Voilà un an et demi que les écoles sont fermées et que les cours ne se font plus de manière présentielle. Au Pérou, tout est ouvert sauf les écoles. Des parents tirent la sonnette d’alarme !
Les écoles du Pérou sont fermées depuis 531 jours
Centres commerciaux, restaurants, bars, musées, cinémas… tout est ouvert ! Les transports publics fonctionnent normalement, les Péruviens sont au travail (pour ceux qui n’ont pas perdu leur emploi), la vie économique est en pleine relance… même les touristes sont de retour ! Mais, de leur côté, les enfants ne peuvent toujours pas retourner à l’école ! Les droits des enfants ne sont visiblement pas une priorité au Pérou. Avec la pandémie, les enfants ont perdu une bonne partie de leurs droits : apprendre, socialiser, jouer avec d’autres enfants… La priorité est à la santé publique (pour ne pas dire à l’économie) dans laquelle la santé mentale des enfants ne semble pas être prise en compte au Pérou. Selon une étude du ministère péruvien de la Santé (Minsa) et de l'Unicef, plus de 30% des enfants et adolescents du pays souffrent de déficience cognitive et mentale.
Une éducation à la dérive face à la crise sanitaire
Avec la pandémie de Covid-19, le Pérou a suspendu les cours dans les écoles, les collèges et les universités dès le 12 mars 2020, forçant à un enseignement virtuel dont tout le monde n'a pas pu bénéficier, notamment à cause de l’accès limité à Internet. Aujourd’hui, le Pérou est l'un des rares pays au monde à avoir encore ses écoles fermées, suscitant de véritables inquiétudes quant au décrochage scolaire et au déficit d’apprentissage.
Est-il possible de parler de génération perdue ? En tout cas, rien que pour l’année 2020, 230 000 enfants sont sortis du système scolaire. Des jeunes gens qui ont très souvent pris le chemin du travail et qui ne retourneront jamais sur les bancs de l’école. Et la projection pour l’année en cours indique que ce nombre passera à plus de 300 000.
Le réveil, ou du moins un début de réaction, car il s’agit d’un mouvement très minoritaire dans un pays où la peur du virus reste bien plus forte que l’éducation, vient des parents qui réclament le retour des cours en présentiel, à l’image du collectif « Volvamos a Classes Perú ». Un groupe de parents qui luttent pour que leurs enfants puissent retourner à l'école, de manière sûre.
« Que le gouvernement nous donne des dates précises »
Le samedi 21 août, des parents, des enseignants et des associations ont organisé une marche de protestation à Lima qui s’est terminée devant le ministère péruvien de l'Éducation (Minedu) pour exiger le retour aux cours en présentiel. Cette manifestation est une réponse à l’annonce du président du Conseil des ministres, Guido Bellido, qui a exclu un retour en classe en 2021, en raison de l’éventuelle arrivée d’une troisième vague du coronavirus.
« C'est incroyable qu'aujourd'hui, tout soit ouvert, sauf les écoles. S'il y avait de réelles inquiétudes au sujet d’une troisième vague, ce sont les établissements non essentiels qui devraient être fermés. Les écoles sont essentielles, elles sont sûres, et elles doivent être ouvertes dès maintenant », a déclaré Milagros Sáenz, représentante de « Volvamos a Classes Perú ». Le collectif propose de commencer à partir d’octobre par des établissements pilotes qui sont déjà prêts, pour que tous les enfants du Pérou puissent revenir à une forme ou une autre de présentiel, à la rentrée scolaire de mars 2022.
Quelques écoles proposent actuellement des cours semi-présentiels avec des enseignants vaccinés
Le processus de reprise des cours semi-présentiels a débuté, en réalité, en avril dans les zones rurales où l’accès à Internet est difficile. À ce jour, 5 109 écoles dans 21 régions ont réouvert leurs portes pour 210 386 élèves et 14 891 enseignants vaccinés. Mais tout cela reste marginal comparé à la vaccination nécessaire des 675 022 enseignants et personnels administratifs qui se consacrent à des activités d'enseignement et d'éducation au Pérou, pour faciliter le retour en classe des enfants. Au 16 août, à l'échelle nationale, seulement 44,85 % (302 729) du personnel éducatif a reçu deux doses de vaccin (53 % dans les zones rurales et 41 % dans les zones urbaines), tandis que 16,92 % (114 238) n’a reçu que la première dose de vaccin.
Bien que le ministre de l'Éducation, Juan Cadillo León, affirme que la priorité de son administration est de reprendre les cours, tout en soulignant que le retour en classe doit être un processus sécuritaire, progressif, flexible et volontaire, le ministre de la Santé, Hernando Cevallos, estime pour sa part qu’il n'est toujours pas recommandé, du point de vue épidémiologique, de reprendre les cours en présentiel, en raison de la menace d’une troisième vague attendue pour fin septembre. Hernando Cevallos a déclaré qu'il procéderait à une évaluation de la pandémie et de la troisième vague dans les 15 premiers jours de septembre, pour savoir s'il fallait ou non recommander au ministère de l'Éducation de reprendre les cours en présentiel.
Il est à noter que la vaccination des enseignants des zones urbaines n’est prévue qu’à partir du mois d’octobre.