Le 15 novembre est entré en vigueur un accord majeur entre l'Union Européenne et l'Indonésie : désormais le bois et les produits dérivés en provenance d'Indonésie vers l'Europe devront avoir la licence FLEGT. Une licence qui garantit que le bois indonésien provient de forêts légalement exploitées. Aboutissement de longues années de négociations débutées en 2007, ces autorisations FLEGT sont les premières à entrer en vigueur dans le monde et c'est l'Indonésie qui inaugure ce mouvement. Le petitjournal.com/jakarta décortique les enjeux de cet accord en 3 points.
En quoi consistent les licences FLEGT - Forest Law Enforcement Governance and Trade ? C'est un sésame pour entrer sur le marché européen. Cette licence indique que tout le bois indonésien qui arrive en Europe provient de forêts exploitées légalement et ce de façon prouvée par l'Indonésie. Désormais les importateurs n'ont plus à produire de certificats au cas par cas. A charge aux douaniers indonésiens et européens de vérifier que les licences sont bien là et valides. Quand on sait que 60% des terres indonésiennes sont recouvertes de forêts, l'enjeu de la déforestation illégale est de taille. Et cette illégalité coûte très cher en manque à gagner pour l'Etat et pour les entreprises vertueuses. L'impact socio-environnemental de l'illégalité forestière est prouvé également.
Peut-on être sûr de la traçabilité du bois indonésien ? Le protocole d'accord prévoit des audits périodiques ainsi qu'un réseau indépendants de moniteurs, constitué d'ONG pour surveiller, enquêter et sonner l'alarme le cas échéant. Cela demande des moyens importants, une confiance mutuelle entre les entreprises, les ONG et les autorités. L'Union Européenne est confiante dans l'Indonésie pour que ce réseau soit financé, permettant ainsi aux moniteurs de faire leur travail, ce qui garantira la viabilité et la crédibilité des licences FLEGT. L'Indonésie a déjà fait des efforts très significatifs, reconnus par les acheteurs de bois. Ils escomptent un impact positif sur leur volume d'exportation. On peut donc légitiment penser qu'ils vont poursuivre dans ce sens.
La déforestation illégale, c'est fini ? Un tel système va prendre du temps à se mettre en place et à fonctionner parfaitement. Mais il donne une vraie inflexion, il a créé une prise de conscience des différentes parties prenantes. Et il va permettre d'améliorer la gouvernance des terres au niveau local graduellement.
Dans la foulée, un autre dossier attend les négociateurs européens, celui de la déforestation pour les cultures de palmiers à huile. Une déclaration de principe a été signée en 2015 à Amsterdam par les Etats membres de l'Union Européenne, elle devrait aboutir en 2020 bannir l'huile de palme issue de terres déboisées des chaînes d'approvisionnement européennes, pour promouvoir au contraire une huile de palme durable. L'accord sur le bois créé un précédent très positif et les Indonésiens travaillent sur un modèle similaire pour la culture d'huile de palme.
Amélie Heim (www.lepetitjournal.com/jakarta) jeudi 16 novembre 2016
Pour en savoir plus, le site FLEGT est très bien documenté