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Prendre soin des personnes âgées en Turquie : une question de traditions avant tout

En Turquie, les maisons de retraite sont rares : la famille joue un rôle central dans la prise en charge des aînés. Pourtant, face aux évolutions sociétales, de nouvelles alternatives émergent. Quels sont les enjeux et solutions en 2025 ?

Mains d'une personne âgée et d'un proche en Turquie, illustrant le lien intergénérationnel et le soutien familial.Mains d'une personne âgée et d'un proche en Turquie, illustrant le lien intergénérationnel et le soutien familial.
Écrit par Sarah Goldenberg
Publié le 20 février 2025, mis à jour le 31 mars 2025

​​Vieillir en Turquie : traditions familiales et évolutions modernes

 

En Turquie, la vieillesse est perçue avec respect et dignité. Contrairement aux pays occidentaux où les maisons de retraite sont une solution courante, la culture turque privilégie une prise en charge familiale des aînés. Vivre avec ses enfants et petits-enfants est souvent la norme et le placement en institution reste un choix marginal. Cependant, l’évolution démographique, l’urbanisation et le mode de vie moderne modifient progressivement ces traditions.

 

« En tant que pays fier de sa gentillesse et de son respect, la Turquie est un pays qui accorde une grande importance aux personnes âgées. Nous nous efforçons de leur offrir un environnement chaleureux et bienveillant. » – Istanbul.com

Alors, comment vieillit-on en Turquie aujourd’hui ? Quels sont les services disponibles pour les seniors ? Cet article dresse un état des lieux des solutions existantes et de l’évolution des mentalités sur le sujet.

 

Une culture ancrée dans le respect des aînés

 

Dans la culture turque, les personnes âgées occupent une place centrale au sein de la famille. Elles sont souvent perçues comme des figures d’autorité et de sagesse et leur bien-être est une priorité pour leurs proches. Il est courant que plusieurs générations vivent sous le même toit, renforçant ainsi le lien intergénérationnel.

Cette réalité culturelle s’exprime à travers de nombreux gestes du quotidien : en Turquie, il est de coutume de saluer en priorité les personnes âgées, de leur céder sa place dans les transports et de leur témoigner un profond respect lors des fêtes religieuses comme le Kurban Bayramı.

 

« Les Turcs traitent les personnes âgées avec énormément de respect. Lors d’occasions spéciales, il est d’usage d’embrasser leur main et de la porter au front en signe de déférence. » – Alanya Experience

Cette importance accordée aux aînés explique pourquoi les maisons de retraite sont encore peu répandues en Turquie.

 

Les maisons de retraite en Turquie : un modèle en évolution

 

Même si les maisons de retraite (huzurevleri) existent en Turquie, elles ne sont pas la solution privilégiée pour les familles. Elles sont perçues comme un dernier recours, souvent destinées aux personnes âgées sans proches pour les prendre en charge.

 

Les maisons de retraite publiques

L’État turc gère environ 400 établissements spécialisés dans l’accueil des personnes âgées. Ces structures proposent des soins médicaux, une assistance psychologique et des activités sociales. Elles sont généralement plus accessibles financièrement mais restent limitées en nombre et en capacité d’accueil.

 

Les maisons de retraite privées

Ces établissements offrent des services plus variés et des infrastructures modernes. Par exemple, l’Eden Residence à Izmir propose des installations haut de gamme : surveillance 24h/24, espaces verts, piscine intérieure, et restaurant. Cependant, ces prestations ont un coût élevé.

 

 

 

Prix des maisons de retraite en Turquie en 2025 

 

Le prix d’un hébergement pour personnes âgées en Turquie varie en fonction du type d’établissement et des services proposés.

 

  • Maisons de retraite publiques : souvent subventionnées par l’État, elles restent plus abordables. Cependant, les places sont limitées et les infrastructures moins nombreuses que dans certains pays occidentaux.
  • Maisons de retraite privées : les tarifs commencent aux alentours de 1.200 € par mois, selon les services et le niveau de soins requis. Certains établissements haut de gamme peuvent proposer des prestations plus élevées, avec des équipements modernes et un accompagnement médical renforcé.

 

Un coût plus abordable qu’en France ?

 

En France, les tarifs des maisons de retraite sont en moyenne plus élevés. En 2025, selon Perlib, les prix s’établissent ainsi :

 

  • En province : entre 2.000 € et 2.500 € par mois
  • Dans les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille, Nice, Bordeaux) : entre 3.000 € et 3.500 € par mois
  • Tarifs les plus élevés : en Île-de-France et sur la Côte d’Azur, les prix peuvent atteindre 3.400 € à 4.000 € par mois

 

À noter : En 2025, une augmentation des tarifs est prévue, plafonnée à 3,21 % pour les EHPAD non habilités à l'Aide Sociale à l'Hébergement (ASH).

 

Si les prix en Turquie sont globalement plus abordables, ces différences s’expliquent par plusieurs facteurs : subventions publiques, structure du marché des maisons de retraite et traditions culturelles qui privilégient avant tout le soutien familial plutôt que l’institutionnalisation des aînés.

 

Alternatives aux maisons de retraite en Turquie : 

 

Face à la réticence culturelle envers l’institutionnalisation des aînés, plusieurs alternatives émergent :

 

Les soins à domicile

De nombreuses familles font appel à des services de soins à domicile pour éviter d’envoyer leurs proches en établissement. Des infirmiers et aides-soignants se déplacent directement chez les personnes âgées pour assurer un suivi médical et une assistance quotidienne.

 

Les centres de jour pour seniors

Certaines municipalités mettent en place des centres de jour, où les personnes âgées peuvent passer la journée en participant à des activités sociales et culturelles, avant de rentrer chez elles le soir.

Ces solutions permettent aux aînés de conserver leur indépendance tout en bénéficiant d’un accompagnement adapté.

 

Un équilibre entre traditions et modernité

 

En Turquie, les traditions familiales sont profondément ancrées et chères aux habitants. Vieillir reste avant tout une affaire de famille, où la solidarité intergénérationnelle demeure un pilier central. Malgré l’émergence de maisons de retraite et d’alternatives modernes, la prise en charge des aînés repose encore largement sur le soutien des proches.

Si une évolution est envisageable dans les grandes villes, où l’urbanisation et les changements de mode de vie transforment progressivement les dynamiques familiales, les zones rurales semblent attachées à un modèle traditionnel qui perdurera. Entre respect des valeurs et adaptation aux nouvelles réalités sociales, l’avenir de la prise en charge des aînés en Turquie se dessinera au fil des générations.

 

Et si vous partagiez votre expérience ? 


La prise en charge des aînés en Turquie soulève de nombreuses réflexions et réalités. Si vous souhaitez témoigner, votre récit peut enrichir cette discussion et trouver sa place dans notre édition. 

Vous pouvez nous à écrire à sarah.goldenberg@lepetitjournal.com

 

 

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