Édition internationale

JUSTICE – Polanski, le fugitif rappelé à l’ordre

Le réalisateur français d'origine polonaise, Roman Polanski, est aussi bien en tête d'affiche pour ses films qu'en Une des journaux dans les colonnes fait divers. Jugé coupable du viol d'une mineure aux Etats-Unis dans les années 1970, il s'était enfui en Europe. L'affaire est actuellement réexaminée en Californie mais rien ne semble pouvoir clore ce scandale qu'il traîne comme un boulet

 
 Non ce n'est pas pour la sortie de son nouveau film mais bien pour le déballage d'une ancienne affaire judiciaire que Roman Polanski fait l'actualité. Le réalisateur oscarisé pour son film Le Pianiste et adulé par les critiques cinématographiques n'en est pas moins perçu comme un criminel en fuite aux Etats-Unis.

Une affaire de m?urs
L'affaire remonte à la fin des années 70. Roman Polanski reçoit alors une commande de quelques photographies pour le magazine Vogue. Le 10 mars 1977, il organise une séance photo à Los Angeles avec une modèle âgée de 13 ans, Samantha Geimer. Il en profite alors pour saouler, droguer et abuser sexuellement de la fillette. Il est immédiatement arrêté par la police. Le réalisateur de Chinatown obtient alors un arrangement avec la justice américaine en se reconnaissant coupable de "relations sexuelles illégales"l'un des 6 chefs d'accusation, pour lesquels il risquait 50 ans de prison. Il est alors emprisonné pour une période d' "évaluation"de trois mois. Il en ressort au bout de 47 jours et, le 31 janvier 1978, au lendemain d'une réunion avec ses avocats et alors qu'on évoquait l'idée de le remettre en prison pour 48 jours supplémentaires, le réalisateur de Rosemary's baby prend le premier vol pour Londres. Il est depuis 30 ans en exil sur le vieux continent.

De victime en coupable
Ce scandale avait alors fait grand bruit aux Etats-Unis. Le cinéaste jouissait pourtant de la sympathie des Américains suite à une autre tragédie lui étant survenue quelques années auparavant. Marié en 1968 à l'actrice américaine Sharon Tate, celle-ci alors enceinte de 8 mois est sauvagement assassinée ainsi que trois de ses amis, en 1969, dans son ranch de Californie, par le tueur en série Charles Manson et sa "famille", alors que Roman Polanski est en tournage au Royaume-Uni. Le réalisateur avec cette affaire de viol est passé du statut de victime à celui de bourreau. Son exil lui a également ôté la possibilité d'aller se recueillir sur la tombe de son épouse. 

To go or not to go ?
Mais bien que sa culpabilité ne soit plus sujette à débat, un documentaire Roman Polanski : Wanted and Desired a démontré les errements de l'enquête de l'époque et a poussé l'avocat de M. Polanski à entamer une procédure pour demander l'extinction des poursuites à l'encontre de son client. La demande a été appuyée par la victime aujourd'hui âgée de 45 ans et qui est favorable à l'abandon des charges visant le cinéaste. Mariée et mère de famille, Samantha Geimer souhaiterait enfin tourner un trait sur cette affaire. Le juge en charge du dossier, M. Espinoza, a indiqué "qu'il y a eu, apparemment, une faute professionnelle substantielle" de la part des instances judiciaires de l'époque. Il a cependant refusé de classer l'affaire tant que M. Polanski serait en fuite et a précisé qu'aucune audience ne pourrait avoir lieu sans sa présence. M. Espinoza a donné jusqu'au 7 mai au réalisateur français pour se présenter devant la Cour qui examinerait alors "l'opportunité" d'annuler les charges. Le réalisateur en pleine activité cinématographique ne semble cependant pas prêt à fouler le sol américain où il risque l'emprisonnement dès son arrivée.
Damien Bouhours (www.lepetitjournal.com) mardi 24 février 2009  

En savoir plus

Article du Figaro, USA : 30 ans après, l'affaire Polanski devant la justice
Dépêche AFP, Relations sexuelles avec une mineure: rejet d'une demande de Polanski
Article de Gala, Le cinéaste est rappelé à L.A par ses juges 
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