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LA CARICATURE DE LA SEMAINE - "Assez !" : les Turques manifestent pour leur liberté vestimentaire

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Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 31 juillet 2017, mis à jour le 8 février 2018

"Ne te mêle pas de mon foulard, short, vêtement", ont scandé des centaines de femmes, samedi dernier, venues manifester pour leur droit de s’habiller librement un mois après la nouvelle agression d’une étudiante, prise à partie sous prétexte qu’elle portait un short pendant le ramadan.

En short, en robe ou en jean ; les cheveux au vent ou voilés… Des centaines de femmes ont manifesté, samedi à Istanbul, pour défendre leur droit de s’habiller librement. "Nous n’obéirons pas, nous ne nous laisserons pas réduire au silence, nous n’aurons pas peur. Nous gagnerons par la résistance", ont scandé les participantes. Elles ont déploré la hausse des violences verbales et physiques visant des femmes en raison de leurs choix vestimentaires.

Un mécontentement aussi exprimé par la dessinatrice Ramize Erer, rédactrice en chef du magazine satirique féminin Bayan Yanı et lauréate du Prix couilles au cul 2017 pour son courage artistique. "Assez, assez !", s’écrie la femme représentée en train de régurgiter des hommes et leurs paroles :

"Si un père est attiré par sa propre fille, son mariage religieux n’est pas remis en question", déclare l’un d’entre eux. "Nous lui faisons porter une jupe" ; "Qu’est ce qu’elle faisait là à cette heure ?" ; "L'image de l’avenue Bagdad (Bağdat Caddesi en turc) n’est plus ce qu’elle était…" disent les autres.

C’est typiquement pour protester contre ce genre de phrases que les participantes ont joint la manifestation baptisée "Ne m’ennuie pas avec ma tenue", samedi, qui a débuté dans le quartier de Kadiköy, sur la rive asiatique. "Ne te mêle pas de mon foulard, short, vêtement", pouvait-on lire sur certaines pancartes, tandis que de nombreuses femmes exhibaient des shorts en jean accrochés sur des cintres. 

Le short, symbole de la résistance féminine

Cette manifestation de samedi a eu lieu au lendemain de l'interpellation d’une jeune femme par un policier,dans le parc Maçka, parce qu'elle portait un short, comme le rapporte le journal Sözcü. Depuis, l’agent de sécurité, qui affirmait qu’elle n’avait pas le droit de s’y promener ainsi, a été limogé. La scène a été capturée par un téléphone portable.

Depuis quelques mois, d’autres incidents filmés ont permis de rendre publics des cas d’agressions de femmes, prises à partie par des hommes à cause de leurs vêtements. Il y a un mois, une vidéo enregistrée par la caméra de surveillance d’un bus d’Istanbul a notamment fait polémique. On y voit une étudiante de 21 ans recevoir coups et insultes dans un bus d’Istanbul, sous prétexte qu’elle porte un short pendant la période du ramadan. 

En septembre 2016 déjà, une agression semblable a indigné une partie des internautes. Ayşegül Terzi a été agressée alors qu’elle portait un short à bord d’un bus stambouliote. Son agresseur a jugé sa tenue "pas convenable" et "contraire à ses traditions". Dans ce procès, toujours en cours, l'agresseur risque jusqu'à neuf ans d'emprisonnement. Mais sa première remise en liberté rapide, quelques jours après l’agression seulement, avait déclenché la colère de nombreuses femmes. Un mouvement de soutien à la victime avait alors envahi Twitter : les femmes publiaient en masse des photos d’elles vêtues d’un short et accompagnées du hashtag "Şortuma Dokunma" ("touche pas à mon short").

Le groupe féministe Kadın Cinayetlerini Durduracağız ("Stop aux féminicides"), en première ligne samedi encore, avait alors organisé de nombreux rassemblements. La plateforme se bat quotidiennement pour dénoncer les violences faites aux femmes et les meurtres de femmes. Selon l’organisation, en 2016, 328 ont été tuées. Et au cours des cinq premiers mois de 2017, elles étaient déjà 173, contre 137 sur la même période un an plus tôt, affirme un rapport publié en mai.

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) mardi 1er août 2017

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Publié le 31 juillet 2017, mis à jour le 8 février 2018

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