Afin de promouvoir la diversité linguistique et rappeler l’importance du multilinguisme dans nos sociétés, la Journée internationale de la langue maternelle est célébrée chaque année, le 21 février.
Le thème de la Journée internationale de la langue maternelle 2023, « L'éducation multilingue, une nécessité pour transformer l'éducation » met l'accent sur l'éducation et les langues des peuples autochtones. L'éducation multilingue basée sur la langue maternelle facilite l'accès et l'inclusion dans l'apprentissage pour les groupes de population qui parlent des langues non dominantes, des langues de groupes minoritaires et des langues autochtones. Environ 40 % des habitants de notre planète n’ont pas accès à un enseignement dans une langue qu’ils parlent ou qu’ils comprennent.
À travers cette journée, l'UNESCO encourage l'éducation multilingue basée sur la langue maternelle ou la première langue, un type d'enseignement qui commence dans la langue que l'apprenant maîtrise le mieux, puis introduit progressivement d'autres langues. Cette approche permet aux apprenants dont la langue maternelle est différente de la langue d'enseignement de combler le fossé entre la maison et l'école, de découvrir l'environnement scolaire dans une langue familière, et ainsi, de mieux apprendre. Le multilinguisme contribue au développement de sociétés inclusives qui permettent la coexistence des cultures, des visions du monde et des systèmes de connaissances.
Au Pérou, comme ailleurs dans le monde, préserver la diversité linguistique est primordial
Étant donné que chaque langue est aussi le reflet d'une culture, les langues locales, en particulier les langues des minorités et des peuples autochtones, jouent un rôle essentiel dans la préservation la diversité culturelle d’une nation. Avec leurs implications complexes d'identité, de communication, d'intégration sociale, d'éducation et de développement, les langues revêtent une importance stratégique. Elles permettent en effet la transmission de la culture, des valeurs et du savoir traditionnel, ainsi que la promotion d'avenirs durables.
Les sociétés multiculturelles, comme au Pérou, existent à travers leurs langues. Il est donc impératif pour le pays de redoubler d'efforts pour préserver sa diversité linguistique. En effet, du fait des processus de mondialisation, les langues se trouvent de plus en plus menacées, voire peuvent disparaître complètement. Or, lorsque les langues s'éteignent, la diversité culturelle s'estompe aussi. Avec les langues, ce sont des perspectives, des traditions, une mémoire collective et des modes uniques de pensée et d'expression qui se perdent.
Plus de 43 % des quelque 6 700 langues parlées dans le monde sont menacées de disparition. Seules plusieurs centaines de langues sont véritablement valorisées dans le système éducatif et dans le domaine public, et moins d'une centaine sont utilisées dans le monde numérique. Toutes les deux semaines, une langue disparaît pour toujours, emportant avec elle tout un patrimoine culturel et intellectuel. Au Pérou, 7 langues autochtones sont en danger d'extinction car elles sont parlées uniquement par de petits groupes de la population : Resígaro, Oomagua, Taushiro, Munichi, Iñapari, Iskonawa et Chamikuro.
Au Pérou, une diversité linguistique composée de 48 langues autochtones
Sont considérées langues autochtones au Pérou, celles qui étaient parlées avant l'arrivée de la langue espagnole au XVIe siècle et qui sont encore utilisées aujourd’hui sur le territoire national péruvien. Si l’espagnol prédomine désormais, c’est la langue la plus parlée dans le pays avec plus de 85% de la population péruvienne qui l’utilise pour communiquer, le Pérou compte également plusieurs autres langues maternelles dans divers endroits de l'Amazonie et des Andes péruviennes.
Le Pérou compte 48 langues autochtones dont 44 amazoniennes et 4 andines. Des langues largement utilisées puisque plus de 15% des Péruviens ont l'une d’entre elles comme langue maternelle. Parmi les plus parlées, figure le « quechua » principalement utilisé dans les Andes péruviennes, dans les régions du centre et du sud telles que Cusco, Ayacucho, Huancavelica, Puno et Apurímac, mais aussi le « aymara » qui est parlé par 27% de la population de Puno, près du lac Titicaca.
Le Quechua, de langue de conquête à objet de discrimination
S’il n’est pas nécessaire de traduire « poncho », donnons un autre exemple de mot provenant du quechua avec « qosqo » qui signifie « nombril » et qui a donné « Cusco », centre ou capitale de l'Empire Inca, une ville désormais visitée par des milliers de touristes qui se rendent au Machu Picchu.
Le quechua qui était parlé par les Incas, a été utilisée comme une sorte de « langue de civilisation » pour conquérir toutes les Andes. Ensuite, les conquérants espagnols ont voulu connaître cette langue en profondeur, ils ont écrit des dictionnaires et des grammaires afin de mieux évangéliser les autochtones. Au temps de la République péruvienne, le quechua a perdu de son importance jusqu'à tomber presque en désuétude. De nos jours, très peu de gens au Pérou désire apprendre cette langue, principalement pour des raisons racistes et pour le manque d'opportunités qu'implique le fait d'être un locuteur de quechua.
Il existe aujourd’hui plusieurs variantes de cette langue telles que le quechua amazonien (San Martín, Madre de Dios, Chachapoyas et Loreto), du nord (Lambayeque, Cajamarca et Piura), central (Lima, Junín, Pasco, Áncash et Huánuco) et méridional (Apurímac, Arequipa, Cusco, Moquegua, Puno, Huancavelica et Ayacucho).
Les langues Aymara, Shipibo-Konibo… richesse linguistique du Pérou
La langue aymara provient de la ville du même nom et est parlée principalement dans les régions de Puno (lac Titicaca), Moquegua, Lima, Tacna et Arequipa. C'est une langue purement andine, qui au fil des années a atteint d'autres espaces géographiques comme la capitale péruvienne.
Le shipibo-konibo est une langue principalement parlée en Amazonie péruvienne, dans des régions telles que Madre de Dios, Loreto, Ucayali, Huánuco et mais aussi sur la côte, comme à Lima avec la Communauté de Cantagallo. Les indigènes parlant cette langue sont connus pour être des artisans exceptionnels en matière de fabrication de textiles et de céramique.
Cliquez ici pour en savoir plus sur les langues natives du Pérou et sur la carte sonore des langues autochtones du Pérou du Ministère de la Culture.