des dernières éruptions de 1951 et 1995. À notre gauche, des falaises comme je n´en ai jamais vu, par la hauteur comme par la palette de noirs, d´ocre, de gris, de rouges…À droite, le Pico, le nouveau cône qui s´est développé dans la caldeira après son effondrement, il y a des milliers d´années. À peine plus haut que les falaises qui l´entourent en demi-cercle, il est invisible de São Filipe, à l´ouest. Au contraire, il domine l´est, côté de Santiago, où la caldeira est largement ouverte sur les pentes très raides qui descendent vers la mer».  

Enfin, le voyageur ne pouvait rester indifférent aux problèmes économiques du pays et surtout à ce qui devenait une réalité qui n´a fait depuis que s´accentuer : l´envahissante présence chinoise en Afrique qui inquiète pas mal d´Africains. D´aucuns pourraient voir ici des relents de xénophobie de la part de ces Africains-là, mais il n´en est rien. À la fin du récit, en guise d´épilogue, on peut trouver un chapitre intitulé «Les tribulations d´un Chinois au Kenya» où, au Forum social à Nairobi en 2007, de jeunes Africains s´interrogeant sur la présence chinoise dans leur continent, accusent en quelque sorte les Chinois de ne penser qu´à leurs intérêts, de faire des investissements à leur seul profit, ne donnant pas de travail aux Africains (les ouvriers venant eux-mêmes de Chine), bref, de ne pas faire mieux que les anciens colonisateurs Français, Anglais, Portugais ou autres.

Le récit, sous forme de carnet de bord, est entrecoupé de textes plutôt brefs, fort intéressants, sur des figures de la musique -funaná, morna, coladeira- comme Cesária Évora, Bana, Ildo Lobo, B.Leza ou Lura, ou de la littérature comme Baltasar Lopes, Germano de Almeida, Manuel Lopes ou Henrique Teixeira de Souza.  

Si Un balcon à São Filipe a comme sous-titre "Siestes aux îles du Cap-Vert", soyez sûrs, chers lecteurs, qu´en lisant ce livre vous n´aurez nullement envie de vous endormir. Bien au contraire, vous aurez envie de vous déplacer aux îles du Cap-Vert et y faire peut-être une sieste sous les airs doux d´une morna…  

Antoine Barral, Un balcon à São Filipe-siestes aux îles du Cap-Vert, éditions Yovana, Montpellier, mai 2023.

 

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