Selon les autorités turques, en août dernier, l'inflation a atteint 58,9% sur un an, alors qu'un groupe d'économistes indépendants (ENAG: groupe de recherche sur l'inflation) estime quant à lui qu'elle a atteint un niveau largement supérieur à 100%.


Une inflation persistante
Force est de constater que, si après les pics de 2022, l'inflation avait paru reculer au premier semestre 2023, celle-ci est donc repartie de plus belle.
Pendant longtemps le président Erdoğan et son gouvernement se sont opposés à la mise en œuvre de taux d'intérêts élevés de façon à ne pas compromettre la croissance économique.
Toutefois, la persistance de l'inflation à de tels niveaux a pour conséquence de profondes tensions économiques et sociales.
La hausse des prix perturbe considérablement la vie quotidienne des citoyens et peut compromettre les circuits économiques et monétaires avec notamment un déficit des comptes courants, et des réserves de change qui se réduisent.
Le retour à une politique monétariste orthodoxe
Même si le président Erdoğan ne veut pas compromettre une croissance économique qui est pour lui le gage d'un bon développement de la Turquie, cette situation le conduit à revenir aux canons d'une politique monétaire orthodoxe.
Aussi, la Banque centrale turque a décidé depuis juin dernier de relever son principal taux directeur de 8,5% à 25% dans l'objectif de freiner fortement l'inflation. Le président Erdoğan a ainsi déclaré: "avec le soutien d'une politique monétaire rigoureuse, nous ramènerons l'inflation à 1 chiffre et nous améliorerons la balance des comptes courants".
Un retour à la normale pas avant 2025
La détermination semble entière, mais les perspectives de ce retour à la normale ne s'en éloignent pas moins.
En effet, le gouvernement turc table sur une inflation annuelle à 65% d'ici la fin de l'année, une régression à 33% en 2024 et une inflation à 1 chiffre en 2025.
L'effort se situe donc dans la durée et au quotidien les consommateurs vont encore être affectés par la cherté de la vie...
