S’il y a une légende à connaître en Indonésie, c’est celle de la Dewi Sri, déesse du riz et de la fertilité.
Dewi Sri est, pour les Javanais et les Balinais, la déesse du riz et de la fertilité. Sa légende est antérieure à la période pré-islamique et pré-hindoue. Dewi Sri règne sur le monde souterrain et sur la lune. Elle possède tous les attributs de la déesse mère et a le pouvoir sur la fertilité des récoltes comme celle du riz, qui est la base de l’alimentation pour les indonésiens. Elle est également associée à la prospérité et à l’harmonie familiale.
Le mythe
D’après le Wawacan Sulanjana, manuscrit Sundanais retraçant l’histoire de la mythologie des dieux, l’histoire de Dewi Sri est associée à l’origine du riz, nourriture principale de la région.
L’histoire commence comme toutes les légendes par :
Il était une fois le royaume des dieux dirigé par Batara Guru, le plus grand d'entre eux. Celui-ci ordonna la construction d’un palais et demanda à chaque dieu et déesse d’utiliser ses pouvoirs pour l’aider dans ce chantier pharaonique. Quiconque désobéirait se verrait puni. Mais l’un d’eux, le dieu Naga avec un corps en forme de serpent ne possédant donc ni bras ni jambes était très inquiet car il ne pouvait aider à la construction du palais. Tandis qu’il pleurait, trois de ces larmes en touchant le sol se transformèrent en de magnifiques oeufs brillants, telles de splendides perles. Ses amis lui conseillèrent d’aller les porter à Batara Guru, certains que le dieu des dieux apprécierait le cadeau et serait compréhensif face à son handicap.
Naga prit les trois perles dans sa bouche et se rendit chez Batara Buru, mais en chemin il fit une mauvaise rencontre. Une corbeau l’approcha et lui posa une question mais Naga ne pouvait répondre de peur de faire tomber ses précieuses perles. L’oiseau trouva Naga très arrogant, l’attaqua et une des perles se brisa. Naga dut se réfugier dans un buisson pour éviter une nouvelle attaque mais une deuxième perle se brisa également. Naga arriva au palais avec la dernière perle qu’il offrit à Batara Guru et à son épouse. Le cadeau fut apprécié à sa juste valeur et il fut proposé à Naga de couver l’oeuf perle jusqu’à son éclosion. De cet oeuf naquit une très jolie petite fille que l’on appela Nyi Pohaci, prénom soudanais. La petite Nyi devint une très belle jeune fille, tous les regards se retournaient sur son passage. Son père d’adoption semblait également très attiré par elle. Les dieux décidèrent qu’ils ne pouvaient laisser les choses ainsi par peur de perturber l’ordre des cieux et décidèrent de l’empoisonner et de la tuer. Son corps fut envoyé sur terre où un paysan le trouva. Il enterra la belle jeune fille et lui fit une sépulture digne de sa beauté. Son nom se transforma en Dewi Sri.
Quelques temps plus tard, des plantes très importantes pour l’homme poussèrent à l’endroit où Dewi Sri était enterrée. On dit que de son nez poussa un cocotier, de ses lèvres et de ses oreilles différents légumes et épices, de ses bras et ses mains le teck, de son sexe le sucre de palme, de ses jambes différentes variétés de bambous et de son nombril poussa le riz, plante qui devint la base de l’alimentation des habitants de l’île.
Toutes les plantes nécessaires ou utiles aux hommes proviennent du corps de Dewi Sri. Depuis, tous les habitants de Java et Bali vénèrent la déesse du riz et de la fertilité.
Représentation de Dewi Sri
Dewi Sri est toujours représentée sous les traits d’une très belle jeune fille. La culture javanaise à l’image des wayang la représente le teint pâle, les yeux en amande et le regard baissé.
Dewi Sri est représentée également accompagnée de son compagnon Sedana, c’est le couple que l’on appelle Loro Blonyo qui signifie "toujours ensemble" symbole du bonheur domestique et de l’harmonie familiale.
Les rituels et célébrations autour de Dewi Sri
Dewi Sri est vénérée à Java et Bali avec des versions différentes des rituels et de la légende en fonction des régions. En dépit du fait que les javanais soient principalement musulmans aujourd’hui et les Balinais hindouistes, ils se retrouvent dans la célébration de croyances indigènes antérieures qui ont pour origine la période animiste.
Ces célébrations sont également le lieu d’attractions touristiques comme dans la région de Bogor lors du festival du riz en septembre. Ces fêtes sont appelées Sekaten ou Grebeg Mulud et correspondent aussi à la naissance du prophète. Nous sommes en plein syncrétisme, une des caractéristiques de l’Indonésie.
Dans les familles javanaises, plus particulièrement celles qui pratiquent le Kejawen, religion philosophique animiste, on trouve dans leur maison un petit temple dédié à Dewi Sri. Elle peut y être représentée seule ou accompagnée de son compère Sedana. Un petit couteau appelé ani-ani en forme de faucille permettant de couper le riz peut y être déposé. Des offrandes et des prières à Dewi Sri y sont pratiquées afin que celle-ci apporte santé et prospérité à la famille.
A Bali, dans de nombreuses rizières, on trouve des petits temples dédiés à Dewi Sri, des offrandes y sont faites régulièrement afin que les récoltes soient abondantes.
De nombreuses versions de la légende de Dewi Sri existent, tout comme de nombreuses célébrations. Nous ne pouvons en un article vous les conter toutes, mais ouvrez les yeux ; Dewi Sri est partout en Indonésie.