La police turque a arrêté cinq suspects en lien avec l'attentat suicide qui a tué 10 touristes allemands – selon les dernières déclarations de Berlin – dans le cœur historique d'Istanbul mardi. “Nous avons procédé aujourd'hui à quatre nouvelles gardes à vue”, a déclaré mercredi soir le premier ministre turc, Ahmet Davutoğlu. Le ministre de l'Intérieur, Efkan Ala, avait annoncé quelques heures plus tôt l'arrestation d'un premier suspect mardi soir. Six des 15 touristes blessés dans l'attentat étaient encore hospitalisés mercredi, dont deux Allemands dans un état grave.
Le chef du gouvernement n'a pas donné de précisions sur le rôle présumé des suspects interpellés, ni davantage d'informations sur l'identité du kamikaze. Dans les heures suivant l'attaque, les responsables turcs avaient tour à tour désigné “un kamikaze originaire de Syrie”, “un Syrien né en 1988” et “un étranger membre de Daech”. Ahmet Davutoğlu a revanche confirmé une information de la presse turque, selon laquelle le terroriste avait été identifié grâce à ses empreintes digitales.
Selon l'agence de presse Doǧan, qui cite des sources policières, ce dernier s'était présenté le 5 janvier dans une branche stambouliote de l'Office des migrations, pour y être enregistré. Le premier ministre n'a pas confirmé tous les détails donnés par l'agence, mais il a indiqué que le kamikaze était effectivement entré en Turquie “comme un réfugié” et qu'il était “lié à Daech”. “Mais Daech est un pion, un sous-traitant”, a ajouté Ahmet Davutoglu, avant de préciser : “Nous nous efforçons de faire la lumière sur les acteurs qui utilisent cette organisation terroriste (…) pour nuire à la Turquie”, sans plus de précisions. Le ministre de l'Intérieur, Efkan Ala, a indiqué de son côté que le kamikaze d'Istanbul “ne figurait ni parmi les individus recherchés par la Turquie, ni parmi les individus signalés par d'autres pays”.
Le ministre de l'Intérieur allemand, Thomas de Maizière, s'est rendu mercredi à Istanbul. Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue turc, il a soutenu qu'à l'heure actuelle, “rien n'indiquait que les attaques visaient spécifiquement des Allemands”, selon les propos rapportés par le site d'information Zaman. Frank-Walter Steinmeier, le ministre des Affaires étrangères allemand, a quant à lui affirmé que son pays ne se laisserait pas intimider par le meurtre et la violence, rapporte RFI. Les autorités allemandes n'ont pas appelé leurs ressortissants à annuler leurs voyages en Turquie.
Selon le journal Hürriyet, les services de renseignement turcs (MIT) auraient envoyé les 17 décembre 2015 et 4 janvier 2016 une note aux services de police les mettant en garde contre “des attaques suicides contre les non-musulmans vivant en Turquie, les étrangers, les zones touristiques, les ambassades et les consulats ainsi que les bases de l'OTAN”.
Les autorités ont rouvert l'accès à la place de Sultanahmet mardi soir dès 22h. Mercredi matin, quelques touristes s'y sont rendus, d'après le journal Radikal, et des dizaines d'œillets rouges été déposés sur la place.
Istanbul (www.lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 14 janvier 2016