Cette citadelle militaire située au nord de Lima, construite au XVIIIe siècle, a joué un rôle important durant l’époque coloniale en protégeant la capitale des attaques des pirates et des corsaires.
C’est le vice-roi José Antonio Manso de Velasco qui posa la première pierre le 1er août 1747 de ce qui allait devenir l'imposante forteresse Real Felipe. L'année précédente, plus exactement le 28 octobre 1746, a eu lieu un tremblement de terre dévastateur et un raz de marée qui ont détruit le port de Callao. Cet événement malheureux a convaincu les autorités vice-royales de construire une défense plus solide pour protéger la ville de Lima du siège constant des pirates et des corsaires.
La direction des travaux a été assurée par le Français Louis Godin
La réalisation des plans a été confiée au cosmographe français Louis Godin, venu à la tête de la célèbre expédition géodésique française, avec Pierre Bouguer et Charles Marie de la Condamine. Le projet présenté par Godin a été retenu, laissant de côté les deux autres projets appartenant aux ingénieurs José Amich et Juan Francisco Toesa.
La construction a duré 29 ans. Les pierres utilisées ont été apportées de l'île de San Lorenzo (située en face de la baie de Callao), mais aussi du Panama et de l'Espagne. La forteresse, d’une superficie de 7 hectares, présente une forme pentagonale avec un bastion à chacun de ses 5 sommets et des murs de fortification dépassant les 6 mètres de haut pour un périmètre extérieur de 1.580 mètres.
Ce magnifique fort est également entouré d'un fossé de 16 mètres de large sur 2 mètres et demi de profondeur. Il disposait d'un système de remblais qui réussissait à cacher la forteresse aux observations de la haute mer et empêchait les assaillants d'avoir une quelconque protection pendant l'attaque.
Son nom a été donné en l'honneur du roi Philippe V de la maison de Bourbon, décédé précisément l'année du début de la construction. Plus tard, il a été rebaptisé « Castillo de la Independencia » par José de San Martin au début de la période républicaine. Mais il a finalement repris son nom d'origine en 1925.
Le dernier bastion de la vice-royauté de Lima
Lorsque le général San Martín a proclamé l'indépendance du Pérou, le fort était aux mains des royalistes. Le gouverneur de cette forteresse était alors le maréchal Don José de La Mar qui après une période de résistance, accepta une capitulation honorable signée le 19 septembre 1821.
Au cours des décennies suivantes, la forteresse Real Felipe a été le théâtre de la lutte des dirigeants de la république naissante. Pour sauvegarder l'ordre et consolider la paix intérieure, le gouvernement décrètera même le démantèlement du fort comprenant l'enlèvement des canons et des pont-levis. Cependant, il entrera à nouveau dans l'histoire le 2 mai 1866, à la suite du bombardement du port de Callao par l'escadre espagnole.
Rôle de premier plan lors de la bataille du 2 mai pour éviter la tentative de nouvelle domination espagnole, mais aussi pendant la guerre du Pacifique
Le Real Felipe a de nouveau été utilisé comme centre de commandement et opérations de guerre. Le président lui-même, Don Mariano Ignacio Prado, a dirigé la préparation et l'organisation d'un escadron de défense devant le Real Felipe, pour couvrir la partie de la ville qui n'avait pas de batteries armées.
Après avoir été le théâtre de soulèvements militaires et un quartier général important pendant la guerre avec le Chili, la forteresse ne servira que de quartier général de la Légion péruvienne de la Garde, jusqu'à ce que l'armée décide d'ouvrir ses portes au public.
Actuellement, la forteresse est donc un musée ouvert au public, dont l'entretien est confié à l'armée péruvienne. À l'intérieur du musée, deux tours sont accessibles, considérées comme de petites forteresses au sein de l'infrastructure, au sommet desquelles se trouvent des plates-formes avec des canons. Il est également possible de visiter la maison du Gouverneur avec une exposition d'armes militaires qui va de l'époque inca aux précurseurs et héros de l'indépendance du Pérou.