Un an d’école en distanciel : lepetitjournal.com Jakarta donne la parole aux enseignants du Lycée Français de Jakarta. Témoignages.
Christèle Dagomes, enseignante en classe de maternelle
Au début de la pandémie, l’enseignement en ligne a été mis en place, nous travaillions depuis notre domicile. Nous avons appris à maîtriser les outils informatiques, adapter nos programmes, repenser notre enseignement. Depuis septembre, nous sommes de retour dans nos salles de classe et cela change tout. Nous pouvons ainsi montrer aux enfants les espaces de la classe et utiliser tout le matériel pédagogique. Nous avons dû faire preuve de créativité et, je dois le dire, nous transformer en acteur, car il faut garder les enfants motivés derrière un écran. Nous travaillons en classe entière pendant une séance de 30 min, puis ensuite par petits groupes. Tout cela demande une forte organisation, mais nous sommes rodés maintenant. Les élèves qui ont fait leur rentrée en septembre et dont c’était le premier contact avec l’école se sont très bien adaptés. Nous avons mis en place du matériel que les parents viennent récupérer à l’école afin que les enfants aient accès au même support. Nous avons construit de nouveaux outils tant vidéos que jeux que nous utiliserons lors du retour en présentiel. Travailler en ligne nous a permis d’être aussi plus proches des parents, car ils sont souvent derrière l’écran avec leurs enfants pour lancer les activités, même si désormais les enfants sont très indépendants. Nous leur expliquons notre démarche, cela leur apporte une compréhension de notre travail, c’est définitivement un plus.
Nous avons hâte de retrouver nos élèves en présentiel, il faudra peut-être un peu de temps d’adaptation, mais l’école en ligne nous a montré que les enfants s’adaptent très vite.
Marine Lambert et Léa Savin, enseignantes en classe de CP
Le CP est une année très importante dans la construction de la scolarité d’un enfant. Marine et Léa, les deux enseignantes en charge de ces élèves nous expliquent : « Depuis un an, nous maîtrisons les outils informatiques. Nous nous consacrons principalement à l’apprentissage des fondamentaux ; la lecture, l’écriture et les mathématiques. Nous essayons régulièrement de réaliser des projets ludiques avec les enfants. Nos élèves se sont bien adaptés à l'utilisation de l’écran et du clavier. Au niveau de la lecture, ils ont un bon niveau, la difficulté pour certains est plus dans la maîtrise de l’écriture. Nous avons hâte de retrouver nos élèves ! ».
Sophie Mutel, enseignante en classe de CE2
1 an ! Qui aurait pu imaginer cela ! C’est encore irréel pour moi. Il y a un an, on fermait l’école dans l’espoir de la rouvrir rapidement. On a découvert du jour au lendemain un autre fonctionnement et d’autres outils. Une autre façon d’enseigner. Il fallait réinventer le travail et la préparation. Au début, les choses se sont faites progressivement car les enfants et moi devions nous familiariser avec les nouveaux outils.
Ce qui était agréable, c’est que je connaissais bien les enfants, on avait passé 6 mois en présentiel.
Ce qui était difficile, ce sont tous les projets qu’on a dû annuler (classe de découverte, semaine de la science, rallye lecture …).
Le challenge en septembre était de faire une rentrée en distanciel sans connaitre les enfants. D’où l’importance de mettre en place rapidement des échanges avec les parents et de bien prendre le temps de connaitre les enfants pour les aider au mieux.
L’avantage était qu’on avait plus de recul et plus d’outils à proposer. J’ai pu mettre en place un enseignement plus varié et plus efficace. Mais la difficulté est de veiller à proposer à la fois un cadre avec des rituels et de nouvelles activités afin de maintenir la motivation et l’intérêt des élèves. C’est déjà le cas en temps « normal », mais c’est encore plus flagrant en distanciel. L’équilibre n’est pas toujours facile à trouver.
J’ai énormément appris grâce aux élèves et je crois que c’est ce que je retiendrai le plus de cette année ! Toujours positifs, toujours l’envie d’apprendre. Et un lien qui se créé malgré la distance.
Yann Giraud, professeur de philosophie
Parlons franchement. Le confinement n'est pas la catastrophe que l'on veut bien nous faire croire. Un bon ou mauvais cours en distanciel n'est pas différent d'un bon ou mauvais cours en présentiel. Les élèves qui prétextent facilement une mauvaise connexion pour « s'échapper » du cours pouvaient déjà le faire avant, rêvasser ou s'absenter. Certains ont peut-être été tentés de « décrocher », mais cela a été l'occasion ou jamais de leur rappeler pourquoi ils vont en classe plutôt qu'ailleurs. A tout considérer, cette période a été l'occasion d'une mise à niveau pour nous, les enseignants, qui ne savions pas toujours utiliser un drive, créer des visuels attractifs, capturer des vidéos, animer une visio-conférence ou gérer une plateforme. Cela a imposé de refaçonner les contenus et de proposer de nouvelles interactivités.
Côté élèves, on constatera peut-être une légère déperdition des savoirs académiques (et encore) mais on doit admettre que cette génération a assimilé des savoir-faire numériques comme jamais. Cette accélération n'est pas sans conséquence sur la manière d'apprendre, d'échanger et de travailler en groupe. Quel que soit l'avenir qui se profile, Ils y sont mieux préparés.
Gregory Vlerick, professeur d’histoire et géographie
Les cours en distanciel ont été une formidable opportunité d’innovation pédagogique. Classe inversée, classe renversée, activités collaboratives, orales, cette période nous a obligé à nous adapter. Si les cours dialogués sont toujours un élément indispensable et utile pour remédier et approfondir les sujets, les activités rendues possibles par les applications numériques dont la grande diversité permet de varier les travaux ont été nombreuses (j’en ai recensé 153 à titre personnel). J’espère que cela a permis d’éviter la lassitude du plus grand nombre de mes élèves et leur permettre d’apprendre autrement, même si le maintien des examens oblige à conserver un certain académisme, notamment dans l’acquisition des méthodes des exercices du baccalauréat.
Bien sûr, cet enseignement de fait ne va pas sans poser des difficultés, d’ordre technique parfois, et bien sûr d’ordre social, souvent. Heureusement, les cameras connectées, sans remplacer le présentiel, permettent de conserver un lien avec les élèves qui acceptent de jouer le jeu.
J’ai été surpris de constater certains avantages du distanciel dans les échanges avec les élèves. De mon côté, plus disponible, peut-être parce que devant mes écrans toute la journée et n’ayant pas de temps de transport puisque je travaille de mon domicile, je suis également plus réactif aux demandes des élèves et des familles en tant qu’enseignant d’HG ou en tant que professeur principal.
Il est vrai que désormais, notre plateforme numérique Moodle est véritablement au cœur de nos pratiques. Déjà mis en place avant le confinement, notre environnement numérique de travail est devenu un support pratique, efficace, indispensable, qui permet de proposer aux élèves les supports des cours et de partager des ressources variées (traces écrites, vidéo, audio, images fixes…).
Et puis il y a désormais l’appli Radio LFJ, téléchargeable sur les smartphones. Je pense que cela peut devenir un nouveau media formidable pour les élèves à condition qu’ils s’en emparent ! Ce sera un nouvel objectif pour cette fin d’année, une année passionnante si on l’a prise du bon côté. Mais comme nous n’avons pas trop eu le choix…
L’appli Radio LFJ à télécharger sur vos smartphones.
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