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Pourquoi la fameuse espionne Mata Hari se surnommait-elle ainsi ?

Matahari Indonesie espionneMatahari Indonesie espionne
Écrit par Athénaïs Pinard Legry
Publié le 5 mars 2024, mis à jour le 5 mars 2024

Un des premiers constats que l’on fait en découvrant le bahasa Indonesia, c’est qu’il y a une certaine logique dans les termes. Ainsi, l’évier se traduit littéralement par « l’endroit où on lave la vaisselle », l’hôpital par « la maison des malades », ou le soleil, très poétiquement, par « l’œil du jour » : « matahari ». Matahari, Mata Hari… cela évoque chez tout Européen un parfum d’espionnage, de sensualité et de première guerre mondiale. Explications.

 

L’histoire commence à la naissance de Margaretha Zelle en 1876 aux Pays-Bas. Margaretha suit de bonnes études avant de se marier à 19 ans avec un officier écossais, Rudolph Mac Leod, aussitôt envoyé en poste à Malang (Java est), dans les Indes néerlandaises.

mata hari espionne indonesie
Margharetta et son époux Rudolph Mac Leod

Dans la future Indonésie, Margaretha fait comme les expatriées européennes de l’époque : elle s’habille à la javanaise, apprend la langue et les danses traditionnelles. Elle y restera 7 ans.

De retour en Europe et nouvellement divorcée, elle s’installe à Paris. Elle s’y fait entretenir par des amants et est ce que l’on appelle alors une « cocotte ». Nous sommes au tout début du XXème siècle.

 

Icône de la Belle Epoque

Embauchée dans un cirque, Margaretha élabore un numéro de danseuse légèrement vêtue. Elle est remarquée par Emile Guimet, le fondateur du musée parisien des arts orientaux, qui l’invite à y présenter un spectacle de danse exotique. C’est à cette occasion que débute la légende, en 1905. Le numéro mêle mythologie hindoue et tenues javanaises dans un scénario érotique : une princesse prénommée Mata Hari se déshabille progressivement pour s’offrir au dieu Shiva. Dans une société qui se remet à peine du rigorisme du siècle précédent, c’est un succès !

matahari musee guimet
Mata Hari spectacle de danse brahmanique au musée Guimet. On voit un kriss, arme mythique et symbolique en Indonésie. @credit photo musée Guimet Paris

Mata Hari est présentée dans toute l’Europe. Elle s’entretient une histoire de Javanaise (elle a le physique pour), initiée au culte de Shiva, dont le mari jaloux lui aurait arraché les tétons dans un accès de colère… Cette dernière donnée lui permettait de justifier la seule chose qu’elle conservait sur scène : un soutien-gorge en brillants et perles, qui aurait a priori surtout servi à masquer la petite taille de ses seins.

 

En parallèle, cette belle et grande femme, peu regardante sur son intimité, collectionne les amants de toutes nationalités dans une Europe qui s’arme.

 

De courtisane à espionne

La première guerre mondiale débute et Mata Hari a des qualités qui retiennent les attentions des services secrets allemands et français : polyglotte, de la nationalité d’un pays neutre, avec toutes les raisons pour voyager, introduite dans les milieux internationaux, y compris militaires…

Elle est recrutée par les deux pays pour s’espionner mutuellement, ce qu’elle fera à Madrid jusqu’en 1917, lorsque l’attaché militaire allemand sur place décide d’envoyer un message à Berlin décrivant ses activités. Ce message est chiffré avec un code que les Allemands savaient connu des Français, et les informations sont amplement suffisantes pour identifier Mata Hari. La jeune femme de 41 ans est donc perdue. Arrêtée à Paris, elle est jugée et condamnée à mort par la France.

Mata hari execution 1917
Exécution de Mata Hari en 1917

La légende s’est gravée durablement dans la mémoire collective avec le retentissement politique et médiatique du procès de cette star de la sensualité, jusqu’au peloton d’exécution à qui elle aurait envoyé un dernier baiser. De nombreux livres et films ont été réalisés sur l'histoire de cette espionne.

 

Mata Hari est devenue en 1917 un mot qui ne résonne pas tout-à-fait pareil dans la tête d’un Indonésien et dans celle d’un Français.