Hélène Njoto "un retour vivifiant aux origines"

Par Valérie Pivon | Publié le 31/10/2021 à 21:30 | Mis à jour le 02/11/2021 à 12:22
Helene Njoto EFEO indonesie

Arrivée depuis quelques mois à Jakarta, Hélène Njoto est la nouvelle représentante du centre de l’École Française d’Extrême-Orient en Indonésie (EFEO). Ancienne élève du Lycée Français de Jakarta, titulaire d’un doctorat en histoire de l’art et de l’architecture de Java à l’EHESS, Hélène revient donc à ses racines non seulement celles du côté paternel, mais aussi maternel, avec une mère spécialiste de l’Indonésie contemporaine. Une histoire peu banale.

 

Un parcours et une carrière universitaire

Sans doute influencée par le parcours de sa mère, journaliste française qui, après 17 ans en Indonésie, passe son doctorat sur l’histoire de l’islam politique en Indonésie au 20ème siècle, Hélène va s’orienter vers une carrière universitaire. Parallèlement à son doctorat, Hélène s’inscrit à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales -INALCO- pour « réapprendre, voire apprendre l’indonésien. Je le parlais bien sûr, mais mal et avec peu de vocabulaire. Là, j’ai eu des enseignants extraordinaires comme Pierre Labrousse et Farida Soemargono, mais aussi Jérôme Samuel, Etienne Naveau et Kati Basset, eux-mêmes jeunes chercheurs. Grandir à Java, où j’ai beaucoup voyagé, m’a bien sûr ouvert les yeux sur la richesse du patrimoine architectural javanais, mais les enseignements très complets à l’INALCO m’ont aidé à mieux apprécier les subtilités et parfois aussi ce qui peut sembler complexe et opaque, pour un néophyte, dans la culture javanaise ». Pierre Labrousse l’a ensuite orientée dans ses recherches pour une maîtrise à la Sorbonne portant sur les représentations de l’Insulinde dans l’iconographie européenne. Plus tard, en intégrant l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), elle oriente sa thèse de doctorat sur la question des innovations architecturales à Java du 16ème au début du 19ème siècle (sous la direction du professeur Claude Guillot). Elle y démontre l’intérêt précoce, dès le 17ème siècle, des souverains javanais aux techniques et aux formes architecturales européennes et chinoises.

 

Son parcours est ensuite celui d’une jeune chercheure. En post doc à Hong Kong après son doctorat, elle travaille alors sur l’histoire de l’urbanisme javanais des 15ème au 18ème siècles, puis à Singapour plus de quatre ans où elle est chercheure associée à l’Institute of Southeast Asian Studies (ISEAS) et s’engage dans un projet de recherches sur l’art islamique de la côte nord de Java. Elle coordonne deux séminaires, l’un à l’EHESS, l’autre avec l’ISEAS, publie des articles et organise des journées d’étude autour de thèmes portant sur l’art, l’architecture, le patrimoine et le marché de l’art en Indonésie.

 

Adji Damais, indonésien et francophone notoire, un des piliers de la préservation du patrimoine en Indonésie, dont nous évoquions la récente disparition dans nos colonnes, fut l’un de ses mentors. « Adji m’a beaucoup aidée lors des recherches pour ma thèse sur l’histoire architecturale de Java, notamment sur la ville de Batavia à laquelle j’ai consacré tout un chapitre. C’est un peu la thèse qu’il aurait aimé écrire ».

 

Un retour vivifiant aux origines

L’Indonésie, on l’aura compris, est dans l’ADN d’Hélène, elle y revient régulièrement pour ses recherches ou pour organiser des écoles d’été d’archéologie, organisées conjointement avec le centre national d’archéologie indonésien (PUSLIT ARKENAS).

 

En 2021, Hélène est affectée au Centre EFEO de Jakarta et elle revient donc 30 ans plus tard s’installer dans sa ville de naissance. Depuis son joli bureau, situé dans une maison entourée d’un jardin dans le sud de Jakarta, elle nous raconte :

 

C’est extraordinaire d’être de retour, je me sens chez moi, je retrouve un univers familier, un rapport très agréable avec le personnel de l’EFEO en place depuis de nombreuses années, une collaboration sur un sujet qui me passionne et j’ai la chance de travailler avec la nouvelle génération d’archéologues et d’historiens de l’art indonésien, c’est vivifiant. 

 

Outre le fait de gérer le Centre EFEO de Jakarta, les chercheurs de passage, les publications, la bibliothèque, les contacts avec ses homologues indonésiens, Hélène mène des recherches de terrain avec le PUSLIT ARKENAS sur l’art du début de la période islamisée à Java, marquée par un héritage important des savoirs, notamment artistiques, de la période hindo-bouddhique.

 

La bibliothèque de L’EFEO est ouverte à tous, vous pouvez consulter sur place les livres. Deux assistantes parfaitement francophones, Ade et Vita, sont là pour vous accueillir et vous aider dans vos recherches.

 

Ecole Française d'Extrême-Orient - Jakarta

Jalan Ampera III n.26

Kemang

Jakarta Sud - 12 550

 


Valerie Pivon

Valérie Pivon

Responsable éditoriale, expatriée depuis 16 ans en Indonésie, guide au musée national de Jakarta. C'est avec plaisir que je partage avec les lecteurs du Petitjournal.com ma passion pour l'archipel indonésien.
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