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Scolarité en Turquie : que révèle vraiment l’accès à l’école en 2025 ?

L’école est obligatoire en Turquie, mais tous les enfants y ont-ils vraiment accès ? Derrière les chiffres officiels, une réalité plus contrastée se dessine.

Alphabet turc peint sur un mur d’école, symbole de l’éducation en Turquie en 2025Alphabet turc peint sur un mur d’école, symbole de l’éducation en Turquie en 2025
Écrit par Sarah Goldenberg
Publié le 18 septembre 2025, mis à jour le 24 septembre 2025

Accès à l’éducation en Turquie : un droit universel, une réalité contrastée

 

Sur le papier, l’école est un droit garanti à tous les enfants de Turquie : gratuite, obligatoire jusqu’à 18 ans, structurée selon un modèle unifié. Pourtant, plusieurs réalités viennent bousculer ce cadre officiel. Si la majorité des élèves sont effectivement scolarisés, des milliers d’enfants, réfugiés, mais aussi enfants turcs issus de milieux précaires, en situation de handicap ou contraints de travailler, restent partiellement ou totalement exclus du système éducatif. Derrière l’universalité affirmée, l’accès à l’école reste conditionné par des inégalités sociales, géographiques et économiques.

 

 

Le ministère de l’Éducation turc a partagé sur ses réseaux sociaux des images de la rentrée scolaire 2025–2026 dans plusieurs établissements du pays. Des drapeaux, des sourires, des classes pleines : une vision officielle et homogène de l’école turque, largement diffusée. Un idéal qui contraste parfois avec les réalités décrites dans les rapports de terrain et les données statistiques.

 

Une école obligatoire et gratuite jusqu’à 18 ans

 

Le cadre légal : un modèle unifié 4+4+4

 

Depuis 2012, l’enseignement turc suit un modèle 4+4+4 : quatre années d’école primaire, quatre d’enseignement intermédiaire (ortaokul), quatre de secondaire (lise). La scolarité est obligatoire pour tous les enfants de 6 à 18 ans, sur 12 ans continus.

Ce système dit de “structure unique” (single structure education) est défini à l’échelle nationale par le ministère de l’Éducation (MEB) et appliqué uniformément. Les programmes, validés par le Conseil de l’éducation (Talim ve Terbiye Kurulu), fixent les contenus, les compétences et les valeurs à transmettre. L’instruction à domicile reste interdite, sauf exception très encadrée (handicap, parcours médical).

 

Le système scolaire en Turquie : le guide complet

 

La scolarité gratuite dans les écoles publiques

 

L’enseignement public est gratuit jusqu’à la fin du lycée. Les manuels scolaires sont généralement fournis, notamment au primaire. Ce principe figure dans la Constitution turque.
Mais des frais annexes (uniformes, fournitures, cantine, transport) peuvent représenter un frein pour certaines familles, en particulier dans les zones rurales ou les quartiers précaires.

 

Une réforme ambitieuse : le “Century of Türkiye Education Model”

 

Lancée en 2023, cette réforme vise à moderniser l’enseignement en intégrant des compétences transversales, des valeurs humanistes et des pédagogies plus actives.
Le numérique est central via le projet FATİH (équipements numériques) et la plateforme EBA (contenus pédagogiques, continuité à distance). Leur accessibilité reste toutefois inégale.

 

Cartable en Turquie : entre cahiers et tablettes du projet FATİH


L’inclusion scolaire fait aussi partie des priorités affichées, avec des adaptations prévues pour les élèves en situation de handicap, dont la mise en œuvre varie selon les établissements.

 

Des chiffres officiels contrastés selon les profils

 

D’après l’UNICEF Türkiye (2024), environ 300.000 enfants réfugiés ne sont pas scolarisés. Le taux moyen d’inscription de ces enfants est de 76,4 %, avec des écarts nets selon l’âge :

  • 50 % des enfants d’âge préscolaire sont inscrits,
  • 48,6 % poursuivent leur scolarité au lycée.

Les obstacles sont multiples : barrière linguistique, instabilité administrative, éloignement des écoles ou précarité familiale.

 

 

Concernant les enfants turcs, peu de données officielles permettent d’estimer précisément combien ne vont pas à l’école. Mais d’autres profils restent à la marge du système scolaire : enfants en situation de handicap, issus de familles précaires ou contraints de travailler. Dans certains foyers, notamment ruraux, la scolarité s’interrompt dès le collège, parfois même avant.


 

Jeunes en rupture scolaire : un phénomène sous-estimé

 

Près de 20 % des jeunes en Turquie sont aujourd’hui sans emploi, sans formation et hors du système scolaire. Les raisons varient : nécessité de travailler, absence de perspectives, décrochage progressif, parfois mariages précoces. Cette zone grise échappe souvent aux statistiques, mais reflète les limites du droit à l’éducation dans certaines trajectoires.

 

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Des disparités territoriales et sociales persistantes

 

L’uniformité du système ne gomme pas les écarts de conditions entre écoles rurales et urbaines, publiques et privées. Les établissements bien dotés proposent davantage d’options et un encadrement renforcé. D’autres, plus éloignés ou sous-financés, manquent parfois d’enseignants ou de matériel.

Les inégalités sociales renforcent ces écarts : certaines familles peinent à suivre la scolarité de leurs enfants ou à en assumer les coûts indirects. Le genre, le niveau d’alphabétisation des parents ou le lieu de résidence peuvent encore influencer la poursuite des études.

 

Entre principe et réalité

 

L’école est obligatoire en Turquie, gratuite et structurée de manière unifiée.
Le cadre éducatif est posé, mais son accessibilité reste inégale selon les parcours et les contextes.


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