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PASSION CITRÖEN – Pierre, chasseur de DS en Asie

Écrit par Lepetitjournal.com International
Publié le 10 août 2017, mis à jour le 10 août 2017

 

Expatrié en Asie depuis 20 ans, résidant actuellement à Bangkok, Pierre a une passion: les DS. Depuis plus de 10 ans, au gré de ses voyages, il traque inlassablement ces automobiles survivant au fond de garages abandonnés, souvent en piteux état. Histoire de leur redonner vie et d'entretenir la flamme. 


"L'une des plus belles DS de Thaïlande. Même les éléphants semblent en bâiller d'admiration... C'est une DS21 Pallas de 1969, importée en octobre de cette même année en Thaïlande"

Précisons en préambule que si Pierre Jammes cherche les DS, il ne s'agit pas de petites voitures mais bien de ce véhicule mythique qui fleure bon la France des années 60 et 70. « Mon père en avait une lorsque j'étais petit, explique-t-il. Mes voisins aussi. J'imagine que c'est la nostalgie qui m'a donné envie d'en acheter une trouvée Thaïlande, une DSuper 5 de 1972 que j'essaye de bricoler. Mon grand plaisir est de rouler avec le weekend ! »

La passion de Pierre pour cette voiture au design identifiable entre tous est venue petit à petit. « Depuis plus de 10 ans, je profite de mes voyages en Asie pour faire des recherches sur l'histoire de Citroën dans cette région, et pour rencontrer les propriétaires des DS survivantes. » Ces recherches sont prétexte à de belles rencontres, voire à quelques aventures. Il faut accepter de suivre des inconnus au fond de culs-de sac, dans des banlieues bien loin des zones touristiques, pour découvrir parfois quelques trésors marqués de rouille, oubliés depuis des décennies.


photo : "Avec la 2CV, c'est l'entrée du Parc Lumphini, à Bangkok, où se tenait une foire commerciale, en 1956"

En 1919, André Citroën lance sa marque éponyme. Le succès est rapide, en 1924, la marque atteint une production annuelle de 50,000 voitures. Ses fameuses auto-chenilles traversent l'Asie en 1931, à l'occasion de la Croisière Jaune, de Beyrouth à Pékin. En octobre 1955, la Citroën DS est présentée au salon de Paris. C'est une véritable révolution technique et esthétique pour l'époque, et les ventes s'envolent immédiatement. Quelques centaines d'entre elles sont parvenues jusqu'en Asie, qui n'était apparemment pas un débouché privilégié pour la marque. Ce sont celles-ci que traque Pierre, du Vietnam au Japon, du Laos à Singapour.

Le marché automobile local était en effet dominé par les voitures américaines ou japonaises. « Les DS ont connu pas mal de problèmes en Asie. Le modèle est sorti avant qu'il ne soit vraiment au point, explique Pierre. Le liquide hydraulique était corrosif, ce qui provoquait des fuites, et donc des pannes. L'engouement pour cette voiture est donc vite retombé. Encore aujourd'hui la chaleur pose de vrais problèmes de surchauffe. L'essence se transforme en gaz, le moteur s'arrête, il faut donc attendre, ouvrir le capot voire asperger le moteur d'eau froide pour repartir. Mieux vaut donc ne pas rouler avec dans les bouchons et privilégier les routes dégagées ! » De nombreuses voitures ont ainsi été modifiées avec des ouïes pour évacuer la chaleur, ou des ventilateurs supplémentaires. La version hydraulique, trop compliquée à gérer localement, a été remplacée par des modèles à boîte mécanique.

Restaurer ou entretenir les DS aujourd'hui en Asie demande beaucoup de patience et de temps : « le plus difficile est de trouver des mécaniciens qui connaissent l'hydraulique. Souvent seuls ceux qui ont 80 ans ou plus sont capables de le faire ! »

Quelques personnalités asiatiques prestigieuses ont cédé au charme de la voiture adoptée par le Général de Gaulle : le dernier roi du Laos (la voiture repose dans le garage du musée de Luang Prabang), des membres du gouvernement malaisien, le dernier président du Vietnam? « Le Premier ministre thaïlandais, Phibun Songkhram a sauté dans sa DS pour fuir le coup d'Etat en 1957, et trouver refuge à Phnom Penh (on lui a tiré dessus à la frontière) puis au Japon par la suite. J'ai eu la chance de retrouver son fils, ancien diplomate, et sa fille, avec lesquels j'ai pu échanger pendant deux heures. Ils m'ont montré deux de leurs photos où l'on voit la voiture ».

Japon : "Cette adorable photo a été prise lors de l'une de ces sorties aux alentours du lac Biwa, une région touristique du côté de Kyoto, vers 1978. Ikemori-san prenait sa DS21 de 1969 pour sortir avec sa fiancée. La DS est toujours en parfait état, amoureusement entretenue par M. et Mme Ikemori".  

Les acheteurs étaient souvent des personnes ayant vécu en Europe, sensibles à "l'esprit français", ou des amateurs de technologies nouvelles. C'est au Japon que l'on en trouve le plus, alors qu'en Chine (hors Hong Kong), Pierre n'en a pour l'instant déniché aucune? 

Avis de recherche !

Infatigable, Pierre étudie une à une les archives, épluche les annuaires, retrouve des noms d'importateurs, tente de les joindre, les retrouve parfois pour obtenir quelques anecdotes, un ancien prospectus, une carte des concessionnaires? « La plus grande difficulté, c'est le manque de coopération des gens qui ont des archives mais qui ne comprennent pas pourquoi cela m'intéresse », explique-t-il.

Depuis 2006, ce passionné partage le résultat de ses recherches sur le site DSinAsia, qui fourmille de documents, de photos. Les publicités, la saga des importateurs, les rallyes automobiles? le site retrace le plus fidèlement possible l'histoire des véhicules et de leurs acheteurs. Pierre Jammes publie cette année un livre bilingue "Histoires de DS en Asie" et espère un jour, pourquoi pas pour les 100 ans de la marque en 2019, relier l'Asie à la France par la route au volant monobranche de cette voiture mythique, intemporelle.

MPP (www.lepetitjournal.com) mercredi 10 mai 2017

Vous avez des informations concernant Citroën en Asie ? N'hésitez pas à contacter Pierre Jammes :  jammes.pierre@gmail.com

www.dsinasia.com
Photos : courtoisie M. Pierre Jammes

logofbinter
Publié le 10 août 2017, mis à jour le 10 août 2017