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L’EXPAT’ DU MOIS – Eléonore Fourniau, la musique dans la peau

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 2 octobre 2016, mis à jour le 2 octobre 2016

Tout plaquer, sauter dans un avion, et commencer une nouvelle vie ailleurs? Éléonore Fourniau a réalisé le fantasme de beaucoup de rêveurs en atterrissant à Istanbul, il y a maintenant six ans. Rencontre avec une passionnée de musique et d'Histoire, directrice musicale du film Kalandar So?u?u (?Le froid de Kalandar?, en français) du réalisateur Mustafa Kara, choisi pour représenter la Turquie à la prochaine cérémonie des Oscars

Elle secoue en arrière sa cascade de cheveux et commande une limonade dans un turc parfait. Éléonore Fourniau (photo personnelle) est venue s'installer à Istanbul il y a un peu plus de cinq ans pour vivre de sa passion : la musique.

À 23 ans, après de brillantes études à l'École normale supérieure de Lyon, Éléonore a renoncé à poursuivre la voie d'enseignante d'Histoire qui lui était tracée et a sauté dans le premier avion pour Istanbul sans projet précis en tête, à part celui d'apprendre la musique turque. ?Mes parents ont vécu en Turquie, et ils sont rentrés en France quand j'avais deux ans et demi, précise-t-elle. Ça ne les a pas trop étonnés que j'y retourne.?

Pourtant, de ses dires, la Turquie n'était pas son premier choix. ?J'avais envie de partir quelque part, mais je ne savais pas trop où... Je pensais à l'Europe de l'Est, j'ai envisagé la Moldavie, se rappelle-t-elle. Je feuilletais des magazines quand je suis tombée sur un reportage de Géo sur Istanbul qui m'a décidée à y aller. J'avais pour projet d'y rester un an, et me voilà aujourd'hui, après six à me dire « encore une année »?.

Expatriation et assimilation

?J'avais envie de jouer du saz, et de chanter en turc?. Les deux objectifs immédiats étaient donc d'apprendre la musique traditionnelle d'Anatolie et d'apprendre le turc. La jeune Bordelaise assimile la langue en quelques mois. ?Le Turc est ma cinquième langue !? compte-t-elle à voix haute. Après le français, le turc et le russe qu'elle parle couramment, l'italien et l'anglais qu'elle a appris à l'école, Éléonore s'attaque désormais au kurde. ?J'aime bien apprendre une nouvelle langue? conclut-elle simplement.

L'attrait pour l'Asie centrale est une affaire familiale. ?J'ai passé quelques années de collège en Ouzbékistan, on vivait en expatriés. Pourtant ça a été une expérience très différente de celle que je vis actuellement.?

?Les expatriés...c'est un monde à part. Ce sont la plupart du temps des familles, envoyées de France, et qui vivent souvent en communauté? avance-t-elle. Même si la jeune femme précise qu'elle n'a rien contre ce mode de vie, pour l'avoir elle-même expérimenté, elle ne se retrouve pas dans cette définition ici. ?Cette différence dans ma conception de l'expatriation est sans doute artificielle, ou alors elle est due au fait que je suis venue seule, sans famille ni poste...mais au fond c'est vrai, je suis expat aussi !? s'amuse-t-elle à reconnaître.

Elle jouait du piano partout

En arrivant, Éléonore n'a pas eu de mal à trouver des cours particuliers de piano à donner. ?Un des grands avantages du mode de vie turc : il y a très peu de paperasse et on peut donc facilement trouver un travail, n'importe quel service est à portée de main, ou encore on peut déménager quand on veut... Je déménage demain dans mon huitième appartement en six ans !?

Les cours lui permettent de gagner sa vie à Istanbul et de pratiquer librement sa passion. Le piano, elle n'en joue pas sur scène. Elle pratique la vielle à roue, un instrument médiéval d'Europe, quasiment inconnu ici, sa touche personnelle. ?Cet instrument m'a permis de jouer avec les grands noms de la musique traditionnelle anatolienne et kurde, comme Erdal Erzincan, qui était aussi mon professeur de saz, remarque-t-elle. Si j'avais joué du violon, je n'aurais été qu'une élève, mais comme cet instrument est extérieur à la culture turque, il intéresse les musiciens locaux.?

La jeune musicienne étend son talent avec des cours particuliers et au conservatoire de saz et de chant, qu'elle met en pratique au sein de différents groupes de musique.

La musique comme passe-frontières

Avec son compagnon, kurde, Éléonore a développé des stages de musiques de Turquie ? ?au pluriel, c'est important !? ? à Istanbul comme en France. Entre dix et quinze amateurs pratiquent cinq heures de musique par jour pendant six jours dans une ambiance conviviale. ?En France nous avons adapté la formule sur un mode de tournée. Il s'agissait de mini-stages d'un ou deux jours à Rennes, Lyon, Strasbourg, Bordeaux et Paris, où on a fait découvrir la musique anatolienne à quelque 120 élèves en deux semaines !? se réjouit-elle. Le prochain projet en date serait d'organiser un stage dans le cadre vacancier des bords de la Mer Égée, mais la situation politique actuelle rend toute planification de ce genre ?très très précaire?.

Aline Joubert (www.lepetitjournal.com/Istanbul) jeudi 3 mars 2016 (REDIFFUSION)

Lire aussi: 

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Les groupes d'Eléonore : Laf duo Esman Oksit

Pour la contacter : eleonoreuh@yahoo.fr

 

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Publié le 2 octobre 2016, mis à jour le 2 octobre 2016

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