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Rencontre avec Vera, professeure francophone de yoga

Vera VoisinVera Voisin
Écrit par Athénaïs Pinard Legry
Publié le 8 novembre 2022, mis à jour le 7 décembre 2022

Réputé favoriser un bien-être holistique (c’est-à-dire alliant le corps et l’esprit), le yoga est bien connu pour ses vertus sur les personnes déprimées, stressées, les femmes enceintes, et même les enfants. Nous avons voulu rencontrer Vera Voisin, professeure de yoga francophone à Jakarta, pour nous parler de sa pratique. 

 

LPJ :  Bonjour Vera. Vous parlez très bien français, pourquoi et comment l’avez-vous appris ?

Vera : Avec mes enfants ! (rires)

J’ai commencé des cours après avoir rencontré l’homme (un Français) qui deviendrait plus tard mon mari. Le premier jour, après deux heures, nous avons eu une pause. J’ai fui et je ne suis jamais revenue ! Je me sentais l’élève la plus stupide de la classe ; la langue était tellement difficile, c’était trop. A l’époque je travaillais dans une entreprise télécom et j’avais trop de travail pour avoir envie de passer du temps à ça.

C’est donc plus tard, avec mes enfants, que j’ai appris. J’ai trois garçons ; l’aîné a 13 ans. J’ai bien sûr aussi appris avec la famille de mon mari, qui ne parle pas du tout anglais. Avant la covid, nous allions en France trois à quatre fois par an. Que de la pratique ! Le moyen le plus efficace.

 

LPJ : Pourquoi le yoga, et comment y êtes-vous entrée ?

V. : J’ai découvert le yoga lors de ma deuxième grossesse.

À la première, je ne connaissais pas du tout cette pratique. J’ai passé 17 heures en travail, c’était horrible. Donc pour la deuxième, j’ai cherché sur Internet des moyens de faciliter mon accouchement. Mon garçon est arrivé en 3 heures ! Soit ça avait marché, soit autre chose… mais j’étais très contente. Le yoga vous aide à vous relaxer et vous prépare physiquement à l’accouchement et au post-partum.

Après ce second bébé, j’avais pris 20 kg. À l’époque je ne faisais aucun exercice. L’aérobic et la gym, très peu pour moi. D’autant plus que cela voulait dire laisser mes bébés seuls. Mais j’ai décidé de faire quelque chose pour prendre mon corps en main.

Donc je suis allée dans une salle de sport et j’ai essayé tous les cours possibles. Aucun n’était pour moi : zumba, step etc. Et puis j’ai essayé le yoga.

 

C’était calme, économe en mouvements, ça ne demandait pas de sauter… et pourtant ça faisait transpirer ! J’ai aimé et c’est devenu une habitude.

Une amie m’a ensuite suggéré de suivre un stage pour devenir professeure de yoga afin de pratiquer ce sport chez moi en autonomie. L’idée n’était pas de devenir prof, mais de pouvoir être indépendante et ne pas avoir à quitter mon bébé que j’allaitais...

La formation consistait en une vingtaine d’heures difficiles, avec 15 autres candidats voulant tous devenir professeurs, et un examen final où on doit faire semblant d'être professeur d'une fausse classe devant le jury …  Je me suis entraînée en prenant mon mari comme élève, et j’ai réussi à obtenir le diplôme. La seule femme au foyer de ma promotion !

Quelques mois plus tard, une de mes amies qui réalisait des cours de yoga par vidéo m’a suppliée de la remplacer pour une période. Elle n’avait pas d’autre solution et elle disait que j’avais un bon potentiel. Comme c’était des vidéos, j’ai fini par accepter même si j’étais très stressée. Au final, les élèves ont aimé mes cours ! Le bouche-à-oreille a fait le reste : j’ai eu des clients privés.

 

En quoi la covid a-t-elle changé votre pratique professionnelle ?

Il y a eu une grande pause au début. Puis cela a repris en accord mutuel, avec des cours en extérieur, la distanciation… et par Zoom, alors que je n’utilisais jamais cela avant. Je donnais aussi des cours en entreprise, par exemple chez Total. Ce sont devenus des cours en ligne.

 

Quel message souhaiteriez-vous que nous retenions dans le cadre de la Journée Mondiale du yoga ?

Le yoga est de plus en plus populaire. Quand j’ai commencé, c’était très méconnu, pas du tout à la mode. Pour moi, c’est mon « moment à moi ». Au quotidien, je passe mon temps à servir. Je sers mes enfants, mon mari, mes amis…

 

Le yoga, c’est le service que je me rends à moi-même.

Il me permet de me connaître, mon corps, ma force, mon esprit, ma capacité de concentration…

J’aime partager cette expérience positive, et l’enseignement est plus qu’un job pour moi. J’aime quand je peux concrètement améliorer la santé de mes élèves. Si quelqu’un a un mal au bas du dos persistant par exemple… ça me réjouit de voir les améliorations ! J’organise aussi une session enfants chez moi, que j’aime particulièrement.

 

Le yoga, c’est le mouvement naturel de l’être humain dès sa naissance. Marcher à quatre pattes, c’est une position de yoga ! Il n’y a aucune limite d’âge.