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Le Bulgur Palas, de ruine à futur centre culturel stambouliote

Le Bulgur Palas à IstanbulLe Bulgur Palas à Istanbul
Le Bulgur Palas, @IBB
Écrit par Aliette Dumont Saint Priest
Publié le 4 mai 2021, mis à jour le 4 mai 2021

Dans le district de Fatih, sur la septième colline d’Istanbul, se trouve le Bulgur Palas. Il s’agit d’un manoir centenaire dont Ekrem İmamoğlu, le maire d’Istanbul, vient d’annoncer le rachat par la municipalité. Laissé à l’abandon depuis des années, İmamoğlu parle d’en faire un espace culturel "pour tous les Stambouliotes".

Le Bulgur Palas, un vestige historique

Abandonné à son sort depuis des années, le Bulgur Palas est un site historique dont la construction commence en 1912 sous l’égide de l’architecte Giulio Mongeri. D’origine italienne mais étant né et ayant grandi à Istanbul, ce dernier est l’un des pionniers du “premier mouvement national d’architecture turque” (Birinci Ulusal Mimarlık Akımı en turc), qui époque stylistique du début du XXème siècle qualifiée par certains de “Renaissance turque”, et dont l’émergence est liée à celle de la République de Turquie en 1923. Il est donc question de mobiliser des symboles architecturaux qui affirment une identité turque forte, en réinsérant les éléments classiques de l’architecture ottomane et seldjoukide (la dynastie seldjoukide a régné en Anatolie centrale au XIème siècle), alors que les décennies précédentes avaient laissé le champ libre à l’influence stylistique européenne. On retrouve dans Istanbul un grand nombre de bâtiments empreints de ce mouvement, comme le Grand office de Poste de Sirkeci (Sirkeci Büyük Postane), le Bozlu Holding à Şişli, ou encore le bâtiment municipal des départs de ferries de Beşiktaş.

 

Le Bulgur Palas Istanbul mairie

 

Le bâtiment, Bulgur Palas, doit son nom à son propriétaire d’origine, Mehmet Habip Bey (1878-1926). Personnage important du début du XXème siècle, il est connu pour avoir fait partie du mouvement des Jeunes-Turcs. Il participe à la mise en place d’échanges commerciaux entre l’Anatolie et l’État central, à commencer par la vente de céréales comme le boulgour, d’où le nom. Mais les événements historiques qui viennent perturber la situation politique du pays, à commencer par la Première Guerre mondiale, puis le Traité de Sèvres, rendent la construction du Bulgur Palas complexe. Habip Bey meurt en 1926, à l’âge de 48 ans, et l’édifice finit par être transformé en dépôt d’archives pour la Banque ottomane. Puis doucement, avec les années et en l’absence d’initiatives municipales, il est laissé à l’abandon.

Un pas vers la régénération urbaine

La décision de la municipalité d’Istanbul est une bonne nouvelle. Il faut toutefois garder à l’esprit que la problématique de la régénération urbaine en Turquie est sensible, car elle s’inscrit dans un jeu de pouvoir entre les ambitions de l’État et les ambitions municipales : en Turquie, l’État est très centralisé, les décisions viennent d’en haut, et cela laisse souvent peu de place à l’initiative locale. D’autant plus qu’Ekrem İmamoğlu, le maire actuel, est rattaché au CHP, le parti d’opposition. Des volontés antagonistes peuvent poser problème ; cela étant, il convient de s’enthousiasmer d’un tel projet pour la vie culturelle d’Istanbul.

Les projets de conversion urbaine sont essentiels dans le monde actuel, afin que l’on puisse satisfaire les ambitions d’une ville modernisée, en phase avec un monde globalisé, tout en préservant un héritage historique précieux et singulier.

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