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Tez Cadey, l’étudiant lillois devenu une star en Asie

Tez Cadey DJ Asie Tez Cadey DJ Asie
Écrit par Alhéna Domela
Publié le 29 juillet 2019, mis à jour le 29 juillet 2019

Son single « Seve » totalise plus de 3 milliards d’écoutes. Peu connu du grand public français, le DJ Tez Cadey remporte un succès spectaculaire en Mongolie, en Chine et en Corée du Sud.

 

Tout commence dans une chambre d’étudiant, rue Nationale à Lille. Tez Cadey étudie à HEI, une école d’ingénieur généraliste. Ce franco-américain ambitionne de devenir ingénieur architecte au bout de ses cinq années d’études. Mais dès la fin des cours, il dédie une grande partie de son temps à sa passion, la musique. Bien qu’il n’ait jamais pensé faire carrière dans ce domaine, il passe la plupart de ses nuits à composer. Malgré un matériel rudimentaire, il ne lui faut que quelques heures pour créer de nouveaux morceaux. « J’avais un ordinateur portable tout pourri qui fonctionnait uniquement quand il était branché, donc il ne fallait pas trébucher sur les prises sinon tous mes projets partaient en fumée ! J’avais aussi un petit clavier MIDI d’occasion et des petites enceintes que l’on m’avait offertes au lycée », se souvient l’artiste.  

Tez Cadey DJ Asie

Si la nuit donne un côté mystérieux à son travail, ses compositions ne restent pas pour autant secrètes. Tez Cadey participe activement aux soirées étudiantes de son école et teste ses sons. Un premier succès, Coastal Cat, lui permet de faire connaître sa musique dans d’autres établissements lillois. Mais c’est l’année suivante que la vie du jeune Malo Brisout bascule grâce à son single Seve. « A la base, c’était un autre morceau un peu nul et il y avait juste un passage intéressant avec un gimmick dansant. Quand je le jouais, ça ne marchait pas du tout mais quand ce passage-là arrivait, il se passait quelque chose de magique à chaque fois. J’ai donc fait tout un morceau avec ce petit bout et je suis tombé par hasard sur cette mélodie un peu improbable », raconte-t-il. Son intuition le propulse sur de nombreuses radios en France et en Europe mais aussi sur ses premières scènes. Un an plus tard, Seve disparait progressivement des ondes mais traverse les frontières et rencontre un succès phénoménal en Asie.

 

« Shuffle », la danse du succès

« Je ne sais pas par quel hasard Seve s’est retrouvé numéro 1 pendant un an en Mongolie. C’était improbable ! Du coup, je suis allé jouer là-bas, c’était dingue parce que tout le monde me connaissait vraiment », s’étonne encore le prodige des platines. Son style électro-pop conquiert peu à peu le reste de l’Asie. « Il y a une danse qui a commencé à éclore sur les réseaux sociaux, la « shuffle dance », et c’est devenu viral. Les vidéos circulaient sur Facebook, sur YouTube et ça s’est propagé en Corée du Sud et en Chine où ça a vraiment explosé. Je me suis réveillé un beau matin et je voyais des tonnes de vidéos avec des gens qui dansaient sur mon morceau… Y compris l’armée chinoise ! », se rappelle-t-il.

 

58 fois diamant grâce à ses 3 milliards d’écoutes, son tube le propulse sur des scènes internationales. « C’était marrant, j’étais encore étudiant à Lille, je me souviens être sorti de cours, avoir pris un train jusqu’à l’aéroport Charles de Gaulle puis être arrivé à Séoul après 11 heures d’avion. J’ai fait le concert et juste après, on est reparti à l’aéroport. J’étais de retour à Lille le lundi matin pour les cours. Tous mes amis racontaient leur week-end, leurs sorties en boite… Et moi j’étais complètement décalé, je me disais que ce n’était pas commun et assez incroyable ce qu’il m’arrivait », confie-t-il.

 

D’un pays à l’autre, ses concerts ne se ressemblent pas : « En Corée du Sud, il y a le phénomène de la K-POP qui joue beaucoup, les musiciens sont vraiment adulés. Il y a des gens qui prennent des trains pour venir me voir jouer juste une heure alors qu’ils habitent à trois heures d’ici, qui me ramènent des cadeaux… Ils ne suivent pas juste une  musique, ils suivent un artiste là où en France on est dans une consommation de genres, de types ou de playlists. En Chine, c’est encore différent, l’électronique commence tout juste là-bas. On sent que c’est très nouveau pour les gens et qu’ils découvrent vraiment un son qu’ils n’ont jamais entendu avant », explique le DJ. Il est aujourd’hui l’un des artistes les plus écoutés à l’étranger.

Tez Cadey, des projets plein la tête

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Malgré ce succès à l’international, Tez Cadey n’abandonne pas ses études et obtient son diplôme d’ingénieur. « Jusqu’à ma quatrième année, je n’envisageais pas de faire carrière dans la musique. J’en ai vraiment fait carrière parce que le projet marchait bien, me permettait d’en vivre et me donnait la tranquillité d’esprit pour continuer. Faire de la musique sous pression en devant arrondir ses fins de mois, comme c’est le cas des ¾ des musiciens, c’est vraiment très dur parce que du coup, d’un point de vue créatif, on est un peu obligé que ça marche !  Ce ne sont pas les meilleures conditions pour explorer, expérimenter et sortir des sentiers battus », assure-t-il.

Plus question de devenir ingénieur, le DJ ne voit pas son avenir en dehors du monde de la musique. Qu’importe s’il n’apparait plus au premier plan. « Le grand public voit souvent que la surface immergée de l’iceberg avec les musiciens et les artistes qui tournent mais derrière, il y a énormément de métiers. Pour l’instant je me concentre à fond sur ma carrière car, tant que ça marche, il faut en profiter! Mais il y a encore plein de choses que j’ai envie de faire, et notamment de la musique de film », avoue l’artiste.

Tez Cadey DJ Asie

Un an après la sortie de son album, Tez Cadey souhaite revenir à ses débuts car « le problème en électro, c’est que tout bouge très vite. Je ne regrette pas du tout d’avoir fait un album, c’est une énorme fierté mais pendant deux ans, on n’a pas de retour sur sa musique et on voit peu le public. L’idée, c’est de se refaire plaisir en sortant des morceaux et en allant les tester directement sur scène ».  

 

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