Très nombreux sont les ouvrages qui subliment les splendeurs d’Istanbul et notre propos n’est pas d’ajouter à la déjà longue liste, des textes supplémentaires qui ne pourraient être que redondants. Alors pourquoi ces articles, puisque tout semble avoir été dit, écrit et montré ?
En fait, ce que nous avons choisi de réaliser dans ce travail est la mise en parallèle des écrits de différents auteurs ayant séjourné ou visité Istanbul avec les photographies des lieux décrits par ces derniers.
Pour ce, nous avons puisé dans les nombreux ouvrages dont nous ont gratifié les "écrivains-voyageurs" du XIXème siècle, en nous efforçant d’en extraire les lignes répondant à notre objectif de mise en correspondance la plus précise entre texte et image.
Certes, nous aurions pu nous contenter d’un seul auteur par description, tout comme nous aurions pu ne sélectionner qu’un seul artiste par photographie, mais il nous a semblé plus honnête et surtout plus objectif de laisser le plus grand nombre s’exprimer afin de montrer l’éventail le plus vaste possible des différentes sensibilités tant littéraires qu’iconographiques. Et même si certains auteurs ne sont pas des maîtres de l’écriture, leur vision et la manière dont elle est exprimée n’en n’est pas moins intéressante, voire attendrissante.
Tous les textes et toutes les images n’y sont pas, loin de là, mais la sélection drastique à laquelle nous nous sommes attachés a été réalisée avec la volonté de retranscrire ce que chaque auteur ou photographe a voulu exprimer au plus près de sa sensibilité.
Du pont de Galata, au delà duquel ils ne peuvent pénétrer, partent à toute heure du jour une foule de bateaux à vapeur turcs, anglais, autrichiens, dont la fumée se mêle aux brumes argentées de la Corne d’Or, et qui déposent les voyageurs par centaines à Bebek, Arnaout Keuï, Anadoli-Hissar, Thérapia, Buyuk-Deré, sur la rive d’Europe; à Scutari, Kadi-Keuï, aux Îles des Princes sur la rive d’Asie. Théophile Gautier
Photographes Sebah & Joaillier (circa 1870)
Pour voir la population de Constantinople, il faut aller sur le pont flottant, long d’environ un quart de mille, qui s’étend de la pointe de Galata à la rive opposée de la Corne d’Or, en face de la grande mosquée de la sultane Validé.... En se tenant là, on voit en une heure défiler tout Constantinople. Ce sont deux courants humains inépuisables, qui se rencontrent et se confondent sans trêve de l’aube au coucher du soleil... Edmondo De Amicis
La première surprise passée, les couleurs de fête se ternissent ; ce n’est plus une grande procession de carnaval qui vous passe sous les yeux, c’est l’humanité entière qui défile avec ses misères, touts ses folies, toute la discorde sans limite de ses croyances et de ses lois... Edmondo De Amicis
Photographe Iranian (circa 1870)
On a beau savoir d’avance qu’il suffit de rester une demi-heure sur ce pont pour voir passer tous les types du monde, la surprise n’en demeure pas moins grande.... Toutes les races de l’Asie et de l’Europe s’y coudoient, toutes les langues s’y confondent, tous les costumes s’y produisent, depuis le haillon du mendiant qui hurle le nom d’Allah, jusqu’aux splendeurs asiatiques de quelque chef... Henri Adolph Opper de Blowitz
Rien n’est plus délicieux que de rentrer à Constantinople par le dernier bateau. On approche du pont de Galata à l’heure du couchant. L’eau se moire de reflets sombres, sous les derniers rayons du soleil qui meurt. Et quelles jolies dentelures découpent sur l’horizon la longue échine de Stamboul. Gaston Deschamps
Photographes Abdullah frères (circa 1870)