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Les bourgeois de Calais, un roman de Michel Bernard

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Écrit par Fernando Couto e Santos
Publié le 9 décembre 2021, mis à jour le 9 décembre 2021

Énarque, sous-préfet mais surtout écrivain, Michel Bernard cultive depuis des années sa passion pour l´Histoire qu´il ne cesse de partager avec ses lecteurs à travers ses essais et ses romans passionnants. Avec Les bourgeois de Calais, il nous raconte l´histoire de la sculpture éponyme d´Auguste Rodin censée rendre hommage à six figures légendaires du Moyen Âge qui se sont rendues au roi d´Angleterre pour sauver l´honneur de Calais. C´est aussi l´histoire de l´amitié entre Auguste Rodin et Omer Dewavrin, maire de Calais.  

 

Michel Bernard, écrivain

Né en 1958, Michel Bernard, haut fonctionnaire de l´administration française, a une quinzaine d´ouvrages à son actif parmi lesquels des essais et des romans portant sur des écrivains, des peintres, des musiciens, des moments de l´Histoire de ce cher et doux  pays qu´est la France. Son premier livre, Mes Tours de France, a été salué par l´écrivain Louis Nucera qui a écrit ce qui suit : «On s'y régale. Il y a les souvenirs. Il y a quelques espérances personnelles jetées aux orties dans la bonne humeur. Il y a du plein-vent, d'enivrantes odeurs, du grand soleil. Il y a le goût des choses simples. Il y a le vélo et les regards mystiques dont on l'entoure. Il y a les coureurs cyclistes, ces êtres de chair et de sang qui brillent comme des astres. Il y a la langue d'un vrai écrivain. Sa sensibilité. La beauté, çà et là, emporte quelques victoires.» Ce serait difficile de recevoir plus bel éloge.


Les bourgeois de Calais : rencontre d´Omer Dewavrin, notaire et maire de Calais, et du sculpteur Auguste Rodin

Le dernier roman de Michel Bernard, Les bourgeois de Calais, paru fin août aux éditions de La Table Ronde, fait le récit de la rencontre en 1884, d´Omer Dewavrin, notaire et maire de Calais, et du sculpteur Auguste Rodin. C´était Paul Isaac, un peintre calaisien, qui avait recommandé à Omer Dewavrin le nom d´Auguste Rodin après que le conseil municipal eut adopté sa proposition d´élever un monument sur la place principale de la ville. De quel monument s´agissait-il ? C´était tout bonnement un hommage à six figures de la guerre de Cent Ans, les soi-disant Bourgeois de Calais, qui en 1347 s´étaient rendus au roi d´Angleterre pour épargner les habitants de la ville et leurs biens.  

Aussi Omer Dewavrin a-t-il fait un jour le déplacement à Paris pour rencontrer Rodin –dans l´atelier duquel on rencontrera parmi les apprentis une certaine Camille Claudel - qui a accepté d´élever le monument à la gloire de ces braves Calaisiens du Moyen Âge. Encore fallait-il que Rodin fut le candidat choisi. En attendant, le maire était impressionné par la figure et la personnalité du sculpteur : «Quel drôle de bonhomme, ce Rodin. L´extraordinaire était qu´un artiste promenât une apparence aussi banale, aussi gauche dans un univers aussi extravagant. La femme nue dans la halle glacée, l´émeute livide et silencieuse des statues gesticulantes, toutes ces chairs de plâtre et de marbre, voluptueuses et insensibles, tordues et fixées dans les gestes, les postures, les extases d´on ne sait quels désirs, quelles jouissances, quels effrois (…) Les images de sa visite à Rodin le poursuivaient, concrètes, vivantes, alors que l´autre sculpteur(…) déjà fondait dans son souvenir. Il ne comprenait rien à ce Rodin, mais quelque chose lui disait que ce serait lui, qu´il fallait que ce soit lui. Et cela l´inquiétait, comme une énigme».  

C´était l´année 1884 et le projet de Rodin serait approuvé. Pourtant, il s´est écoulé dix ans entre le moment où fut passée la commande de la ville de Calais et le moment où  fut inauguré le monument. Rodin avait du mal à finir son œuvre puisqu´il cherchait la perfection et le temps des affaires, de la politique, de l´administration n´est pas le plus souvent le temps de l´artiste. L´enthousiasme d´Omer Dewavrin et de sa femme Léontine qui ont toujours cru au génie du sculpteur fut déterminant pour que Rodin pût achever son œuvre, en dépit du goût académique et des controverses idéologiques.  Néanmoins, au moment où la date de l´inauguration était finalement fixée, une épidémie de choléra s´est déclenchée sur la ville de Calais et l´inauguration du monument a dû donc être reportée. Cette épidémie a exigé des  mesures de confinement drastiques dans les quartiers concernés. Le maire «fit contrôler les accès, réquisitionna les médecins et prescrivit en urgence un plan de désinfection des secteurs insalubres. Les cholériques, même les cas douteux, furent hospitalisés et mis à l´isolement, les visites des familles et amis interdites ; on posta des gardes devant les domiciles des intransportables. L´État délégua un praticien spécialiste de l´hygiène publique et envoya du matériel».

Le monument «Les bourgeois de Calais» fut enfin inauguré en 1895. Il en existe aujourd´hui douze éditions originales en bronze, en France (outre celle de Calais, il y en a une autre à Paris, au Musée Rodin) et à l´étranger (quatre aux États-Unis et encore au Danemark, en Grande –Bretagne, en Belgique, en Suisse, au Japon et en Corée du Sud).

D´une prose sobre et limpide, Michel Bernard nous raconte dans ce roman émouvant non seulement l´origine d´un monument évoquant l'héroïsme de six notables calaisiens, mais aussi l´histoire de l´amitié entre Omer Dewavrin et Auguste Rodin. On peut lire d´ailleurs  la correspondance entre les deux à la fin du roman.

On ne peut que remercier l´auteur pour le bonheur de lecture qu´il nous a procuré avec Les bourgeois de Calais.

Michel Bernard, Les bourgeois de Calais, éditions La Table Ronde, Paris, août 2021.

 

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