Édition internationale

JUSTICE - L’affaire Crémel met la récidive au banc des accusés

Le procès des meurtriers de la joggeuse, Nelly Crémel, tuée en 2005 a débuté hier à Melun. Patrick Gateau et Serge Mathey encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Au-delà du procès, le débat sur la récidive refait irrémédiablement surface

Hier a débuté le procès de Serge Mathey et Patrick Gateau, tous deux accusés d' "arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire d'otage pour faciliter un crime ou un délit"et d' "assassinat". Sur le banc à leurs côtés, Dominique et Murielle Mirat, et leur fils Jérémy, comparaissent également pour non-dénonciation de crime.
L'histoire remonte à 2005. Nelly Crémel, 39 ans, était une mère de famille, mariée à un commandant de la Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Alors qu'elle faisait son jogging dans la forêt près de Reuil-en-Brie, en Seine-et-Marne, elle a eu la malchance de tomber sur Mathey et Gateau. Selon les dires de Serge Mathey, 28 ans, ils l'auraient alors forcée à monter dans leur voiture, et lui auraient pris 20 euros et sa montre. Mais ce qui aurait pu n'être qu'un vol a pris une tournure beaucoup plus dramatique.
La jeune femme a reçu deux coups de fusils, plusieurs coups de crosses et de rondins de bois. Patrick Gateau, 51 ans, nie avoir participé au meurtre. Mathey, lui, prétend que Gateau l'a contraint à la tuer en le braquant.
L'implication de Gateau est justement au cœur de ce procès. Car l'homme a déjà été condamné à perpétuité en 1990 pour assassinat. Il n'aurait jamais dû croiser la route de Nelly Crémel.

Le procès de la récidive
Patrick Gateau a bénéficié d'une remise de peine en 2003 pour bonne conduite. Impliqué dans l'affaire Crémel, il est devenu l'emblème du débat sur la récidive en France. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur en 2005, s'était déclaré choqué. Au moment du meurtre de Nelly Crémel, il avait déclaré que le juge ayant "osé remettre un monstre pareil en liberté conditionnelle"devait "payer"pour sa "faute". Les magistrats s'étaient défendus parlant de "martyrologie sarkozienne". Cette affaire avait entraîné la loi du 24 novembre 2005 qui a mis en place le fameux bracelet anti-récidive.
Aujourd'hui, le débat est à vif. Le premier président de la Cour de cassation, Vincent Lamanda a d'ailleurs remis la semaine dernière à Nicolas Sarkozy un rapport pour "amoindrir les risques de récidive". Car le bracelet ne fait l'unanimité ni à gauche ni à droite, et n'a pas encore prouvé son efficacité.
Le procès des assassins présumés de Nelly Crémel est devenu celui de la récidive. L'avocat de Patrick Gateau craint d'ailleurs que son client ne soit jugé sur son passé. L'accusé pourrait bien payer pour tous les récidivistes de France. Le verdict est attendu dans 9 jours.
Adeline BOURG. (www.lepetitjournal.com) mardi 10 juin 2008

En savoir plus :
L'Express - Le procès de l'affaire Crémel repose la question de la récidive
Le Parisien - Les assassins présumés de la joggeuse devant la justice
Le Monde - Comment Nicolas Sarkozy a gagné contre les juges
Le Figaro - L'assassinat de Nelly Crémel devant la cours d'assisses

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