Qui n’a jamais vu ces jolies boîtes multicolores accrochées en devanture des petits warung ? Ou encore ce vendeur à scooter transportant d’énormes boîtes bleues ? Elles contiennent les fameux krupuk, ou kerupuk, ces crackers tant convoités par les indonésiens.
L'histoire de cette drôle de chips
Krupuk est un dérivé du mot malais kerupuk qui signifie "croustillant". Car pour être bon, un krupuk se doit d’être croustillant ! Présent dès le IXème siècle en Indonésie, on trouve des traces du krupuk dans d’anciens manuscrits javanais du Xème siècle.
Il existe deux principales sortes de krupuk : le rambak et l’aci.
- Le rambak est fabriqué à partir de peau de vache ou de buffle. La peau est soigneusement nettoyée avant d’être bouillie jusqu’à ce qu’elle soit tendre. Elle est assaisonnée avec des épices, puis séchée au soleil. Ensuite la peau est frite jusqu’à ce qu’elle devienne croustillante.
- Quant au aci, il est préparé à base de farine de tapioca, de blé ou de riz ce qui lui donne une texture plus égère et croquante. La préparation du aci est similaire au rambak. La pâte est préparée en mélangeant la farine avec de l’eau, des oignons, des épices, du poisson, des crevettes… Elle est ensuite façonnée en petits morceaux ou galettes, séchée, puis frite.
Au XIXème siècle, Java était alors un grand producteur de manioc. C’est à partir de cette période, que le krupuk s’est répandu dans tout l’archipel. À cette époque, les indonésiens dépendaient principalement du manioc. De plus, durant les années de guerre, l’Indonésie connu un déficit alimentaire. Les Indonésiens les moins aisés sont contraints de ne manger que des aci et du riz, la viande étant rare et très chère. Le rambak était consommé par les classes supérieures ainsi que par les hollandais qui en étaient très friands.
Le krupuk, bien plus qu’un simple en-cas
Il est souvent servi en accompagnement des repas, ajoutant une texture croquante et une saveur salée qui complète parfaitement les plats indonésiens traditionnels. Il est courant de le déguster avec des plats comme le nasi goreng, le gado-gado ou le soto. Dans de nombreuses cérémonies et festivités, ou tout simplement lors de repas en famille, le krupuk est présent, symbolisant l'hospitalité et les traditions culinaires indonésiennes.
Aliment de base durant la période coloniale, le krupuk fait partie intégrante des célébrations du Jour de l'Indépendance. Le 17 août ne peut être fêté sans les fameux concours de dégustation de krupuk. Ceci permet de renforcer la solidarité communautaire et de transmettre des recettes traditionnelles aux jeunes générations. C'est une manière de célébrer l'identité nationale et la diversité culinaire de l'Indonésie.
En 1930, Sahidin ouvrit la première usine de krupuk à Tasikmalaya, dans l’ouest de Java. Il représente non seulement un savoir-faire culinaire, mais aussi un lien vital entre tradition et modernité dans la culture indonésienne. Il fut un exemple pour de nombreux Indonésiens qui produisirent de façon artisanale leurs propres krupuk, préservant ainsi le savoir-faire ancestral et la qualité des produits. À partir de là, la popularité des krupuk n’a cessé d’augmenter.
Célébré pour son croustillant et sa saveur unique, le krupuk est un reflet de l'identité culturelle et de l'héritage culinaire du pays. Sa diversité, son rôle dans la gastronomie indonésienne et son impact économique en font un symbole de la richesse et de la vitalité de la culture indonésienne.
Il existe de nombreuses variantes de krupuk, mais les krupuk aux crevettes et au poisson sont les plus populaires en Indonésie. Et vous, lequel préférez-vous ?