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Sources sacrées d’Istanbul (1) : Sainte-Marie de Vefa

Vous voulez faire un vœu à Istanbul ? Eh bien, c’est à la célèbre église orthodoxe Sainte-Marie de Vefa (Vefa Panaya Rum Kilisesi), surnommée "l’Eglise du Premier Jour du Mois" (Ayın Biri Kilisesi) et à sa source miraculeuse, que vous devez vous rendre !

L'église Panaya de Vefa_0L'église Panaya de Vefa_0
Écrit par Gisèle Durero-Köseoglu
Publié le 8 novembre 2023, mis à jour le 29 décembre 2023

L’importance de l’"Aghiasma" ("ayazma") chez les Byzantins

Rappelons tout d’abord qu’une cinquantaine d’églises orthodoxes sont actuellement entretenues à Istanbul par le Patriarcat œcuménique de Constantinople et reçoivent souvent des pèlerins. Généralement, si leur bâtiment date du XIXe siècle, elles ont toujours été construites, pour des raisons légales, à l’emplacement d’autres églises plus anciennes existant déjà chez les Byzantins. Or, la foi byzantine accordait beaucoup d’importance aux sources sacrées et leur attribuait des vertus bienfaisantes voire miraculeuses. C’est ainsi qu’à Istanbul se trouve une multitude d’"Ayasmas", dont certaines sont vénérées depuis mille-cinq-cents ans !

L’Eglise du Premier Jour du Mois

En ce qui concerne la source  de "l’Eglise du Premier Jour du Mois", dont les murs actuels datent de 1956, d’anciens documents disent qu’elle était très connue dès le XIe siècle. Abandonnée après la conquête de Constantinople par les Turcs, elle fut oubliée jusqu’en 1755, où un homme acheta le terrain pour y édifier sa maison. La légende raconte que sa fille vit en songe la Vierge Marie lui annonçant qu’une "ayazma" se trouvait dans le jardin. Le propriétaire y éleva donc une minuscule chapelle qu’il aurait ensuite donnée au Patriarcat.

 

La file d'attente devant l'église
la file d'attente devant l'Eglise

 

Quelle que soit la véracité du mythe, l’Eglise du Premier Jour du Mois est un lieu réputé pour réaliser les vœux émis le premier de chaque mois, probablement en souvenir d’un culte célébré au Jour de l’An. Située dans le quartier de Vefa, derrière le centre manufacturier d’Unkapanı, elle présente la même particularité que Saint-Georges de Büyük Ada, les Blachernes ou Balıklı : celle d’attirer autant les musulmans que les chrétiens ! En effet, dans une atmosphère on ne peut plus "œcuménique", des gens de toutes confessions, Turcs ou étrangers, poussés par l’espoir, se pressent devant la source sacrée qui leur permettra peut-être de voir réaliser leur souhait le plus cher ! 

 

Le dôme surmontant la source
Le dôme surmontant la source

 

Un endroit exceptionnellement fréquenté

L’église ouvre dès 8h30 le matin mais à partir de 11h, la file des gens qui attendent pour y entrer est si longue qu’il faut compter au minimum une heure d’attente dans la rue, mais le plus souvent deux ou trois, pour parvenir à pénétrer dans le jardin du sanctuaire.

 

Les pèlerins devant l'entrée
Les pèlerins devant l'entrée

 

En discutant avec nos voisins, nous apprenons que certains ont fait la route depuis Ankara, Safranbolu ou Bursa pour venir à la source. Les uns sont déjà venus une multitude de fois – "Quatre de mes vœux se sont réalisés ici !", me dit une dame- d’autres sont des néophytes. Des vendeurs de rue présentent des étalages où les pèlerins achètent de petits objets miniatures symbolisant le sujet de leur vœu : une clé (pour ouvrir l’avenir), une maison, un mariage, un bébé, la santé, un travail, des études…

 

Les miniatures vendues dans la rue
Les miniatures vendues dans la rue

 

Mais la rumeur prétend qu’il vaut mieux se procurer ces amulettes à l’intérieur de l’église, car ce sont celles qui, ramenées par les fidèles dont le vœu a été réalisé, sont chargées d’énergies positives ! Quant à ceux et celles dont le souhait a été exaucé, on les reconnaît au fait qu’ils offrent des chocolats et des friandises aux personnes de la file d’attente après avoir rapporté leur clé. Beaucoup d’étudiants disent qu’ils ont pu intégrer l’université de leur choix !

Le rituel de la clé

L’intérieur de l’église présente une immense icône de la Vierge faite sur le modèle de la fameuse Blachernitissa de la source impériale des Blachernes, l’une des plus importantes icônes byzantines, dérobée lors de la Quatrième croisade et représentant la Vierge en orante, bras levés vers le Ciel, avec le Christ en médaillon dans son buste.

 

La grande icône de la Vierge
La grande icône de la Vierge

 

De longues files d’attente se forment encore devant chacune des icônes accrochées sur les autres  murs, car les fidèles, avec leur petite clé ou un autre des objets symboliques, font sur chaque image, au moins quatre fois, le geste de tourner la clé dans une serrure.

 

La foule devant les icônes
La foule devant les icônes 

 

Puis, ils descendent à la source sacrée, y répètent le même cérémonial sur les icônes du sous-sol et terminent en se lavant le visage et en buvant l’eau de la source, dont beaucoup emportent une petite bouteille. Certains se font bénir par le prêtre. On raconte qu’il faut avoir effectué le rituel sur chaque icône de l’église sans en oublier une seule !

 

Le bassin de la source au sous-sol
Le bassin de la source au sous-sol

 

Les esprits sceptiques ou rationalistes considèreront certes tout cela avec un sourire moqueur. Mais la ferveur qui se dégage de la foule en prière, toutes religions confondues, est stupéfiante et ne peut guère laisser indifférent…

 

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Gisèle Durero-Köseoglu
Publié le 8 novembre 2023, mis à jour le 29 décembre 2023

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