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Hélène Njoto "un retour vivifiant aux origines"

Arrivée en 2021 à Jakarta, Hélène Njoto est chercheure à l’École Française d’Extrême-Orient en Indonésie (EFEO). Ancienne élève du Lycée Français de Jakarta, titulaire d’un doctorat en histoire de l’art et de l’architecture de Java à l’EHESS, Hélène revient à ses racines. Nous vous racontons son histoire peu banale.

Helene Njoto EFEO indonesie Helene Njoto EFEO indonesie
Écrit par Valérie Pivon
Publié le 4 février 2024, mis à jour le 5 février 2024

 

Un parcours et une carrière universitaire

Sans doute influencée par le parcours de sa mère, journaliste française qui, après 17 ans en Indonésie, passe son doctorat sur l’histoire de l’islam politique en Indonésie au 20ème siècle, Hélène va s’orienter vers une carrière universitaire. Parallèlement à son doctorat, Hélène s’inscrit à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales -INALCO- pour « réapprendre, voire apprendre l’indonésien. Je le parlais bien sûr, mais mal et avec peu de vocabulaire. Là, j’ai eu des enseignants extraordinaires comme Pierre Labrousse et Farida Soemargono, mais aussi Jérôme Samuel, Etienne Naveau et Kati Basset, eux-mêmes jeunes chercheurs. Grandir à Java, où j’ai beaucoup voyagé, m’a bien sûr ouvert les yeux sur la richesse du patrimoine architectural javanais, mais les enseignements très complets à l’INALCO m’ont aidée à mieux apprécier les subtilités et parfois aussi ce qui peut sembler complexe et opaque, pour un néophyte, dans la culture javanaise ».

Pierre Labrousse l’a ensuite orientée dans ses recherches pour une maîtrise à la Sorbonne portant sur les représentations de l’Insulinde dans l’iconographie européenne. Plus tard, en intégrant l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS), elle oriente sa thèse de doctorat sur la question des innovations architecturales à Java du 16ème au début du 19ème siècle (sous la direction du professeur Claude Guillot). Elle y démontre l’intérêt précoce, dès le 17ème siècle, des souverains javanais aux techniques et aux formes architecturales européennes et chinoises.

Son parcours est ensuite celui d’une jeune chercheure. En post doc à Hong Kong après son doctorat, elle travaille alors sur l’histoire de l’urbanisme javanais des 15ème au 18ème siècles, puis à Singapour plus de quatre ans où elle est chercheure associée à l’Institute of Southeast Asian Studies (ISEAS) et s’engage dans un projet de recherches sur l’art islamique de la côte nord de Java. Elle coordonne deux séminaires, l’un à l’EHESS, l’autre avec l’ISEAS, publie des articles et organise des journées d’étude autour de thèmes portant sur l’art, l’architecture, le patrimoine et le marché de l’art en Indonésie.

Adji Damais, indonésien et francophone notoire, un des piliers de la préservation du patrimoine en Indonésie, dont nous évoquions la récente disparition dans nos colonnes, fut l’un de ses mentors. « Adji m’a beaucoup aidée lors des recherches pour ma thèse sur l’histoire architecturale de Java, notamment sur la ville de Batavia à laquelle j’ai consacré tout un chapitre. C’est un peu la thèse qu’il aurait aimé écrire ».

 

Un retour vivifiant aux origines

L’Indonésie, on l’aura compris, est dans l’ADN d’Hélène, elle y revient régulièrement pour ses recherches ou pour organiser des écoles d’été d’archéologie, organisées conjointement avec le centre national d’archéologie indonésien (PUSLIT ARKENAS).

En 2021, Hélène est affectée au Centre EFEO de Jakarta et elle revient donc 30 ans plus tard s’installer dans sa ville de naissance. Depuis son joli bureau, situé dans une maison entourée d’un jardin dans le sud de Jakarta, elle nous raconte :

C’est extraordinaire d’être de retour, je me sens chez moi, je retrouve un univers familier, un rapport très agréable avec le personnel de l’EFEO en place depuis de nombreuses années, une collaboration sur un sujet qui me passionne et j’ai la chance de travailler avec la nouvelle génération d’archéologues et d’historiens de l’art indonésien, c’est vivifiant. 

De 2021 à 2022, Hélène a géré le Centre EFEO de Jakarta, les chercheurs de passage, les publications, la bibliothèque, les contacts avec ses homologues indonésiens.

Auteure d’un ouvrage à paraître sur l’histoire architecturale des sultanats javanais entre le 16e siècle et le début du 19e siècle (série Mémoires Archéologiques de l’EFEO, 2023), ses recherches actuelles, en collaboration avec le BRIN portent sur l’héritage indianisé dans l’art islamique à Java et Madura (16e-18e s.). 

Hélène est aujourd'hui responsable d’un projet financé par ALIPH de conservation d’une des mosquées les plus anciennes d’Asie du Sud-Est.

 

Hélène partage sa passion lors de la prochaine conférence de l'Indonesian Heritage Society section francophone

 

Cinf IHS

Le 12 février, Hélène animera, en français, la prochaine conférence de l'Indonesian Heritage Society sur le thème :

L’Indonésie, conservatoire des plus anciennes mosquées d’Asie du Sud-Est : le cas de la mosquée Wapaue à Ambon aux Moluques.


Autrefois île stratégique de la route maritime des épices, colonisée d’abord par les Portugais puis par les Hollandais, Ambon bénéficie d’un riche héritage culturel, religieux et historique. Capitale de la province des Moluques (Sulawesi), Ambon a été le centre régional de nombreux missionnaires chrétiens, et dispose également d'un important patrimoine musulman.

Hélène nous parlera de la conservation de la mosquée Wapaue à Ambon, l’une des plus anciennes mosquées d’Asie du Sud-Est, dont elle présentera les caractéristiques uniques.

Inscription à la conférence : ici

 

L'Ecole Française d'Extrême-Orient change de lieu

Depuis le 1er février, l'EFEO n'est plus à Jalan Ampera, voici la nouvelle adresse :

Jalan Jeruk Purut No. 36 A - RT 6/RW 3, Cilandak Timur - Pasar Minggu  - Jakarta Selatan 12560

Google Map

La bibliothèque de l’EFEO est ouverte à tous, vous pouvez consulter sur place les livres. Deux assistantes parfaitement francophones, Ade et Vita, sont là pour vous accueillir et vous aider dans vos recherches.