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Ananda Idris, témoin privilégié de la relation Indonésie - France

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Écrit par Valérie Pivon
Publié le 18 juillet 2021

Cette année, l’Indonésie et la France célèbrent les 70 ans de leurs relations diplomatiques, l’occasion d’interviewer Ananda Idris, témoin de ces décennies. Né à Paris en 1952, Ananda nous raconte sa longue relation avec la France, les Français et la culture.

 

Paris, Londres, Rabat, Kuala Lumpur, Conakry, Jakarta… parcours d’un enfant de diplomate

Après l’indépendance de l’Indonésie en 1945, le pays ouvre sa première représentation à Paris en 1950. Le père d’Ananda fait partie de l’équipe qui participe à l’aventure. Ses parents parlent tous les deux le français, l’anglais, le néerlandais et l’allemand, langues qu’ils ont appris dans un lycée colonial néerlandais à Bandung. Jeunes étudiants, pendant la guerre de l’indépendance, ils participent à la première radio émettant clandestinement en ondes courtes « la voie de l’Indonésie libre » qui deviendra la radio nationale. Ananda, tout comme sa fratrie, nait à Paris. De ses années de petite enfance en région parisienne, il possède de nombreuses et belles photos dont certaines prises par le célèbre photographe français Henri Cartier-Bresson, qui est à l’époque marié à Eli, indonésienne, originaire de Java et amie avec la mère d’Ananda.

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Photo prise en 1953 par Henri Cartier-Bresson : Anada et sa mère

« Un père diplomate, ça voyage » ; Ananda suit ses parents au gré des affectations de son père : Maroc, Malaisie, ... De retour à Jakarta pour ses 12 ans, il entre au collège et habite au sud de la capitale, un quartier que beaucoup de nos lecteurs connaissent : Kemang. A cette époque, il y a très peu de constructions mais surtout des rizières, des vergers, des petits cours d’eau où Ananda et ses amis pêchent les anguilles. « A la place du Grand Kemang hôtel, il y avait des champs avec des miradors et des canons anti-aériens car à cette période, l’Indonésie était en guerre avec la Malaisie pour s’être opposée à la création de la fédération incluant l’État du Sarawak sur l’ile de Bornéo. Sukarno craignait que les alliés de la Malaisie attaquent la capitale par voies aériennes …. C’était notre terrain de jeux, les militaires nous rappelaient souvent à l’ordre si nous nous approchions de trop près des canons ».

Nouvelle affectation pour son père, la Guinée. Impossible pour Ananda d’y suivre ses parents car il n’y a pas de lycée de niveau international. Une amie de sa mère, Tati, indonésienne installée à Paris, lui propose d’aider Ananda. Il rejoint donc le pensionnat du Collège Saint-Martin à Pontoise où il suit les cours avec le fils de Tati, Anda Djoehana, dont nous avons fait le portait. « C’était un lycée catholique très dur et sévère, nous n’étions pas beaucoup d’étrangers. Mon niveau de français n’était pas assez bon et j’ai dû refaire ma première année. Ce qui ne m’a pas empêché de décrocher mon baccalauréat Mat Elem ! ». Poursuite de ses études en Suisse à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, puis un changement de cap, direction la ville de Québec au Canada où il termine des études d’ingénieur en électricité à l’Université Laval avant de rentrer en Indonésie. Il travaille tout d’abord au Groupement des Sociétés Françaises pour la construction de l’aéroport Soekarno Hatta à Jakarta, il intègre ensuite la Société Dumez pour la construction d’un tour de bureaux de 22 étages au centre de Jakarta avant de passer 25 années au sein de la filiale TOTAL Indonésie qui s'occupe de l'exploitation et la production de gaz naturel dans un bloc pétrolier du fleuve Mahakam à Kalimantan Est.

 

Plus de 30 ans de carrière au sein d’entreprises françaises

Lorsqu’Ananda intègre le groupe pétrolier, il a certes une expérience en communication, mais aucune connaissance dans le domaine pétrolier. Il suit des cours de formation sur le pétrole en France afin de connaitre le secteur d’activité. Il sera successivement en charge de la commercialisation du gaz naturel, de la communication, des relations avec le gouvernement, la presse et les parties prenantes pour le groupe. Il apprécie particulièrement le bon fonctionnement de la chaîne de diffusion dans les groupes français. Il prend sa retraite du groupe pétrolier en 2008, mais on ne quitte pas un métier passion comme cela. Ananda continue de travailler pour un groupe pétrolier norvégien pendant 3 ans, puis part une année à Madagascar partager ses connaissances et son expérience avec un groupe pétrolier local. « Une expérience professionnelle très enrichissante ». Aujourd’hui, Ananda est toujours très actif, il fait partie d’un groupe de réflexions, le Bimasena, qui organise des conférences et discussions autour des problèmes rencontrés par l’Indonésie sur sa gestion des problèmes énergétiques. Il est également membre de l’association APINDO, équivalent du MEDEF français en charge du secteur pétrolier.

 

Des conseils pour s’installer en Indonésie ?

« Mes parents nous ont toujours appris à nous intéresser aux pays où nous habitions, à bien comprendre la culture, l’histoire, le peuple, à visiter la diversité du pays. Je donnerais le même conseil : lire sur l’histoire de l’Indonésie, comprendre le pays et rencontrer les indonésiens ».

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