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La devise cryptographique qui veut transformer le Venezuela : le Petro

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Écrit par Emilie Martin
Publié le 21 juin 2018, mis à jour le 21 juin 2018

Que ce soit le prix du XRP de Ripple Labs à celui du Bitcoin en passant par l’Ether, depuis la fin des années 2000, les monnaies cryptographiques ont gagné en valeur et en crédibilité et après avoir longtemps subi les quolibets des sceptiques, elles font partie aujourd’hui des investissements les plus populaires. Face à ces plateformes capables d’activer des transactions inter-frontalières quasi immédiates et de générer non seulement leur propre monnaie mais aussi des applications pratiques financées par ces dernières, nombreux sont les gouvernements qui ont envisagé de suivre le mouvement. 
 

Le point sur le Petro

En mars 2018, le président vénézuélien Nicolas Maduro lançait sa nouvelle devise cryptographique. Le Pétro, annonçait-il, serait porteur de succès et de richesse pour la nation sud-américaine, prédiction qu’il accompagnait d’une estimation des ventes de la première journée à 735 millions de dollars. Quels que soient les résultats, le Venezuela y gagnera au moins à être connu : en effet, et bien que l’Iran, l’Inde, la Russie ou encore la Chine en aient tous émis l’idée à plusieurs reprise, l’état d’Amérique Latine est le premier à franchir le pas.
 

Quoi de neuf ?

Contrairement aux devises cryptographiques qui connaissent un succès certain, bien que volatile, depuis une dizaine d’années, le Pétro n’est pas « miné » (le nom donné à l’opération qui consiste à mettre ses ressources informatiques à la disposition du réseau pour valider les transactions avant de les transférer vers le prochain nœud) par des ordinateurs anonymes, mais pré-miné par le gouvernement lui-même. Si on a longtemps considéré le complet anonymat comme l’un des principaux avantages des transactions en Bitcoins, c’est aussi ce qui en fait la monnaie favorite des terroristes et des criminels. Certains considèreront donc peut-être ce premier engagement actif d’un gouvernement dans la production d’une monnaie virtuelle comme un gage de confiance.

D’autre part, c’est sur les ressources naturelles du Venezuela que compte le gouvernement pour donner une certaine crédibilité à sa nouvelle monnaie. Le Petro compte ainsi, pour assurer ses arrières, sur les réserves d’or et sur le soutien de l’industrie pétrolière nationale. Pour parler plus clairement, l’État a réservé cinq milliards de barils de pétrole (d’où le nom de la devise) devant servir de garantie à sa nouvelle monnaie virtuelle. C’est plus que n’en peut dire sa monnaie traditionnelle, le Bolivar qui, confronté à une profonde crise économique et politique depuis que la mort d’Hugo Chavez en 2013 a fait place à l’autorité dictatoriale de Maduro, subit une hyperinflation qui l’a contraint de perdre trois zéro d’un coup (un nouveau Bolivar vaut désormais 1000 Bolivars anciens). 

Malgré la crise et les dettes qui agitent le pays et pourraient refroidir la confiance des investisseurs, la stabilité de la nouvelle monnaie bénéficie toutefois d’un avantage important : à la différence du Bitcoin ou Ripple, le cours du Petro est directement lié à celui du pétrole qui fait office de gage de stabilité.
 

L’avenir

A long terme, Nicolas Maduro ne compte pas s’arrêter là et envisage d’ores et déjà la diversification du Petro. Ainsi, il prévoit non seulement que le Petro dépassera éventuellement le prix du baril, mais aussi qu’on pourra éventuellement investir dans des Petros d’or ou des Petros de diamant. Si les vénézuéliens ne seront pas en mesure d’investir leurs maigres Bolivars dans leurs propres Pétros, qui ne sont pour le moment disponibles que sur les plateformes de trading, Caracas promet toutefois d’investir les recettes de cette ambitieuse idée dans l’import des médicaments et des matières premières qui font si cruellement défaut à l’industrie locale. Situation gagnante-gagnante, ou nouvelle bulle spéculative ? L’avenir le dira. 

Publié le 21 juin 2018, mis à jour le 21 juin 2018