Cinq maisons closes ont fermé leurs portes en 2017 à Gaziantep, Zonguldak et Konya, et la licence de celle située dans la province d’Aydın n’a pas été renouvelée, relançant le débat sur la législation turque qui encadre la prostitution. En théorie, le système local interdit le racolage mais permet aux travailleuses du sexe d’exercer leur activité dans des maisons closes et d'avoir accès, pour celles qui sont enregistrées, à la sécurité sociale, à la retraite et aux contrôles médicaux. Dans les faits, de nombreuses maisons ont fermé ces dernières années et les enregistrements sont devenus quasi-impossibles.
Kemal Ördek, le président de l’Association Parapluie rouge pour la santé sexuelle et les droits humains (Kırmızı Şemsiye Cinsel Sağlık ve İnsan Hakları Derneği), qui défend les droits des travailleurs et travailleuses du sexe, affirme que les maisons closes n'ont pas été fermées pour des raisons liées à la demande mais plutôt d’ordre moral. Dans un interview au journal en ligne Bianet, le fondateur de l’association souligne qu’il n’y a aucune intention de la part des autorités d’améliorer les conditions ainsi que les droits des travailleurs et travailleuses du sexe.
Il prend pour exemple la maison close du district d’Akşehir, dans la ville de Konya, en activité depuis 45 ans avec ses 31 salariés, qui a été démolie pour cause de faible résistance en cas de tremblement de terre. Quant à celle de Zonguldak, qui fonctionnait depuis 1930, des conditions insalubres ont fait cesser ses activités. “Dans de nombreuses provinces, les maisons closes ont fermé pour des raisons arbitraires. Dans de nombreux cas, aucun communiqué officiel n’a été transmis aux propriétaires des maisons closes ou aux dirigeants”, a déclaré Kemal Ördek.
Selon le fondateur de Parapluie rouge, il est difficile de recenser le nombre de salariés dans les maisons closes de Turquie, notamment depuis que leur fermeture une à une a pourssé l’industrie du sexe vers l’illégalité. Il ajoute que “certaines d’entre elles ont migré vers d’autres villes, d’autres sont restées et ont été forcées à sortir du système. Cela signifie qu’elles ont été confrontées à toutes sortes d’abus comprenant la violence et la discrimination envers ces femmes”.
Aylin Doğan (www.lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 13 octobre 2017
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